Je pense qu’il est très intéressant de donner un compte-rendu des Fêtes de la Bonneterie 1937, montrant l’état d’esprit de cette époque. Je vous donnerai simplement un large résumé de la presse au lendemain de ces festivités : « Ce fut un grand cru, tout le monde s’accorde à dire que nous avons eu de belles fêtes, le grand populaire était avec nous, de toutes ses forces, de toute son âme vibrante. Il n’y avait qu’un but, c’était d’apporter, à la grande armée des travailleurs, quelques heures de joyeuse détente et de saine distraction. La population ouvrière troyenne s’est donné des souveraines. Jamais ses dilections ne furent plus judicieuses. La reine et ses demoiselles d’honneur ont représenté et représenteront encore le labeur dans tout ce qu’il a de plus noble et de plus émouvant. Le choix du jury a reçu la plus éloquente des ratifications, celle que lui a apportée innombrable et décisive, un peuple enthousiaste. Jamais ovations ne furent criées avec plus de foi, plus de force, jamais elles ne représentèrent mieux quelque chose qui doit être aussi grand que le don intégral du cœur populaire si généreux en ses consécrations, si sévère et si juste en ses blâmes explicites et francs. L’intronisation se fit solennellement, dès le samedi 11 septembre à 14 h 30, boulevard du 14 juillet. M. Douet, adjoint au maire de Troyes, en une cérémonie placée sous la présidence de M. Escande, secrétaire général de la Préfecture, assisté de MM. Fernand Gentin, président du Conseil général, Emile Brachard, député de l’Aube, en présence des autorités civiles et militaires, des Délégués de la Chambre syndicale des fabricants de bonneterie, de l’U.S.I.M.A., du Syndicat d’initiatives, de la Chambre de Commerce, de la Fédération des Groupements industriels et commerciaux, de l’Association des Petits Commerçants, des Syndicats ouvriers…les adjoints, les conseillers municipaux, le Procureur de la République, le président des Comités de Quartiers… et combien d’autres avaient place à la tribune officielle. Minute émouvante, la Reine de la Bonneterie arrive au Théâtre de verdure au bras de M. Cornuel, son sympathique patron, accompagnée de sa Cour, entre une double haie de gardes mobiles qui rendent les honneurs, alors que l’Harmonie municipale exécute avec brio une marche triomphale. Et bien fermés aux symboles seraient ceux qui ne comprendraient pas la grande signification de cette alliance des 2 pôles de notre activité : le Patronat et le Travail. L’adjoint remplaçant le maire M. Plard député-maire de Troyes empêché ceint le front des élues et passe à leur épaule l’écharpe symbolique… Le Secrétaire général de la Préfecture sut trouver les mots qui convenaient à l’exaltation du travail : Si le Travail est joie, il doit l’être et il l’est… Puis commencent les réceptions d’honneur : à l’Hôtel de la Chambre Syndicale des Fabricants de Bonneterie, avec la Chambre de Commerce, de l’Union syndicale des industries de la maille et annexes,… Dans les discours de leurs représentants : pour eux tous, l’élection de la Reine de la Bonneterie et toutes les fêtes elles-mêmes, n’étaient ni un caprice, ni une frivolité populaire… Vous réussissez disaient-ils en substance, à dégager la grande leçon du travail, créateur sans lequel la vie ne serait que vanité dérisoire, et ils célébrèrent l’incomparable vertu du labeur des hommes et des femmes… Ensuite, il y eut la réception officielle à l’Hôtel de Ville. Un cortège immense formait la population troyenne ! C’est à peine si les voitures se pouvaient ménager une issue. Le maire René Plard reçu la reine et ses compagnes, il fit les honneurs de la maison commune, dans la grande salle du Conseil, l’harmonie municipale fut brillante, et le champagne fut servi. Le Maire se réjouit que des enfants du peuple soient tenues justement pour les plus belles filles de Troyes, les plus méritantes et les plus dignes. Et il but au travail, loi suprême des hommes et des femmes, qui grandit celles-ci et ceux-là, au travail sauvegarde de la dignité civique. Le soir même, il y eut un grand bal dans la nouvelle et magnifique salle des fêtes de l’Hôtel de Ville. Des bals populaires avaient également été organisés à l’Hôtel de l’Etoile d’Or faubourg Croncels et à la salle des Fêtes de la place Saint-Nizier, où S.M. la Reine de la Bonneterie et ses compagnes se sont rendues… Le lendemain dimanche on débute par la réception boulevard du 14 juillet du Rallye cyclotouriste. Les Troyens firent une ovation indescriptible à la Reine. C’est ensuite le grand défilé qui se déroula toute la matinée pour reprendre, sous escorte de la Garde Républicaine et avec le même succès, au début de l’après-midi. Défilé triomphal s’il en fut jamais… A 15 h, le Théâtre de verdure du boulevard du 14 juillet subit le pacifique assaut d’une foule très dense et plus nombreuse qu’on ne saurait le dire… théâtre du Petit Monde, Chorale enfantine, l’Orphéenne de Guebwiller, la jeunesse Sportive Troyenne, la Société du Maréchal Pilsudski, l’Harmonie municipale, la Clique des Sapeurs-pompiers, les Bigophones des Trévois… apportèrent leur concours… Un grand banquet populaire avec toutes les autorités réunissait dans la grande salle de l’Hôtel de Ville tous ceux qui avaient collaboré aux Fêtes de la Bonneterie… M. Léon Vitoux, président d’honneur de la Chambre syndicale des Fabricants de Bonneterie, poète délicat et toujours inspiré lorsqu’il s’agit de célébrer les mérites de nos ouvrières, lut de bien beaux poèmes qu’il a composés à l’intention de S.M. la Reine de la Bonneterie et de ses compagnes d’honneur. On y discerne, tout frémissants, les sentiments généreux dont M. Léon Vitoux sut, tout au long de sa carrière, se montrer prodigue. Enfin, un splendide feu d’artifice de la Maison Ruggiéri, était tiré à 22 h, boulevard Victor Hugo, par M. Blache, le maître artificier… Les Fêtes de la Bonneterie 1937 ont vécu… ».
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