Blason de St Phal
Blason de St Phal

Le département



Saint-Phal Georges de Vaudrey


Le musée de la ville de Troyes possède un intéressant portrait d’homme en buste, dont vous voyez la reproduction ci-contre. L’inscription mise en haut du tableau nous apprend que ce personnage est Georges de Vaudrey, marquis de Saint-Phal.

 

Si nous consultons la généalogie de Vaudrey produite en 1670 devant M. De Caumartin (Louis-François Le Fèvre de Caumartin de Boissy d'Argouges 1624-1687), intendant de Champagne (1667 à 1673), nous voyons que 2 membres de cette famille ont porté le prénom de Georges et possédé la seigneurie de Saint-Phal, que l’un était mort en 1608 et que l’autre, fils du premier, mourut en 1616.

 

Quel est donc celui des 2 Georges que représente la peinture du Musée de Troyes ?

 

         M. Jules Quicherat (historien et archéologue 1814-1882) a reproduit dans son « Histoire du Costume en France » de 1875, d’après une gravure du temps, le portrait du maréchal de Souvré, gouverneur de Louis XIII. Il est vêtu de la même manière que notre Georges de Vaudrey et porte notamment une collerette de forme tout à fait semblable, comme d’ailleurs Louis XIII ! Le savant auteur date son costume des années de la jeunesse de Louis XIII. On sait que ce prince naquit en 1601 et monta sur le trône en 1610. Ce serait donc entre 1601 et 1610 environ qu’aurait été peint le portrait de Georges de Vaudrey. Mais il n’est pas toujours possible de déterminer, même approximativement, l’âge d’une personne d’après sa physionomie. M. Eugène Le Brun-Dalbanne (1814-1880) a consacré quelques pages à l’étude de ce portrait, dont il a cherché à déterminer l’auteur, et il a conclu en faveur de Louis Le Nain (1593-1648). Mais, à quelle époque a-t-il commencé de peindre des portraits ? On l’ignore.

 

         Je vais vous donner tout ce que je sais sur ces 2 de Vaudrey, qui sans doute devrait intéresser les habitants de Saint-Phal.    

 

Georges II de Vaudrey était le fils de Georges 1er de Vaudrey, gouverneur et bailli de Troyes en 1853, et de Jeanne du Plessis de Beaupréau. Cette dernière mourut à Paris en avril 1854, et ses restes mortels furent transférés à Troyes et inhumés en l’église collégiale de Saint-Etienne. Tout le clergé, tous les corps de la ville, les pauvres des hôpitaux de Saint-Nicolas, de la Trinité et de Saint-Bernard, 100 autres pauvres, dont 50 étaient de la terre de Saint-Phal, avec des torches, se rendirent en cette église pour le convoi.

 

Le père de Georges II, en qualité de bailli de Troyes, fonction qu’avait également remplie Anne de Vaudrey, son grand-père, seigneur de Saint-Phal et bailli de Troyes, était le premier personnage du pays. On sait en effet que les baillis, malgré les restrictions apportées à leurs attributions primitives, étaient encore dans les derniers siècles de la monarchie, des fonctionnaires occupant une haute situation. C’est ainsi que la reine de France, Louise de Lorraine (1553-1601), épouse d’Henri III, roi de France (de 1575 à 1589), passant à Troyes le 7 juillet 1582, revenant de son pays natal, après avoir été se loger à Saint-Lyé, maison de campagne de l’Evêque de Troyes, le lendemain, elle alla coucher au château de Saint-Phal, où elle fut reçue somptueusement par Georges de Vaudrey, marquis de Saint-Phal. Elle en partit ensuite pour se rendre en Bourbonnais, où le roi devait se trouver.

 

         Georges II épousa en 1608 Anne Largentier, fille de Nicolas Largentier, baron de Chapelaine, seigneur de Chamoy et de Vauchassis, et de Marie La Mairat. Il était alors chevalier de l’ordre du Roi. Son grand-père, Anne de Vaudrey, bailli de Troyes du 28 novembre 1559 au mois de février 1579, époque de sa mort, fut élu député de la noblesse du baillage de Troyes aux Etats-Généraux de 1560 et 1576. Il prit part au siège de Vézelay en 1569, en qualité de maréchal de camp, et se signala par son intolérance envers les protestants. Enfin, il acquit un triste renom en devenant l’un des exécuteurs de la Saint-Barthelemy à Troyes (voir ce chapitre). Le 4 septembre 1572, il fit massacrer 45 personnes qu’il avait fait incarcérer peu de jours auparavant et qui étaient convaincues ou simplement soupçonnées, d’avoir favorisé la propagande des idées de la Réforme.

