Périodes celtique et romaine : les Tricasses, peuple de la Gaule celtique, formaient, avant la conquête romaine, un des districts de la grande confédération des Senones (peuple à l’époque gauloise qui occupait la région du Sénonais, et donna son nom à la ville de Sens). César n’en parle pas nominativement, Pline et Strabon (géographe et historien grec - 60 à + 20 après J-C.) en font mention comme d’un peuple de la Gaule lyonnaise. Auguste visita sa capitale, qui s’appela, depuis ce prince, Augustobona Tricassium, et ensuite Trecoe.
Le territoire des Tricasses s’étendait à peu près sur l’espace qu’occupe aujourd’hui le département de l’Aube, à l’exception de l’arrondissement de Bar-sur-Seine. A l’époque de la conquête, le pays était couvert de bois, à l’est de Troyes était la forêt du Vallage ou du Der, qui couvrait tout jusqu’à Joinville, on en voit encore un reste dans la Forêt d’Orient. Au sud-ouest, le pays d’Othe a retenu son nom d’une immense forêt au centre de laquelle les Druides avaient des biens considérables et un établissement dans un lieu appelé Aix-en-Othe, qui appartint depuis aux évêques de Troyes. Les traces de l’existence des Gaulois sur le territoire du département de l’Aube ont tout à fait disparu, à l’exception de quelques dolmens, celles de la civilisation romaine ne sont guère plus nombreuses, les vestiges de quelques voies construites par les conquérants nous indiquent encore leur passage.
Dans les divisions administratives, Troyes fit partie de la 4° lyonnaise. Les premières invasions des Barbares atteignirent le pays de l’Aube. L’histoire rapporte que les Alamans, appelés dans les Gaules par Constance pour l’aider à soumettre Magnence révolté dans Autun (350), ravagèrent la cité de Troyes, et qu’ils passèrent sous ses murs poursuivis par le César Julien.
Prédication du christianisme : le christianisme a été prêché dans l’Aube dès le III° siècle. Saint Potentien et saint Syrotin, disciples de saint Savinien de Sens, furent les premiers apôtres du diocèse de Troyes. La persécution sous Valère, fit de nombreux martyrs. Le premier évêque est saint Amateur de 340 à 346.
Période mérovingienne : au V° siècle, saint Loup évêque de Troyes, sauva, par son courage, les Aubois de la fureur d’Attila.
A l’époque de l’invasion des Vandales (406), les pays qui forment le département de l’Aube étaient restés du petit nombre des provinces qui appartenaient encore aux Romains dans les Gaules, mais après la bataille de Soissons (486), où Syagrius, chef de la milice romaine, fut vaincu par Clovis, ils tombèrent au pouvoir de ce dernier. C’est à cette époque que le pays des Tricasses, des Catalaunais et des Rémois reçut le nom de Champagne, à cause des vastes plaines qu’il renferme. Après la mort de Clovis, l’Aube passa, avec une grande partie de la Champagne, à son fils Thierry, et fit partie du royaume d’Austrasie. En 575, les pays qui forment le département de l’Aube virent s’assembler dans leurs plaines les armées des fils de Clotaire 1er, qui se disputaient l’héritage de leur frère Caribert. Chilpéric, roi de Soissons, envahit d’abord les Etats de Sigebert, roi d’Austrasie, mais bientôt les 2 frères s’accordèrent pour marcher contre Gontran, roi de Bourgogne. Ce dernier vint camper avec son armée à Villery, tandis que Sigebert était à Arcis-sur-Aube et Chilpéric à Pont-sur-seine. Alors, les officiers des 3 princes s’entremirent pour rétablir la paix entre eux, et ceux-ci, y ayant consenti, se rendirent à Troyes, où ils se jurèrent amitié sur le tombeau de saint Loup. Mais, Sigebert étant mort, la guerre se ralluma, et les pays de l’Aube éprouvèrent tous les maux que la guerre entraînait dans ces temps-là. Un débordement terrible de la Seine ruina alors la ville de Troyes et tous les villages qui étaient sur les rives du fleuve (584).
Aux VII° et VIII° siècles, les ducs de Champagne administraient le pays au nom du roi, mais l’autorité des évêques de Troyes était plus réelle que la leur sur les habitants de leur diocèse, dont ils étaient les protecteurs au milieu des misères des temps. En 714, Savarie, évêque d’Auxerre, plus guerrier que pieux, ravagea le diocèse de l’Aube, dont il voulait se rendre maître. Peu de temps après, les Sarrasins y commirent de nouvelles dévastations et le pillèrent.
Division politique : la cité de Troyes, qui, à la chute de l’empire, faisait partie de la 4° lyonnaise, était divisée en plusieurs « pagi » ou cantons plus ou moins étendus : le pagus Tricassium ou de Troyes, qui forma, dans l’ordre ecclésiastique le grand doyenné, le pagus Arciacensis, ou d’Arcis-sur-Aube, celui de Mauriacensis, ou Méry-sur-Seine, celui de Mauripensis, qui comprenait l’extrémité de la cité de Troyes du côté de Pont et une portion du diocèse de Sens, le pagus de Provins, qui s’étendait sur les villages situés sur la droite de la seine, depuis le confluent de l’Aube, et comprenait Villenauxe-la-Grande, le pagus Briennensis, qui forma ensuite les archidiaconés de Brienne et de Margeries, enfin le pagus Albensis, l’Azois, qui s’étendait dans les environs de Bar-sur-Aube. On trouve encore au VIII° siècle le pagus Latisensis, dont dépendaient Villemaur et lieux voisins. Cette division administrative qui avait commencé en partie sous les Romains, persista jusqu’à la féodalité.
