Cette école succède à l’ancien cimetière de Clamart.
Une décision municipale de 1875 admettait que la défection de bon nombre d’élèves était due au mauvais état des locaux scolaires. A tout prix, il fallait y remédier. Mais à cette date, la ville n’était pas en mesure de construire. Elle ne pouvait tout au plus que réparer. C’est ce qu’elle fit dans les années suivantes. Puis, les fonds municipaux étant grossis, on envisagea une école neuve pour remplacer celle de la rue de la Paix. Et d’abord, où trouver un terrain favorable ? L’idée germa aussitôt d’utiliser le cimetière désaffecté de Clamart. On sait qu’il s’étendait hors des fossés, entre la rue Sainte Jule, la rue Saint-Martin (Ambroise Cottet) et la rue de la Paix. Depuis le milieu du siècle, cette nécropole, trop enserrée dans les habitations, était abandonnée au profit d’autres plus petites. En 1888, sous la magistrature d’Eugène Boulier, on en discuta. Un emplacement plus à l’ouest fut repoussé en raison de la proximité de l’usine à gaz, qui pouvait être néfaste aux jeunes poumons. Ce danger était plus immédiat, semblait-il, que celui présenté par la décomposition des corps de Clamart. Mais, des règles administratives formelles devaient protéger la salubrité publique. Alors que certains conseillers ne croyaient pas au danger des épidémies transmises par les cadavres, le docteur Viardin leur objectait : « si vous déterrez des morts par variole ou fièvre typhoïde, vous avez à craindre de la contagion ». Les règlements furent consultés. Ils obligeaient d’abord à laisser les cimetières désaffectés dans l’état où ils se trouvaient sans qu’on puisse y faire le moindre usage. Puis, le terrain devait être ensemencé pendant 5 ans « pour purifier l’air ». La mise en culture fut alors décidée et l’ancien cimetière se vit transformé en un magnifique champ d’avoine, céréale de défrisage. Les Troyens purent le contempler en 1891. La Commission d’Hygiène aurait préféré une luzerne aux racines pivotantes, mais elle n’insista pas. Il fallut alors se livrer à la besogne macabre du relevage des corps, c’est-à-dire recueillir les os et les incinérer. Les fosses vides durent être flambées avec des feux de paille et arrosées ensuite au sulfate de fer, au chlorure de chaux ou au sublimé. Dans cette nécropole séculaire, reposaient des milliers de Troyens. Parmi eux, ils s’en trouvaient d’éminents, mais quelques monuments seulement furent transportés à la Charme. Un beau jour, un scandale éclata : les fossoyeurs avaient violé la bière d’une élégante patricienne à particule, enterrée avec ses bijoux ! Une inscription figurait à l’entrée de la nécropole :
« Passant, par où tu passes, j’ai passé.
Par où j’ai passé, tu passeras.
Comme toi, vivant j’ai été,
Comme moi, mort tu seras ».
L’emplacement enfin dégagé et assaini, M. Vermot, architecte en chef, fut chargé des travaux. La Commission municipale lui ordonna de donner à son œuvre un aspect en rapport avec un des plus beaux quartiers de la ville. Il devait donc harmoniser sa construction avec les élégantes maisons qui s’élevaient aux alentours.
Le nouveau dispositif du plan nécessita la création d’artères pour une desserte plus facile. La rue de Clamart, qui partait du mail de la Madeleine (boulevard Gambetta) pour se terminer à son embranchement avec la rue Saint-Martin (Ambroise Cottet), fut prolongée jusqu’à la rue Gautherin. Ces 2 rues, l’ancienne et la nouvelle, n’en formèrent plus qu’une. Au nom de la rue de Clamart assez sinistre, on substitua celui de Diderot. Ce qui fournit, en outre, un nom à la nouvelle école. On fit traverser l’ancien cimetière, à peu près de la moitié de sa largeur, par une rue nouvelle qui se raccorda à la rue Sainte-Jule, on supprima une petite rue attribuée également à cette sainte troyenne, qui devint alors la rue des Filles-Dieu, du nom d’un couvent ancien.
L’école Diderot est constituée par un pavillon central calculé avec une stricte symétrie. Il renferme en ses étages les appartements des maîtres. Les fenêtres de l’étage sont couronnées par un fronton circulaire, avec un tympan recevant un remplissage de carreaux émaillés. Le mur se termine en façade par une frise ornée de la même décoration. La façade intérieure s’ouvre sur une grande cour de récréation. Elle est ombragée par 2 rangées d’arbres et protégée par des grilles.
L’école de filles qui vint ensuite en complément, de l’autre côté de la rue Sainte-Jule, connut une assez large gestation. Elle suscita d’abord un rapport favorable dès 1898. Mais les travaux ne furent adjugés qu’en 1901. Il fallut 2 ans pour les terminer et c’est la municipalité Lamblin–Armand qui l’inaugura. L’ensemble avait désormais droit au titre de « groupe scolaire ».
Cette école a toujours eu, et encore de nos jours, une excellente réputation. Je peux l’affirmer, ayant eu des enfants, petits enfants et arrières petits enfants la fréquentant !
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