La vie à Troyes



La formation de Troyes


Il a d’abord été avancé que cette ville doit son origine à quelques Phrygiens échappés du sac de Troie, qui la bâtirent, pour se rappeler leur ancienne patrie détruite par les Grecs. Thevet dit qu’elle fut bâtie 286 ans avant J.C., par le consul Claudius Marcellus et qu’il lui donna le nom de son fils Codrus Trojanus, après avoir remporté 2 victoires sur Viridomare, roi ou général Gaulois. Cet auteur ajoute que, 2 siècles après, Q. Pius Marcellus la fortifia vers l’orient, et que Claudius qui accompagna César dans la conquête des Gaules, en fit achever les fortifications. Mais cela est dénué de preuves. Quoi qu’il en soit, on ne peut nier que Troyes ne soit très ancienne. Dès avant J.C., elle était remarquable, surtout par son titre de capitale du pays des Tricasses. Ses peuples s’unirent aux Sénonois dans ces expéditions mémorables, qui donnèrent une si haute idée du nom Gaulois, et leur fournirent une partie de la Germanie, de l’Asie mineure, de l’Italie et de Rome même. Les Tricasses prirent part à toutes les conquêtes des Sénonois, qui, sous le règne d’Ambigat, roi des Bituriges et de toute la Gaule Celtique, passèrent, sous la conduite de Bellovese, en Italie où ils bâtirent Senogallia (ville commerçante du golfe de Venise). Les Tricasses jetèrent les fondements d’une bourgade dans le Milanais, sous le nom de Trecas, qui indique assez son origine. César, trouvant avantageuse l’assiette de leur ville, en fit commencer la clôture, l’agrandit et la fortifia environ 48 ans avant l’Ere Chrétienne. Troyes subit le joug des Romains comme le reste des Gaules, se soumit à la loi générale et demeura fidèle à ces maîtres de l’univers. Elle fut plusieurs fois visitée par ceux des empereurs qui voulurent parcourir l’étendue de leurs provinces. Auguste l’appela Augustobona Tricassium, et lui donna son nom comme la marque d’une distinction qu’il n’accordait qu’aux villes de premier ordre, et qu’il voulait récompenser de leur fidélité. On dit que ce prince la fit rebâtir et augmenter, et qu’elle fut appelée Augusto-mana, comme consacrée à Auguste, avec le même zèle que l’on témoigne ordinairement aux Dieux mânes. « Dès lors, Troyes devint une ville distinguée, et Auguste la décora de tous les établissements civils et religieux qui honoraient les villes municipales sous le haut empire. Elle précédait même Paris parmi les différents districts de la province Sénonoise, comme nous l’apprenons de 2 inscriptions, dont l’une porte Civit. Senonum, Tricassinorum, Meldorum, Parisiorum, et l’autre nous apprend qu’il y avait à Troyes un sacerdoce établi en l’honneur d’Auguste, et qu’un Troyen, qui en était revêtu, mourut à Lyon, après avoir passé dans toutes les charges civiles et religieuses ». Vers l’an 120, l’empereur Adrien passa à Troyes et y séjourna plusieurs jours, tenant ses soldats sous une bonne discipline. En 177, les empereurs Antonin le Pieux et Marc-Aurèle y firent bâtir une tour pour défendre la porte occidentale où est l’Hôtel-Dieu, et qui fut démolie en 1625. Les médailles trouvées dans le fondement de cet édifice donnent à connaître qu’il avait été construit par les ordres de ces princes. Lorsque la religion chrétienne commençait à s’étendre dans les Gaules, au milieu du III° siècle, Aurélien vint à Troyes avec une nombreuse armée, pour y arrêter les progrès du christianisme. On rapporte que Claude ou Claudien, chef des Barbares du nord de l’Europe, se jeta dans les Gaules, à dessein de les ravager et de s’enrichir aux dépens de ces provinces de l’empire romain. Il vint à Troyes en 247, et y prit captive sainte Jule (voir ce chapitre). Vers le milieu du IV° siècle, tandis que les Romains étaient occupés à des guerres