Période carlovingienne : en 841, les armées de Charles le Chauve, après sa venue à Troyes, et celles de Lothaire se livrèrent un terrible combat où périt presque toute la noblesse de Champagne. On attribue à cette grande destruction l’origine de l’anoblissement « par le ventre », c’est-à-dire que, selon la coutume de Champagne, une femme noble qui épousait un roturier procréait des enfants nobles. Pépin, roi d’Aquitaine envahit le département 2 ans après, mais échoua devant Troyes. En 850, une armée de Germains conduite par le roi Louis attaqua encore le département, mais n’a pas eu plus de succès. En 888 les Normands arrivèrent dans l’Aube et prirent d’assaut Troyes. Une nouvelle invasion de ces barbares eut lieu en 892, ils pillèrent Troyes et y mirent le feu. En 925, l’évêque de Troyes Anségise, autant guerrier qu’évêque, les mit en déroute.
Institutions religieuses : au milieu du VI° siècle, s’élevèrent les monastères : Mantenay (Saint-Lyé), Nelle-la-Reposte (près de Villenauxe), Montier-la-Celle, Notre-Dame-de-Troyes, Saint-Loup, Montieramey.
Comtes de Champagne : voir ce chapitre.
Affranchissement des
communes : elles doivent leur émancipation à Thibaut IV, comte de Champagne : 1223 :
Bar-sur-Aube et sa châtellenie qu'il venait d'acheter des héritiers du dernier comte, et qui reçoivent en 1227 un affranchissement général, en 1230 Troyes. Une autre institution qui lui est due,
est celle des mairies. Ces mairies furent établies dans plus de 100 villages du bailliage de Troyes, et
comprenaient sous leur juridiction les bourgeois du comte, de sorte qu'au milieu des fiefs des différents seigneurs, le suzerain avait un officier ou maire chargé de rendre la justice à ses
sujets directs. Les mairies furent maintenues lors de la réunion de la Champagne à la couronne et reçurent le titre de royales. L'office devint une charge qui fut vendue aux seigneurs
fonciers.
Jacqueries, guerre des Anglais : des bandes armées détruisent les villes et les châteaux et massacrent les habitants (en 1358, Bar-sur-Seine et les villages voisins). Les « Tard-Venus », bandes de pillards, commettent beaucoup de dégâts (Trainel 1360, château d’Aix 1369, Troyes 1380…).
Guerres civiles du XV° siècle : le département se révolte sous prétexte de l’énormité des impôts. En 1412, les Armagnacs ravagent la Champagne. Traité de Troyes en 1420, Jeanne d’Arc en 1429. En 1440, les « Ecorcheurs » commettent toutes sortes de dommages dans l’Aube. En 1472, les guerres entre Louis XI et Charles le Téméraire ravagent les environs de Troyes d’une manière cruelle.
Réformes, guerres de religion : en 1567, guerre déplorable avec les Huguenots, Saint-Barthélemy en 1572. Guerre avec les Reîtres en 1576 : Palis, Marigny, Saint-Benoit-sur-Seine, Saint-Remi-sous-Barbuise, Pouan, les chapelles Premier-Fait, Arcis, les Torcis, Saint-Nabort, Piney, Onjon… sont ravagés, brûlés.
Fronde : les troubles de la Fronde ne causèrent aucun mouvement dans le département de l’Aube.
Organisation politique… avant 1789 : le département de l’Aube était formé le la Basse-Champagne : capitale Troyes, villes Arcis-sur-Aube, Méry, Aix, Vendeuvre, Piney, d’une partie du Vallage où se trouvaient Bar-sur-Aube et Piney, du comté de Bar-sur-Seine, en Bourgogne, de quelques paroisses du Tonnerois, comme Channes, Bragelognes… Sous le rapport administratif et financier, le département dépendait : de la généralité de Châlons pour Bar-sur-Aube et Troyes, de la généralité de Dijon pour le comté de Bar-sur-Seine, de la généralité de Paris pour Nogent-sur-Seine Quelques communes se trouvaient comprises dans celle de Saint-Florentin, comme Auxon et Ervy et d’autres dans celle de Sens, comme Trainel. Sous le rapport judiciaire, on y comptait : le grand bailliage et présidial de Troyes, qui comprenait dans sa juridiction un grand nombre de mairies royales et châteaux, le bailliage de Bar-sur-Aube, ceux d’Ervy, de Nogent, de Pont et de Bar-sur-Seine qui ressortissaient au parlement de Paris.
Situation politique depuis 1789 : le département de l’Aube n’éprouva pas, dans sa
formation, de grands changements, il n’y fut réuni que le petit comté de Bar-sur-Seine. Il fut divisé en 6 districts : Troyes, Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Arcis, Nogent et Ervy. Cet état de
choses, remplacé par les administrations cantonales en l’an IV, fut rétabli en l’an VIII, sous le titre de préfecture et d’arrondissements, au nombre seulement de 5, celui d’Ervy ayant été
supprimé.
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