J’ai réalisé ce chapitre, en choisissant cette châtellenie, pour montrer toutes les implications qui pouvaient exister à cette époque.
Le village de « La Grève » et le château fort qui ont occupé le territoire de ce nom, devenu celui de la châtellenie, ont disparu depuis longtemps, leur destruction remontant à la fin de la guerre de Cent ans.
Le territoire qu’ils occupaient faisait partie des finages de « Crancey » et « Faverolles ». On trouve le souvenir de cette localité dans les chartes anciennes. C’est ainsi que dans celles de l’abbaye de Scellières il est fait mention d’un moulin qui existait à La Grève en 1324.
Les habitations de la Grève se trouvaient entre le hameau de « Maugis » constituant un fief et le hameau de « Faverolles », dépendant du finage de « Saint-Hilaire ».
La châtellenie de la Grève ne porta pas toujours ce nom, son siège ayant été transféré à Crancey, village ressortissant de sa juridiction, elle devint la baronnie de Crancey, suite à la vente que Charles de Gonzague fit de ce domaine en 1602.
Anciennement possession de la maison de Traînel et de Pont-sur-Seine, réunie au domaine royal par l’acquisition qu’en fit, en 1316, Louis de France, devenu par la suite roi sous le nom de Louis-le-Hutin, la baronnie de La Grève (ou de Crancey) fut comprise dans le marquisat de Pont-sur-Seine où elle demeura jusqu’en 1790.
Elle avait dans sa mouvance le village de « Crancey » et le fief de « Maugis », « Gélannes » et les fiefs de « Grand’Maison », « Accins », des « Coutumes de Gélannes » et du « Petit-Mesnil », « Origny-le-Sec », « Saint-Hilaire », et le hameau de « Faverolles ».
« Crancey » : ce village mouvant de la châtellenie de La Grève et par suite de la couronne de France semble avoir été déjà habité à l’époque gauloise. Il a été fortifié au XVI° siècle. La porte de l’enceinte a été abattue vers 1784.
« Maugis » : fief de hameau du finage de Crancey, mouvant en plein fief de La Grève. Il a été divisé en 2 parties : le fief du Grand-Maugis et celui du Petit-Maugis. Le Petit Maugis était composé comme le Grand de maisons, étables… et il eut les mêmes propriétaires. Lors de la Révolution de 1789, la ferme de Maugis, comprenant les 2 fiefs, fut adjugée 600 livres à Joseph Blaise, marchand, demeurant à Troyes.
« Gelannes » : cette terre et seigneurie était mouvante et plein fief de la châtellenie de La Grève. Le village est situé sur l’ancienne route de Nogent à Troyes. On y a découvert des médailles d’Auguste.
En 1230, Anseau de Traînel, seigneur de Voisines, possédait la terre et seigneurie de Gelannes qui, plus tard, fut réunie à la châtellenie de La Grève. Après avoir passé en plusieurs mains, le domaine de Gelannes demeura jusqu’à la Révolution, la propriété des seigneurs de La Grève.
« Grand’Maison », ce fief sis à Gelannes, mouvait des seigneurs de La Grève et en arrière-fief du roi à cause de sa grosse tour de Troyes. On l’appelait ainsi parce que les bâtiments qui en dépendaient occupaient l’emplacement où était autrefois la maison seigneuriale de Foujon (voir le chapitre « château de Foujon »).
« Accins » : fief, sis à Gelannes, eut parmi ses possesseurs, ceux de Gelannes.
« Petit-Mesnil » : fief à Gelannes, dit le « Terrage du Petit-Mesnil » appartint aux mêmes possesseurs cités plus haut.
« Origny-le-Sec » : jadis dépendant du bailliage de Sens, et mouvant en plein fief de la châtellenie de La Grève. Il y eut dans ce village un prieuré de l’Ordre de Saint-Augustin.
« Saint-Hilaire » : village mouvant en fief de main-morte (incapacité dont sont frappés les serfs, au Moyen Âge de transmettre leurs biens à leur décès) de La Grève, avec le hameau de Faverolles. Il y avait un prieuré simple de Bénédictins, dit prieuré de Saint-Claude, dépendant de l’abbé de Molême. Il avait été fondé, en 1110, par Granier de Traînel, seigneur de Pont-sur-Seine, et son frère Philippe, évêque de Troyes (voir ce chapitre). Ce prieuré avait été détruit par les Calvinistes au XVI° siècle.
