Création du Corps de ville

La vie à Troyes



5) XVI° - XVII° siècles


 

Le Corps de Ville de Troyes avait été organisé à la fin du XV° siècle, son mode de recrutement avait été déterminé d’une façon durable dans la première moitié du XVI° siècle.

 

         Le Corps de Ville était « la représentation de la cité, sa personnalité civile et politique ».

 

Jusqu’au XVII° siècle, les assemblées générales étaient assez fréquentes, où 3 corps seulement étaient représentés : l’Eglise, le Bailliage et l’Echevinage.

 

         Le maire ne devait pas accomplir seul sa mission : il était obligé d’y associer sans cesse les échevins. C’est à eux seuls qu’incombait la conduite des procès de la ville, ils avaient le maniement des deniers communs, et étaient personnellement responsables des dettes de la ville.

 

Ils étaient de véritables magistrats qui prononçaient des arrêts comme les tribunaux du roi.

 

Comme les juges royaux, ils revêtaient une robe pourpre et bleue dans les audiences qu’ils tenaient et le costume d’apparat dans les cérémonies publiques.

 

Ils étaient souvent anoblis par le roi.

 

Les 24 conseillers de ville constituaient, avec le maire et les échevins, l’organe délibérant de l’administration échevinale. Leur rôle était d’assister les maire et échevins, ils n’avaient « aucune direction des affaires de la ville, maniement ou disposition des deniers communs », c’étaient des « conseillers auprès de l’Echevinage de Troyes, ne donnant que leur avis ».

 

Depuis 1538, maire et échevins étaient élus pour 2 ans par des délégués nommés par chacun des états et métiers. Le nombre des délégués variait chaque année selon l’importance ou la puissance de chacune d’elles. Le nombre des membres de l’assemblée était variable, entre 120 et 150.

 

Les élections donnaient lieu à des rivalités, à des jalousies, à ce qu’on appelait des « brigues, monopoles et confusions ». Pour éviter cela, le Corps de ville décida le 15 juillet 1560 que les élections du maire, des échevins et des conseillers de ville se feraient par « billets ».

 

L’Echevinage était dominé par la bourgeoisie riche, mais 3 fractions parmi elles briguaient la suprématie : les gens de justice, les « notables bourgeois » et les « notables marchands ».

 

Il fut décidé que personne ne serait admis aux charges de maire, échevins ou conseillers de ville, s’il n’était né à Troyes.

 

On exigea que les membres du Corps de Ville fussent des « personnages notables ». Les artisans ou gens de basse condition ne pouvaient faire partie de l’Echevinage.

 

Il fut interdit d’élire le même jour le père et le fils, 2 frères, l’oncle et le neveu, à peine d’être privé de leur droit d’élection. Sur ce point, l’interdiction semble n’avoir eu aucun effet : « certaines familles puissantes se trouvaient entièrement maîtresses du pavé municipal où tout leur était permis ».

 

         L’un des plus importants officiers du Corps de Ville était le procureur-syndic, chargé de soutenir les intérêts des habitants, il était le « véritable et le seul représentant de la population », il était associé à toutes les affaires municipales.

 

Parmi les autres officiers municipaux, il y a le receveur, chargé de percevoir les deniers communs, le contrôleur, le voyer, le maître des œuvres et édifices, le trompette, qui annonçait les publications officielles et qui, vêtu dans les cérémonies d’une robe violette et bleue galonnée d’or, marchait devant les membres du Corps de Ville dans les processions, les sergents de ville, exécuteurs des ordres de l’autorité échevinale en matière de police.

 

         Longtemps le clergé avait occupé une place de premier plan dans le Conseil de Ville. Au cours des périodes de troubles, les prêtres, en armes, participaient, comme les autres citoyens, à la défense de la cité.

 

C’était autour de l’évêque que les « notables » habitants se réunissaient le plus souvent pour délibérer des mesures nécessaires à la sûreté de la ville.

 

A partir de 1493, sur 8 échevins, 3 devaient appartenir au clergé. De plus, le roi avait autorisé l’évêque de Troyes à assister aux délibérations du Corps de Ville « toutes les fois qu’il y serait discuté des affaires touchant l’intérêt du roi ».

 

La situation changea au début du XVI° siècle. Le 28 juillet 1523, il fut délibéré de procéder à l’élection et nomination d’échevins laïcs en place des échevins du clergé.

 

Le clergé, participa temporairement à l’administration de la ville à la fin du XVI° siècle, pendant la période troublée des guerres de religion. Cependant, éloigné du Corps de Ville, le clergé critiquait sévèrement son administration. En 1609, il  accusait les officiers municipaux de dilapider les deniers publics, de faire des dépenses superflues, des voyages inutiles, des frais de procès trop considérables… Il réclamait en conséquence,  le droit pour lui d’examiner les comptes du Corps de Ville.

 

Louis XIII prescrivit en 1629, qu’il y aurait au « Conseil de Ville, 3 ecclésiastiques ».

 

Sous l’évêque François Mallier (voir ce chapitre) le clergé réclamait 2 places d’échevins et 8 sièges de conseiller de ville.

 

         Les marchands avaient une prépondérance très nette dans le Corps de Ville, ils étaient tout puissants, jusqu’en 1680.

 

         Les querelles de préséance entre le Bailliage et l’Echevinage de Troyes se multiplièrent à partir de 1551. Les différends portèrent principalement sur 2 points : l’ordre de marche dans les cérémonies publiques et les places respectives des officiers royaux et des maire et échevins dans la cathédrale.

 

         C’était le roi qui était amené à trancher les conflits nombreux qui éclataient entre le bailliage et l’Echevinage, entre celui-ci et le clergé, entre marchands et procureurs, par exemple.

 

         Il n’y eut pas à Troyes, au XVII° siècle, un effort continu et systématique de la Royauté pour acquérir le monopole de la nomination du maire. Il semble même qu’à cet égard Louis XIV ait été plus « libéral » qu’Henri IV. Cette situation dura jusqu’à 1692, date à partir de laquelle des considérations d’ordre différent sont venues modifier profondément la politique royale.     

 


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