En 1935, le mieux peut naître parfois de l’excès du mal.
La crise, en se prolongeant, a provoqué dans la capitale champenoise, un réveil d’énergies qui, sans elle, seraient demeurées ignorées.
En plein marasme économique, on assista à la résurrection des Fêtes de la Bonneterie qui, pendant quelques jours, provoquèrent à Troyes une animation et un mouvement de capitaux créateurs de Travail.
La réussite de ces fêtes se traduisit par une « merveilleuse et surprenante » manifestation de dynamisme d’une ville entière. Aux efforts et au dévouement d’un Comité central débordant d’activité, s’allièrent le zèle d’animateurs désintéressés se révélant dans chaque quartier, les sacrifices généreusement consentis par les négociants du centre de la ville, la bonne volonté et l’esprit d’initiative témoignés par les modestes commerçants des différents quartiers, l’appui effectif et absolu de la presse entière.
Un tel ensemble de conjonctures ne pouvait produire qu’un résultat : le succès. Celui-ci fut complet et indiscutable.
Rien ne saurait mieux démontrer l’activité des Comités de quartiers que les élections de Souveraines, auxquelles on assista pendant les quelques jours précédant la Fête. 1 Reine pour régner sur le quartier des Anciennes Boucheries, 2 Reines pour exercer le pouvoir sur la rue Thiers et les Halles, 1 Reine à Sainte-Savine, 1 Mascotte au Quartier-Bas, 1 Muse aux Chartreux, 1 Abeille à Croncels et, au-dessus de toutes, la Reine de la Bonneterie et- sa Cour régnant sur l’Industrie maîtresse et sur les Corporations.
Plus modestes mais non moins actifs, des Comités, comme ceux des rues Colbert-Colonel Driant, des rues Turenne-Général Saussier, des rues de la Monnaie-Bruneval, des rues des Quinze-Vingts et Champeaux travaillaient à créer l’ambiance. Il s’agissait non seulement de parer les plus gracieuses jeunes filles, les pages les plus charmants, il fallait encore donner à la ville tout entière, un air de fête. 4.000 sapins verts sortirent en 2 jours, d’entre les pavés, des guirlandes de fleurs grimpèrent le long des maisons, encadrèrent les vitrines, s’épanouirent aux fenêtres et aux balcons. Des voûtes d’oriflammes couvrirent les rues et les carrefours plongés, dès les premières heures de la matinée, dans des bains de musique.
Ainsi ; du 6 au 10 septembre, la joie régna dans la Cité qui fêtait la Beauté, la Jeunesse, la Joie de Vivre et le Travail. Des milliers de visiteurs défilèrent devant les œuvres photographiques des jeunes élues, exposées par les meilleurs amateurs du chef-lieu et du département. Une invraisemblable affluence envahit la Bourse du Travail pour présenter à un jury de docteurs et de fillettes, 400 enfants, tous dignes du titre de « Plus Beau Bébé de l’Aube ».
« Mais ce n’était là que les miettes d’un programme copieux » se déroulant au cours de 3 longues journées. Le dimanche 8 septembre, dans l’enceinte de la Caserne Beurnonville, sur la scène d’un théâtre de fraîche verdure, en présence des représentants du Préfet de l’Aube, du Conseil Général, du Parlement, des Municipalités de Troyes et de Sainte-Savine, de la Chambre Syndicale de la bonneterie, du Syndicat d’Initiative, du G.I.B.S.A. de la Chambre de Commerce, de la Fédération des Groupements Industriels et Commerciaux, de l’Association des Petits Commerçants, la Reine de la Bonneterie fut solennellement couronnée par le Maire de Troyes. L’Harmonie municipale des Sapeurs-Pompiers, les Trompettes de Troyes,
Les sections féminines des Patronages laïques, Jean-Macé, de l’Alliance de Sainte-Savine, le Messager Troyen et Savinien prêtèrent leur concours à cette cérémonie, qui se déroula devant Miss Paris 1935 et de toutes les Reines de Quartiers.
Après une réunion officielle à l’Hôtel de Ville, la Reine de la Bonneterie visita tous les quartiers de la ville et cette première journée, après un corso fleuri, prit fin par une soirée de gala, donnée au Théâtre de Verdure, par une compagnie d’art régionaliste.
Le lendemain, après avoir visité les malades et les vieillards, la Reine de la Bonneterie fut reçue par la Chambre Syndicale de la Bonneterie et par la Chambre de Commerce. A travers Troyes se déroula un grand cortège de chars auquel participèrent toutes les corporations, les Groupements Régionalistes, les Sociétés locales, tandis qu’une acclamation ininterrompue montait vers la Reine et ses Demoiselles d’honneur, devant un parterre de Champenoises coiffées du tocat et vêtues du costume cher à nos aïeules.
Le dernier jour de ces réjouissances, fut employé par la souveraine éphémère à faire, avec son sceptre, visite au bourg de Saint-Parres-aux-Tertres où elle habite avec sa famille.
Reçue ensuite avec sa suite par les commerçants qui avaient avec générosité manifesté leur intérêt pour ces manifestations joyeuses, elle présida le banquet de clôture, à l’issue duquel, en présence de 150 convives, les représentants du Gouvernement, du Département, des Villes de Troyes et de Sainte-Savine, de la Chambre Syndicale de la Bonneterie, de la Chambre de Commerce et des Comités de quartiers, manifestèrent, en éloquents discours, leur satisfaction de la réussite des Fêtes de la Bonneterie 1935, aux organisateurs des quelles des félicitations ne furent pas ménagées.
En saluant cette résurrection d’une fête bien locale, dont les effets ne peuvent qu’être bienfaisants pour le Commerce et pour la classe laborieuse de la cité Troyenne, les journaux, qui se sont pleinement associés à cette heureuse initiative, souhaitent pouvoir, chaque année, se réjouir de succès dont est digne une telle manifestation, en l’honneur « de la Jeunesse, de la Beauté et du Travail ».
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