« Faverolles » : hameau de la commune de Saint-Hilaire, était mouvant de la châtellenie de La Grève.
« Les Châtelains de La grève » : la châtellenie de La Grève était anciennement une baronnie appartenant à la puissante maison de Traînel, en même temps que la châtellenie de Pont-sur-Seine : Ponce 1er de Traînel, en 1079, et après lui, ses 2 fils, Anneau et Garnier 1er, qui se partagèrent les domaines paternels. En 1115, Garnier II de Traînel, chevalier était seigneur de Marigny. En 1170, Garnier III de Traînel, fils de Garnier II, possédait le domaine de Marigny. En 1239, Garnier IV de Traînel était seigneur châtelain de Marigny et de La Grève. Marie de Traînel, fille de Garnier V, en 1277, rendit foi et hommage à Jean de Nanteuil, évêque de Troyes, pour la part des seigneuries de Marigny et de La Grève. Morte sans enfants, son héritage retourna à sa sœur Agnès de Traînel dame en partie de Marigny et de La Grève, mariée à Poincet de Thil-en-Auxois. Ce dernier rendit hommage à l’évêque de Troyes pour la seigneurie de Marigny. En 1277, il est seul seigneur de Marigny et de La Grève. En 1312, Guillaume de Thil-en-Auxois possède la châtellenie de La Grève, comme héritier de sa mère. Il la vend avec ses dépendances de Crancey, Faverolles, Gelannes et Origny, à Louis de France, comte de Champagne et de Brie, roi de Navarre, fils aîné de Philippe-le-Bel et de Jeanne, reine de Navarre et comtesse de Champagne. Louis, devenu roi de France en 1314, sous le nom de Louis-le-Hutin, mourut sans héritier mâle, en 1316. Jeanne demeurait seule héritière de la couronne de France, mais selon la loi salique (loi qui excluait les femmes de la succession, tant qu’il restait des héritiers mâles), Louis-le-Hutin eut pour successeur aux trônes de France et de Navarre, et au Comté de Champagne, son frère Philippe-le-Long, couronné en 1317 et décédé en 1322, sans héritier mâle. Il avait obtenu de Jeanne un traité par lequel elle renonçait au royaume de France. La châtellenie de La Grève faisait alors partie du domaine royal. Charles-le-Bel, frère et successeur de Philippe-le-Bel, obtint, en 1322, de Jeanne de France alors mariée à Philippe d’Evreux, un traité par lequel elle renonçait à ses droits sur le comté de Champagne. Charles-le-Bel mourut en 1328, sans laisser d’enfants mâles. Marguerite de France donne en 1356 à sa petite fille Marguerite de Flandre, La Grève. Elle se maria en 1369 à Philippe II de France, dit le Hardi. Décédés lui en 1404, elle en 1408, leur troisième fils Philippe de Bourgogne hérita de la châtellenie de La Grève, mais il fut tué à la bataille d’Azincourt. Son fils, Charles de Bourgogne, comte de Nevers, devint seigneur de La Grève. Il décéda en 1464, l’héritier fut son frère Jean. En 1519, La Grève fut attribuée à Marie d’Albret, femme de Charles de Clèves, comte de Nevers. Décédée en 1549, son fils François 1er de Clèves, duc de Nevers, possède La Grève. En 1560, Jacques de Clèves obtient La Grève, qui passe à son décès en 1564, à sa fille Marie de Clèves. En 1607, la Châtellenie est vendue à Claude de Berziau, et en 1608, à Achille de Harlay conseiller du roi, qui la revend en 1631 à Claude Bouthillier de Chavigny (voir le chapitre). Décédé en 1652, la baronnie de La Grève échut à son petit-fils Gilles-Antoine de Bouthillier, qui sera grand vicaire du diocèse de Troyes et décèdera en 1695. Ensuite, on trouve comme seigneur de La Grève François Bouthillier, évêque de Troyes (voir le chapitre). En 1779 le domaine est acheté par le prince François-Xavier de Saxe, beau-frère du Dauphin, fils de Louis XV.
Ces biens furent confisqués en 1790, et la République les mit en vente le 3 floréal an VI (22 avril 1798).
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