La vie à Troyes



Ecole de Filles Régentes ou Soeurs Noires


En 1971 s’est tenu à Marseille un colloque sur « Le XVII° siècle et l’éducation ».

 

         La personnalité des auteurs et les sujets traités, sans oublier l’illustration, sont une contribution de tout premier ordre à l’histoire de l’enseignement et de la culture en France au XVII° siècle.

 

         Une des communications concerne la ville de Troyes : « Les petites écoles » de Pierre Noble, par Bernard Chédozeau de Montpellier.

 

         On sait que Nicole fonda à Troyes une école pour les filles.

 

         « La question de l’éducation des filles et, en particulier, celle des petites filles pauvres, a été posée pour la première fois au XVII° siècle ».

 

         Les jansénistes prêtèrent à cette question une attention toute particulière.

 

         Quant aux filles riches, elles recevaient éducation et instruction dans des pensionnats de couvents.

 

         A la fin du siècle se faisait sentir le besoin d’une institution qui se destinerait à l’instruction et à l’éducation des filles, notamment des filles pauvres.

 

         Nicole, l’ancien maître des petites écoles de Port-Royal, qu’il avait créées pour les garçons, s’employa, corps et biens, à créer des écoles pour les filles.

 

         Il établit ainsi des « petites écoles » à Troyes. Il y engagea des sommes considérables.

 

         Bernard Chédozeau consacre à la fondation troyenne la plus grande partie de sa communication. Des fondations de Nicole, ce fut celle qui connut le plus grand succès. Le fondateur s’y attacha beaucoup. C’est aussi la mieux connue de toutes.

 

         Mathieu Feydeau avait institué des Régentes, sans vœux ni clôture et soumises à l’ordinaire du lieu.

 

Nicole fonda à Troyes dès 1676, une école pour les filles pauvres, avec l’aide de Mademoiselle Aubry, personnage singulier qui trouvait dans cette activité un remède à ses tendances quiétistes (doctrine mystique répandue en France à la fin du XVII° siècle, suivant laquelle la perfection chrétienne réside dans la quiétude, c'est-à-dire l'« amour pur » et la contemplation de Dieu, en l'absence de toute activité propre de l'âme). Mademoiselle Aubry joignit à beaucoup de piété, un grand talent pour ces fortes œuvres, et se chargea du gouvernementde la maison. Nicole la fit supérieure principale et cette vertueuse demoiselle y consacra son temps et son bien.

 

Mademoiselle Aubry s’adjoignit cinq régentes. Elles furent nommées sœurs Noires, de la couleur de leur coiffure et de leur habillement.

 

Monsieur Chédozeau cite le nom de trois sœurs : d’Orillat, Jeanne le Febvre et Anne Lemoine.

 

Elles résidaient dans une maison au 16 de la rue du Paon (entre la rue Hennequin et la rue de la Cité), et pour laquelle le fondateur avait laissé 6.000 livres.

 

Nicole assura aussi la subsistance des régentes. D’une manière générale les ressources de ces établissements privés venaient de fonds privés. Plusieurs personnes contribuèrent à l’entretien de la communauté, il y eut « de quoi vivre honnêtement, sans réduction qu’occasionnèrent les billets de banque ». Le produit du travail servait à nourrir et à entretenir les plus pauvres, dont le nombre y a toujours été considérable, et l’on faisait en sorte d’en mettre de temps en temps quelqu’une à métier ». Lorsque l’on avait pourvu à leurs différents besoins temporels, on « répandait dans le sein des pauvres honteux, ce qui se trouvait rester d’argent, d’habits… ».

 

Les élèves n’habitaient pas à l’école. Elles venaient le matin, en été pour 6 heures, pour 7 en hiver, et repartaient le soir.

 

Réparties en 2 classes, selon leur âge, elles recevaient une formation de ménagères et de mères de famille autant que de chrétiennes.

 

Cette communauté fut gouvernée, depuis Mlle Aubry, par la sœur Françoise Phélizot qui, née protestante en 1672, avait fait abjuration avec sa famille en 1699. En 1733, elle se trouve chargée du gouvernement de la maison. Mais les affaires de la  bulle « Unigenitus » lui occasionnèrent des disgrâces, et finalement, la destruction de la communauté.

 

L’instruction y fut interdite en 1742, et  le 22 avril 1749, les sœurs se dispersèrent. La sœur Phélizot seule, demeura inébranlable. Elle mourut le 30 janvier 1750, et fut inhumée au cimetière de la Madeleine. Les autres sœurs se retirèrent dans quelques maisons de Troyes.

 

Les Régentes avaient acquis un grand prestige dans le milieu janséniste troyen.

 


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