civiles, les Allemands, sous la conduite des 2 frères Gundomare et Vadomare, se jetèrent dans les Gaules. Troyes fut alors fermée de murs et défendue par ses citoyens. Les barbares avaient pénétré jusqu’à la Saône, où, après s’être fortifiés, ils venaient d’ouvrir la campagne par le siège d’Autun. Le César Julien, connu depuis sous le nom d’apostat, le fit lever et poursuivit les Barbares jusqu’au Rhin. Après avoir laissé reposer ses troupes à Auxerre, il marcha vers Troyes, où il n’arriva qu’après une infinité de dangers Il eut quelque peine à s’en faire ouvrir les portes : les citoyens qui ignoraient sa marche, prirent ses troupes pour l’armée Allemande, et se préparèrent à défendre leurs foyers. Mais enfin, ils reconnurent leur erreur, et reçurent, avec joie, le prince qui venait les délivrer des Barbares. Il y demeura quelques temps et se rendit ensuite à Reims, où il rassembla toute son armée pour achever de chasser les troupes Allemandes. Sous les successeurs de Julien, les Allemands et surtout les Francs ne négligèrent aucune occasion de détruire l’empire romain dans les Gaules. Ils y faisaient des courses fréquentes, pillaient, brûlaient les villes et ne se retiraient qu’après avoir fait un butin immense. Les Gaulois demandaient aux empereurs des secours contre tant de Barbares déterminés ou à la mort ou à la victoire. Les Francs, sous le nom desquels on comprenait plusieurs nations de la Germanie, étaient connus dans l’empire romain, même avant le milieu du III° siècle, et s’étaient proposés de faire des établissements dans les Gaules dont la situation leur paraissait avantageuse. Au commencement du V° siècle, de nouveaux ennemis y causèrent les plus grands ravages. On y vit fondre les Quades, les Vandales, les Bourguignons, les Allemands et autres qui mirent tout à feu et à sang, et pillèrent sans distinction d’âge ou de sexe, de profane ou de sacré. La désolation fut générale depuis les Alpes jusqu’aux Pyrénées, et depuis l’Océan jusqu’au Rhin. Parmi tant de désordres, Troyes ne fut pas épargnée, elle éprouva plusieurs fois le sort malheureux des vaincus et la cruauté des vainqueurs, surtout lorsque les Vandales, sous la conduite de Crocus, s’avancèrent jusqu’à Langres et aux environs de Troyes. Les Vandales, chassés des Gaules, se retirèrent en Espagne. Alors les Français firent de nouvelles tentatives pour s’établir en-deçà du Rhin. Ils se réunirent sous un même chef, et élurent Pharamond que l’on regarde comme le premier roi de la monarchie française. Mais, cet établissement avait d’abord peu d’étendue, et la Champagne continua d’être soumise aux Romains, et Troyes ne fut pas comprise sous la domination des premiers rois français. Quelques temps après, la Gaule fut troublée par une nouvelle qui répandit l’alarme dans tous les esprits. Les Huns, nation barbare et féroce, avaient dévasté plusieurs provinces de l’empire romain. Attila, leur roi, mit sur pied une armée de 500.000 hommes, et passa dans les Gaules, où il répandit la plus affreuse désolation (voir ce chapitre). Clovis, maître du pays qu’il venait de conquérir, établit le siège de la monarchie à Soissons et s’empara des villes qui tenaient pour les Romains, et parmi lesquelles étaient Troyes, Reims et d’autres villes de Champagne. Ainsi, Troyes qui avait appartenu aux Romains pendant environ 500 ans, commença à faire partie de l’empire des Français. Alors, elle changea de gouvernement. Las d’être conduits par des rois ou des roitelets, ses peuples supplièrent Clovis de leur donner des comtes et des ducs de leur nation qui relèveraient des rois de France. Quelques années après la conquête des Gaules par Clovis, Troyes eut l’honneur de voir ce prince et de le posséder un peu de temps