Le Centre Familial Ménager a ouvert ses cours le 15 octobre 1928, sur l’initiative et aux frais de la Chambre Syndicale de la Bonneterie qui prend en charge les frais généraux du Centre, le salaire des élèves étant payé par l’Usine à laquelle elles appartiennent.
Lorsque les délégués patronaux eurent l’intention de créer ce Centre Familial, les jeunes disaient : « Qu’est-ce que c’est que cette invention saugrenue ?... », «… encore un truc qu’ont inventé les patrons pour nous raser… », «… c’est trop beau pour être honnête, si les patrons font çà, c’est qu’ils y ont leur intérêt. Quelle est la manœuvre que cela cache ? »…
Le Centre Familial Ménager a fonctionné depuis cette époque, dans les locaux mis à sa disposition par la Caisse Patronale pour Allocations Familiales de la Région Troyenne, aux dirigeants de laquelle la Chambre Syndicale avait délégué son organisation et la surveillance de sa marche.
Cette organisation a été réalisée en liaison avec l’Office Central Ménager de Paris. Grâce à l’excellence de ses méthodes et au mérite exceptionnel des professeurs qu’il a mis à la disposition de la Caisse d’Allocations, grâce à une bonne volonté de tous, élèves, professeurs et patrons, le Centre de Troyes a pu s’installer dans un local provisoire et y fonctionner à l’entière satisfaction des ouvrières qui l’ont fréquenté et des industriels qui l’ont fondé.
La première directrice, mademoiselle de Lamaze a pensé qu’il convenait de fêter cet heureux résultat par une grande réunion familiale qui rassemblerait autour de la même table les élèves qui auraient suivi les cours du Centre et les patrons qui les y avaient envoyées.
Le 30 juin 1929, sous la présidence de mademoiselle de Velna, déléguée de l’Office Familial national de la rue Monsieur, de MM. Henri de la Perrière et René Poron, délégués patronaux et M. Gagnot, Directeur de la Caisse d’Allocations, un banquet a réuni les 89 élèves : 35 de la série en cours, 31 de la seconde série et 23 de la première série. Le repas était intégralement l’œuvre des élèves du Centre.
Les anciennes élèves ont conservé l’excellente habitude de fréquenter le Centre, non seulement à l’occasion des réunions spéciales qui leur sont réservées, mais toutes les fois qu’elles ont une difficulté quelconque sur l’application des matières qui leur ont été enseignées ou qu’elles ont besoin d’un conseil. Une bibliothèque a été constituée à leur intention, de manière à permettre, à partir de la prochaine rentrée, un service de prêt de livres.
En même temps que le banquet, mademoiselle de Lamaze avait organisé une exposition très réussie des travaux exécutés par les élèves de la troisième série durant leurs 2 premières semaines de présence au Centre, en attendant l’exposition générale qui, le dimanche 28 juillet, clôtura les cours de l’année 1928-1929.
Au début, les jeunes filles sont d’abord venues au Centre Familial, un peu hésitantes, rassurées ensuite, peu à peu conquises par l’évidente simplicité et l’attentive bonté des professeurs, voyant mieux, à mesure que le temps coulait, que leurs patrons n’étaient pas les hommes intéressés et hautains qu’on leur avait dit. Ces patrons, lorsqu’on leur a parlé de ce qui se faisait ailleurs, sont allés voir et écouter la parole convaincante de l’animatrice du mouvement familial ménager et réaliser ce qu’elle leur conseillait de faire. « Elle s’était adressée à leur cœur, à leur souci des responsabilités que Dieu leur a imposées en favorisant leur industrie, elle leur avait montré qu’être chef, ce n’est pas seulement jouir des privilèges du commandement, c’est savoir à chaque instant ce qui est nécessaire pour chacun de ceux qui dépendent d’eux et que nul n’est digne de commander s’il ne se préoccupe pas constamment de ceux à qui il commande ».
En effet, à Troyes, où domine l’industrie textile, que s’est-il passé depuis 2 siècles ? Autrefois, la femme demeurait chez elle, à s’occuper du ménage et des enfants, elle n’allait pas à l’usine. En 1928, bien rares sont celles qui vivent de cette manière, l’usine est là, portes ouvertes et toutes y entrent. L’industrie a créé du bien être, a facilité bien des choses, mais a arraché la femme de son foyer. Autrefois, la mère apprenait à sa fille, par la pratique, tout ce qu’une femme doit savoir. Ce que ces filles n’apprennent plus chez elles, il faut le leur apprendre en dehors, et de là est née l’idée des Centres Ménagers.
Nul but politique, nul prosélytisme religieux, se cachent derrière cette œuvre.
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