Nous ne l’avons pas rencontrée dans les anciens titres, avant 1349.
La Porte de la Tannerie était située au sud de la ville, à l’extrémité de la rue de la Grande Tannerie, à laquelle elle devait son nom.
Il n’est fait aucune mention de cette porte dans les anciens titres avant le XIV° siècle. Elle parait n’avoir été qu’une « poterne ». Une poterne était une petite porte qui était intégrée aux murailles d'une fortification, de façon discrète et qui permettait aux habitants de sortir ou rentrer à l’insu de l’assiégeant. Placée dans le bas des courtines, au niveau des fossés, elle était généralement sous la protection des meurtrières d'une tour proche ou d'une bretèche (petite construction en surplomb au-dessus d'une porte constituée d'une ouverture permettant de lancer des projectiles à la verticale de l'ennemi).
Elle avait une grosse tour percée de canonnières (avec les arches du Ru Cordé et la Tour Saint Dominique), un pont-levis et une herse, un corps de garde. Elle possédait 13 clefs.
Ouverte dans le rempart, cette entrée donnait accès chez les tanneurs pour introduire dans leurs ateliers les matières premières. Des raisons d’utilité publique et des faveurs particulières de la part des comtes de Champagne avaient fait assigner aux tanneurs le côté sud de la ville, arrosé par les traversins de la Seine pour les besoins de leur industrie, et pour ceux des teinturiers établis en amont sur les mêmes traversins, dans un quartier uniquement occupé par ces derniers. Les produits des tanneries formèrent longtemps une des branches importantes du commerce Troyen.
Au commencement du XVI° siècle, la porte de la Tannerie était fort basse et dominée par le rempart.
Eloignée des grandes voies, la porte de la Tannerie eut une existence très monotone. Elle n’eut rien de solennel à enregistrer dans ses annales. Elle ne vit passer sous ses arches que des cuirs verts, du tan et d’autres matières propres à l’industrie des tanneurs, des chamoiseurs et des mégissiers, habitants exclusifs de cette partie de la cité.
Dès 1552, les tanneurs étaient tenus de garder leur porte, dont ils répondaient à l’autorité municipale.
En 1668, on construisit la chaussée qui longe le cours d’eau depuis la porte de la Tannerie jusqu’au pont de Jully. On prit les jardins qui y aboutissaient, et l’on rendit le chemin praticable.
En 1723, la porte de la Tannerie tombait de vétusté. Un accident éveilla l’attention de l’autorité : des pierres calcinées se détachèrent de la voûte et faillirent écraser des voituriers qui passaient dessous. M. Toussaint Gouault, remplissant alors les fonctions de maire la fit démolir et reconstruire, avec économie et solidité. Une simple voûte à plein cintre de 3 toises environ sous clef couvrit le porche, avec un avant-corps sur le mur du rempart. Le dessus fut pavé et bordé de parapets. On y montait à gauche, intérieurement par une rampe douce. Ces pierres, ainsi que celles du Filoir des Cordiers, sont conservées au Musée de Troyes.
En 1754, on répara le pont de la porte de la Tannerie, dont on raccorda le sol avec la nouvelle chaussée établie le long du cours d’eau du déversoir de Croncels.
En 1787, le pont de la porte de la Tannerie fut reconstruit entièrement des pierres provenant de la démolition des restes de la porte aux Cailles. La porte de la Tannerie demeura alors sans nécessiter de réparations.
La suppression des remparts vint en 1838 « troubler la quiétude profonde de la Porte de la Tannerie ». Le rempart fut abattu pour occuper les ouvriers sans ouvrage, mais la porte eut un sursis.
Peu de temps après, la porte fut attaquée par le marteau et la pioche, « bientôt il n’en resta plus vestige ».
Elle est démolie définitivement en 1845.
Une barrière de bois ferma la ville pour la nuit vers le bureau d’octroi qui ne tarda pas à avoir le sort de la porte.
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