sur son territoire. Lorsque son mariage fut conclu avec Clotilde, fille de Chilpéric, roi de Bourgogne, il alla au-devant d’elle à Villery, paroisse de Saint-Jean-de-Bonnevval, où se fit leur première entrevue (voir ce chapitre). Clovis mourut en 511, et à sa mort, le royaume fut partagé entre se 4 fils, Thierry, Clodomir, Childebert et Clotaire. La ville de Troyes, avec la plus grande partie de la Champagne échut à Thierry, l’aîné, et fut comprise sous le royaume de Metz ou d’Austrasie, qui eut quelquefois le nom du royaume de Champagne. En 558, Clotaire réunit en sa personne toute la monarchie française, mais à sa mort, le royaume fut partagé entre ses 4 fils Caribert, Gontran, Sigebert et Chilpéric. Après la mort de Caribert, roi de Paris, en 566, la discorde divisa ses frères. Chilpéric, roi de Soissons entra à la tête d’une puissante armée dans le royaume de Sigebert, roi d’Austrasie. Les 2 frères  s’unissent et font marcher leurs troupes contre Gontran. Sigebert campa à Arcis-sur-Aube et Chilpéric à Pont-sur-Seine. Gontran leva promptement une armée et vint camper à Villery. Près d’en venir aux mains. Après intervention de leurs ambassadeurs et d’autres seigneurs, la paix fut conclue et les 3 princes se joignirent à Troyes, et jurèrent leur union, sur le tombeau de saint Loup. Troyes, revient en partage de Gontran, roi d’Orléans et de Bourgogne,  et fils de Clotaire I. Elle est encore une dépendance de ce royaume, sous Thierry II, au commencement du VII° siècle, où elle est réunie à la monarchie  générale sous Clotaire II. Ensuite, les ducs de Champagne gouvernent Troyes sous l’autorité des rois. En 714, , Savaric évêque d'Auxerre, préférant la puissance temporelle à la dignité épiscopale, et plus propre à commander une armée qu'à gouverner un diocèse, profita des guerres civiles pour satisfaire son ambition. " Charmé du premier succès de ses armes dans les diocèses d'Orléans et de Nevers ", il tourna ses pas vers le diocèse de Troyes qu'il ravagea. Mais, comme il marchait vers Lyon, il périt d'un coup de foudre, " digne punition de ses expéditions criminelles et scandaleuses ".  En 720, les Sarrasins veulent envahir les Gaules. Ils pénètrent jusqu’en Champagne et Troyes tombe entre leurs mains. Ils la pillent et dévastent tout son territoire. Le roi Pépin-le-Bref vient à Troyes en 761 et 766, pour défendre la ville de l’emprise de Gaïfre, duc de Languedoc et d’Aquitaine. En 840, Troyes reçoit avec enthousiasme le roi Charles II le Chauve, qui met en fuite l’armée de Lothaire. Louis de Bavière vient dans notre ville pour conférer avec lui. En 858, Troyes reste fidèle à Charles le Chauve, en refusant de recevoir Louis 1er le Germanique (roi de Germanie). En remerciements, le roi vient passer quelque temps à Troyes en 859, et fait du bien à plusieurs églises. Nous arrivons aux comtes de Troyes, avec Aledran, en 864 et 877, puis Odon ou Eudes ; en 891, c’est Adelerin ou Aledrin, en même temps abbé de saint Loup ; en 927, c’est un Richard, et en 932, Gilbert ou Gislebert. Viennent ensuite les comtes de Champagne (voir ce chapitre) avec Héribert ou Hébert II, comte de Vermandois, appelé quelquefois comte de Troyes. Le dernier est Henri III, décédé en 1274, laissant une fille, Jeanne, qui hérita de ses états et fut fiancée en 1275 puis mariée en 1284 avec le roi de France Philippe-le-Bel. Ainsi finit la succession de nos comtes  héréditaires, dont le gouvernement fut de 316 ans. Le traité de Laon de 1317,  confirmé en 1337, stipule que si le roi de France meurt sans enfant mâle, la Champagne reviendra à la couronne. En 1361, la Champagne est « irrévocablement unie au domaine de la couronne ».

 

 

 


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