Les Troyens, même les anciens élèves de l’ancien Lycée de Garçons (Espace Argence), sont sûrement embarrassés si on leur demande la signification des 2 inscriptions qui encadrent l’entrée du bâtiment central.
Si l’une n’appelle aucun commentaire (Edifié par la ville de Troyes en 1859-1860 et 1961), l’autre risque au contraire de déconcerter par son aspect pédant le profane non initié aux mystères de l’étymologie : « COLLEGIUM TRECOPITHEANUM – Anno Domini MDCXXI ». Et pourtant, entre ces 2 dates tient toute l’histoire de l’enseignement secondaire à Troyes et plus particulièrement celle du lycée de garçons qui a pris la suite de l’ancien collège fondé par Pithou au XVII° siècle.
François Pithou mort en 1621, le transfert de l’ancien collège dans sa maison s’effectue en vertu d’une décision du 21 janvier 1627 et le nouvel établissement prend le nom de « Collegium Tricassinum Pitheanum », c’est-à-dire : collège de Troyes fondé par Pithou. Il occupe alors l’emplacement de l’actuel marché couvert et se trouve limité au nord par la rue du Bois (rue Général de Gaulle), à l’est par la place Saint-Remi, à l’ouest par la rue Maupanier (disparue), et au sud par la rue des Bûchettes (Claude Huez).
En 1630, les Frères de l’Oratoire en prennent la direction jusqu’en 1792. L’effectif augmente rapidement : 1634 :293 élèves, 1638 : 350, 1649 : 418. De même, le personnel, composé à l’origine de 6 régents et d’un supérieur se renforce rapidement et se compose d’un principal, 1 préfet des études, 2 professeurs de théologie, 1 de physique, 1 de rhétorique, 1 d’humanités, 1 pour chacune des classes, de la 3° à la 6°, sans compter 2 préfets des pensionnaires. Mais la Révolution sonne le glas de ce collège florissant, et, bien que les Oratoriens aient prêté le serment de la constitution civile du clergé, l’Assemblée nationale met un terme à leur activité en faisant fermer en 1792, toutes les maisons d’éducation.
Après la réorganisation de l’enseignement due à l’œuvre de la Convention, nous trouvons une Ecole Centrale installée dans les bâtiments de l’ancien collège, et, à la fin du Consulat, la municipalité de Troyes envoie au Préfet de l’Aube copie de sa délibération du 24 Frimaire An XI, dans laquelle elle réclame l’établissement d’un lycée. Malheureusement, ne remplissant pas les conditions fixées (le local doit pouvoir contenir 3 à 400 pensionnaires et la ville doit offrir d’avance de faire tous les frais de premier établissement), elle voit sa requête repoussée. L’ancien collège subsiste donc, après un simple changement de nom, en date du 12 Germinal An XII : « la commune de Troyes est autorisée à établir une Ecole secondaire dans les bâtiments de son ancien collège et de ses dépendances, qui lui sont concédées à cet effet, à dater du jour où l’Ecole Centrale qui les occupe actuellement cessera ses fonctions…».
Sous la Restauration, le collège est baptisé « Collège communal de Troyes », jusqu’au Second Empire, où l’on adjoint au collège, en 1850, une école primaire.
En 1853, un décret ministériel transforme le collège en lycée et prend le titre de Lycée Impérial.
A ce moment, l’état matériel des locaux, fort éprouvés par des siècles d’occupation, l’augmentation subite de la population scolaire passée de 331 élèves en 1854, à 417 en 1856, posent des problèmes d’extension apparemment insolubles.
En 1855, moins de 7 ans après sa mise en service, un incendie détruit la première gare construite à Troyes. Le choix pour la ville de la construction d’un lycée se limite entre 2 terrains, l’un situé aux Jacobins et couvrant une surface de 9.000 m², l’autre sur l’emplacement de l’ancien embarcadère (disponible depuis la création de la ligne Paris-Chaumont) qui a l’avantage, avec ses 20.000 m² de permettre une plus vaste implantation. Le 1er juillet 1858, la compagnie cède le terrain à la ville de Troyes pour 200.000 F. La ville recourt à un emprunt de 661.500 F pour subvenir aux frais de construction. En 1860, un poste d’aumônier adjoint est créé.
En 1861, la ville de Troyes peut s’enorgueillir de ce « sanctuaire monumental dédié aux sciences et aux lettres », dont l’importance vient d’être confirmée par la nomination d’un censeur chargé particulièrement de l’organisation des études et de la discipline. De l’ancienne gare de la Compagnie de Troyes à Montereau, il reste la grille et les 2 pavillons qui l’encadrent. Le 21 février1868, une mutinerie éclate au Lycée. Elle ne dure pas plus de 5 minutes. C'est un répétiteur qui en fait les frais. Le proviseur Housset promet au répétiteur maladroit de le soutenir, puis, débordé par les parents d'élèves, provoque la mutation de l'intéressé. Le 20 janvier 1870, le Lycée est affecté par une nouvelle mutinerie : "8 heures venaient de sonner à l'horloge du Lycée Pithou et le tambour appelait les internes au souper...".
En 1870, la guerre franco-allemande éclate le 19 juillet, et les établissements scolaires se vident prématurément. Le Lycée est prêt pour recevoir des blessés éventuels.
Jusqu’en 1910, l’effectif du lycée se maintient au-dessus de 400 élèves, avec une pointe à 522 en 1895.
De septembre 1939 à juin 1940, le lycée est transformé en hôpital militaire français. Les élèves prennent d’abord le chemin du lycée de jeunes filles en 1940, puis celle de la rue du Cloître-Saint-Etienne où, pendant 4 ans, professeurs et élèves (dont moi) « campent » dans des conditions particulièrement pénibles.
En octobre 1944, le lycée rouvre ses portes et se réinstalle dans ses locaux bien éprouvés, puis connaît une période de grande prospérité. Son effectif, qui dépasse 1.000 élèves, le range parmi les plus importants de France.
En 1945, fusion des 3 Cours Complémentaires troyens (Hennequin, Jules Ferry et Ch. Baltet) et transfert du C.C. ainsi formé dans les locaux du Lycée. En 1947, annexion du Cours Complémentaire de Troyes au Lycée qui l’héberge. En octobre 1956, le Conseil municipal décide l’extension des bâtiments, 2 tranches de travaux sont prévues.
Le lycée de garçons est dénommé Edouard Herriot le 24 mai 1957, l’année de sa mort.
En 1959, il y a 1.415 élèves.
De 1958 à 1960, une annexe est construite à l’angle de la rue de la Paix et des Filles-Dieu pour accueillir 8 classes de 40 élèves.
En mai 1961, le général René de Larminat, ancien élève du Lycée, fait l'objet d'un écho élogieux dans "Le cabard Enchaîné", hebdomadaire anti-militariste. En
juin, le philosophe catholique Jean Guitton, professeur au Lycée en 1924-2925, est élu à l'Académie Française.
Le nouveau gymnase du lycée, situé près de la rue des Filles-Dieu est inauguré par Henri Terré (et moi-même, étant maire-adjoint à la Jeunesse et aux Sports), le 13 septembre 1967.
Le 15 septembre 1972, le nouveau lycée construit aux Chartreux induit la transformation du lycée en « Collège mixte d’enseignement secondaire Pierre et François Pithou ».
Ce collège est transféré dans des locaux neuf construit sur une partie du quartier Songis, rue de la Paix. Sa première rentrée a lieu le 12 septembre 1979.
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