Le département



Merrey-sur-Arce


La « Meix jurable », ou Maison forte de Merrey, était assise sur un monticule. Elle était entourée de 20 arpents de prés. C’est ce monticule qui fit donner à Merrey le surnom de « La Motte ». Le mot « motte » était souvent donné à des « tumulus » celtiques. Les premiers documents qui nous parviennent sur le village de Merrey remontent à l’année 1084, époque à laquelle Hugues Renaud, évêque de Langres et comte de Bar-sur-Seine, y fonda un prieuré qu’il dédia à Saint-Pierre. La fondation de ce prieuré fixe l’époque de l’une des ruines de la ville de Bar-sur-Seine, car l’établissement dont il s’agit existait déjà au commencement du XI° siècle, près du faubourg de la Trinité à Bar-sur-Seine. Au XIII° siècle, il existait encore à Bar-sur-Seine, une paroisse du nom de Saint-Pierre, qui fut détruite pendant les guerres de cette époque. Gauthier de Brienne, qui était alors seigneur de Merrey, abandonna au prieuré de Saint-Pierre différentes pièces de terre qui touchaient aux constructions du couvent, et accorda au prieur plusieurs droits de justice. Hugues de Vendeuvre abandonna également au prieuré différentes propriétés qu’il possédait à Merrey. La même année de ces donations, un gentilhomme de Bar-sur-Seine donna « pour le rachat de l’âme de sa femme », le jour qu’elle fut mise en terre, plusieurs propriétés et une maison avec ses dépendances, qu’il avait à Merrey. Cette donation fut faite en présence de saint Robert, abbé de Notre-Dame de Molesme. En 1103, le fondateur du prieuré Saint-Pierre en fit don à saint Robert. Helisindre, comtesse de Bar-sur-Seine, fit don au prieuré d’une vigne qu’elle avait fait planter dans un lieu jusqu’alors inculte, entre les villages de Merrey et de Ville-sur-Arce. Depuis 1075, la seigneurie de Merrey était entre les mains de l’une des branches de la maison de Brienne. Elle passa successivement, jusqu’en 1220, aux héritiers de cette noble famille, dont plusieurs membres devinrent rois de Jérusalem et de Hongrie.

 

         A l’époque désastreuse des guerres qui éclatèrent entre Blanche de Champagne et Erard de Brienne, ce dernier prétendait avoir des droits au comté à cause de sa femme, Philippe, sœur du dernier comte de Champagne. A cette époque, Erard était possesseur de la terre et seigneurie de Merrey, circonstance qui fut cause de la ruine complète de ce malheureux village. L’armée de Blanche de Champagne était maîtresse de Bar-sur-Seine. Villeneuve et Merrey furent bientôt enlevés d’assaut. Le donjon de Villeneuve avait tenu bon 2 jours, et Merrey n’avait pu résister aux attaques réitérées des Champenois. Les vainqueurs s’y étaient enfermés, après avoir réparé à la hâte les murailles endommagées. Il y avait à peine 8 jours qu’ils y étaient, lorsque Erard de Chacenay, le sire de Sexfontaine, et quelques seigneurs des pays circonvoisins arrivèrent pendant la nuit et surprirent la garnison qui se croyait en parfaite sécurité. Elle fut en partie massacrée. Ceux qui purent fuir n’eurent que le temps de se sauver à Bar-sur-Seine. Ce ne fut que longtemps après que l’armée royale et les gens de Blanche de Champagne purent reprendre Merrey et Villeneuve. Le château fut détruit, les fossés remplis, le village brûlé, après avoir subi les horreurs du pillage. Lorsque la paix fut signée, un arrangement s’ensuivit : Erard abandonna, en échange d’autres fiefs, à son neveu, le comte de Champagne, les ruines encore fumantes de Merrey. En 1227, Thibaut, comte de Champagne, étant à Bar-sur-Seine, octroya une charte d’affranchissement pour le droit de main forte en faveur des habitants de Merrey. En 1355, le curé de Merrey établit en ce village une confrérie du Saint-Sacrement. Elle avait pour but d’entretenir l’union, la concorde et la charité. Dans les statuts de cette confrérie, les membres s’imposaient l’obligation de se réunir et de manger ensemble, en un banquet commun, 2 fois l’an, la veille et le jour de la Fête-Dieu. A chacune de ces réunions, on faisait une collecte en faveur des pauvres. Cette confrérie ne faisait aucune distinction de castes : le noble, le gentilhomme, le roturier, le vilain, se confondaient ensemble. C’était une grande victoire remportée, en pleine féodalité, par un simple curé. Malheureusement, les guerres suspendirent la continuation de cette noble institution de confraternité. Fenestrange, l’aventurier lorrain, les Anglais, puis les grandes compagnies, vinrent appesantir leur main de fer sur ce pauvre pays.  Les gens de Fenestrange brûlèrent Merrey, le même jour que Bar-sur-Seine fut détruit par eux. Charles V permit aux habitants de Merrey de prendre du bois dans la forêt Brouart pour reconstruire leurs maisons, et les affranchit de plusieurs droits que le fisc y percevait. La seigneurie passa de la maison de Champagne à la famille de Saulx, avec Hugues de Saulx seigneur de Merrey de 1380 à 1398. Ce dernier contribua de ses deniers à la reconstruction du prieuré qui avait été ruiné pendant les dernières guerres. A sa mort, il y eut une reprise du fief par Huguenin Paschez, en qualité de procureur spirituel de Mme de Baufremont, veuve d’Hugues de Saulx, dit le Borgne, comme tutrice de ses enfants. Guillaume de Saulx devint seigneur de Merrey à sa majorité. Il fit relever le château, creuser les fossés et les tranchées qui étaient en partie remplis depuis les désastres que Merrey avait eu à subir des Anglais. En 1457, Erard de Saulx, chevalier, fils du précédent, succède à son père. Il reconnait du duc de Bourgogne, à cause de son château de Bar-sur-Seine, la maison forte de la Motte-Merrey, avec les tranchées et les fossés. La même année, Vincent de la Brosse, prieur de Merrey, laissa, en, mourant, tout ce qu’il possédait à Ville-sur-Arce et à Merrey, au prieuré qu’il avait administré. La seigneurie de Merrey passa, par alliance, de la maison de Saulx à celle de Lenoncourt, et Pierre de Lenoncourt en devint seigneur. Il y eut ensuite une reprise du fief de la Motte-Merrey par Isabeau de Camisy, veuve de Pierre de Lenoncourt, écuyer, seigneur de Merrey et Chauffour, ayant la garde de ses enfants. Pendant les guerres de religion, les héritiers de la maison de Lenoncourt vendirent leur terre de Merrey, en 1596, à un membre de la famille Chapotel, famille connue à Bar-sur-Seine depuis plus de 400 ans. La seigneurie de Merrey passa par alliance, de cette famille à Claude Coquin, écuyer, seigneur de Fontaine, qui la vendit ensuite à Jean Colbert en 1654. Pendant ce temps, les guerres religieuses et celles de la Ligue avaient encore ruiné Merrey de fond en comble, l’incendie avait anéanti une partie de ses habitations. Voici les circonstances qui amenèrent ces désastres. L’armée royale, commandée par le maréchal d’Aumont, venait de s’emparer de Bar-sur-Seine. Les habitants de Merrey décidèrent de n’opposer aucune résistance. Mais un ligueur forcené, le moine Andelot, violent et intrépide, prit le commandement de la place, fit réparer les murailles et couper le pont. La défense fut de courte durée. L’armée royale, furieuse de rencontrer de la résistance, se livra aux plus cruelles représailles. Le château fut détruit, le village pillé et ensuite brûlé. Plus de 400 personnes périrent dans cette lutte, et la population se trouva réduite à 100 habitants, dont 12 veuves. Tous les bâtiments du prieuré ayant été détruits, Claude Coqueley, qui en était prieur, commençait à les faire relever, lorsqu’en 1663, une nouvelle occupation par les reitres d’Allemagne vint arrêter ces travaux. Les maladies contagieuses et la misère réduisirent la population à 60 habitants, qui se trouvèrent dénués de tout, sans gîte et sans pain. Merrey avait été incendié 4 fois en moins d’un quart de siècle ! Malgré la misère affreuse dans laquelle étaient plongés les habitants de Merrey, ils se trouvèrent astreints à loger toutes les troupes qui devaient séjourner à Bar-sur-Seine. Le 18 juin 1664, il y eut reprise du fief de la terre de Merrey, par Edouard Colbert, le conseiller du roi et maître d’hôtel de la reine. Gilbert Colbert succéda à ce dernier en mai 1705, et enfin dame Gabrielle de Colbert vendit le fief de la Motte-Merrey à Claude Douge. En 1767, cette terre appartenait à Joseph de Noirmont, et, en 1777, à demoiselles Grilland et Simon, qui possédaient Villeneuve. En 1815, Merrey fut occupé par un corps considérable de Russes et d’Autrichiens.

 

Les moines de Molesme avaient établi à Merrey, 2 foires pas année. Les seigneurs et les prieurs de Merrey se partageaient les droits de haute, moyenne et menue justice. Comme cette terre était morcelée entre plusieurs seigneurs justiciers, des croix, plantées aux lieux de délimitation, indiquaient aux habitants qu’ils se trouvaient sur les terres de tel ou tel seigneur. Cette méthode remplaçait les poteaux écussonnés, que l’on brisait fréquemment, tandis que les croix étaient toujours respectées : il y avait la croix des Craies, la croix du Val-Buisson, la croix du Rang et la croix de la Feuillée.

 

         Le village de Merrey est arrosé d’un côté par l’Arce, et de l’autre par l’Ource. Merrey était traversé par le grand chemin des Rouliers, de Paris à Langres. Le sol où est situé Merrey, était riche et généreux, la vigne, les prairies, les céréales y croissaient abondamment.

 

L’église de Merrey, dédiée à Saint-Pierre, est du XVI° au XVIII° siècle. Elle est surmontée d’une tour carrée en tuiles.

 

Le roi François 1er, passant à Bar-sur-Seine, le curé et le seigneur prièrent le roi de vouloir bien apposer sa signature au bas de l’acte d’un arrangement pour que le futur édifice ne fasse qu’un seul et même édifice servant de prieuré et de paroisse. Le roi y consentit, à condition que l’on fasse à perpétuité, dans cette église, une prière pour lui et toute sa famille.

 

La première pierre de cette église fut posée solennellement en 1550, et achevée seulement en 1619. Les 2 principales statues qui ornent l’autel, les apôtres saint Pierre et saint Paul, sont considérées comme 2 véritables chefs-d’œuvre. 

 

L'ajout de sur-Arce à Merrey a été autorisé par décret le 4 février 1919

 


 

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