 

         Le bailli Anne de Vaudrey tombe malade en janvier 1579, et meurt au château de Saint-Phal fin février. " Avant d’aller rendre son compte à Dieu, il fut les 8 derniers jours de sa vie, agité d’horribles frayeurs, d’un grand effroi, de tremblements et de chagrin. Pendant celle qui précéda son décès, il blasphémait, furent entendus en sa chambre des cris fort épouvantables de voix horribles et confuses,  qui ne cessèrent qu’à sa mort ". Un service fut célébré en son honneur, à Saint-Etienne, le bailli étant paroissien né de cette collégiale de fondation royale. Anne de Vaudrey eut pour successeur son fils Georges, seigneur de Saint-Phal, marquis de Beaupréau, dans sa fonction de bailli. Le château de Saint-Phal fut contesté par sa mère. Il se fait alors appuyer, dans ses prétentions, par l’échevinage, en raison de la sûreté que ce château donne à la ville contre les ennemis venant de Tonnerre et de l’Auxerrois.

 

Georges 1er, fils d’Anne et père de Georges II, se rallia au Béarnais, et lorsqu’en 1592, le duc de Guise mit le siège devant le château de Saint-Phal, la garnison résista courageusement sous les ordres du capitaine La Planche. Le duc de Guise dut lever le siège. Ses soldats se vengèrent de leur insuccès en mettant le feu au pays dont un tiers fut brûlé.

 

         Voici un fait, dont le principal auteur est Georges-Anne-Louis de Vaudrey, chevalier, seigneur de Saint-Phal, descendant de 2 anciens baillis de Troyes, assisté de 22 de ses domestiques ou sujets. La plainte lui reprochait d’être, en 1660, entré dans la chapelle de Mâchy, pendant les vêpres, d’avoir interrompu le service, fait sortir le prêtre et cesser l’office, d’avoir maltraité les habitants de saint-Phal, d’avoir enlevé, sur le grand chemin, Jeanne Aubron, fiancée d’Etienne Gauthier, d’avoir amené cette fille dans son château en la plaçant en croupe sur son cheval, de l’avoir forcée et violée, d’avoir battu et excédé ledit Gauthier qui s’opposait à l’enlèvement de sa fiancée, d’avoir avec plusieurs de ses domestiques et Taulin, son fils naturel, battu dans sa maison une femme, laissée pour morte, d’avoir abattu et démoli, dans Saint-Phal, plus de 20 maisons et la halle, où se tenait le marché et l’auditoire (enceinte où l’assemblée se réunit), d’avoir obligé les habitants à tenir leurs plaids (assemblées) dans son château, et exigé d’eux chacun 3 livres pour avoir le droit de vendanger, d’avoir saisi chevaux, voitures et vendange et emmené les gens prisonniers au château, de les avoir battus et maltraités, mis au cachot pendant 15 jours, et exigé d’eux 3 livres pour leur rendre la liberté, d’avoir fait dépouiller et vendanger 12 arpents de vigne, et d’avoir battu et emprisonné plusieurs habitants pendant 7 mois… …

 

Pendant l’instruction, de Vaudrey fut arrêté et retenu prisonnier. Il obtint sa remise en liberté sous caution et ne reparut plus. Les complices furent laissés en liberté et tous furent condamnés par défaut. Ils furent bannis par le Parlement, les grands-Chambres, la Tournelle et celle de l’Edit assemblées, à cause de la qualité du principal coupable, pour 3 années de la prévôté de Paris, du bailliage de Troyes et de celui de Saint-Phal, avec injonction de garder leur ban (terme de féodalité, convocation des vassaux directs du roi pour le service militaire), sous peine de la hart (la corde dont on étranglait les criminels). Ils furent condamnés à 800 livres parisis de dommages-intérêts envers le sieur et dame de Portebize, plaignants, 400 livres d’amende, applicables au pain des prisonniers de la conciergerie du Palais. De Vaudrey fut condamné, aussi par défaut, en 8.000 livres de dommages-intérêts, 2.400 livres pour le pain des prisonniers, à tenir prison pour lesdites sommes. Il lui fut fait défense de récidiver, sous peine de la vie, ni de tenir les prisons et auditoire de sa seigneurie, dans l’enceinte de son château. Il fut condamné à construire d’autres prisons, qui ne pouvaient être plus basses que le rez-de-chaussée, et aussi un auditoire. Les plaignants sont déclarés exempts de tous droits seigneuriaux envers le condamné et sont placés sous la sauvegarde du roi (arrêt du 13 février 1665).

 

Georges-Anne-Louis de Vaudrey n’était pas seulement violent et emporté, car d’autres faits de cette sorte lui sont reprochés. Il régit mal ses domaines, se mésallie en épousant Jeanne Aubron, qu’il avait enlevée et enfermée dans son château, et dont il eut 2 filles qui firent des mariages en dehors de la condition de leur père, qui déjà avait un enfant naturel, qui, sous le nom de Jean Taulin, prenait part aux nobles actions de son père.

 

Enfin, en 1672, la seigneurie de Saint-Phal fut saisie sur lui, achetée sur décret par le comte d’Avaux, qui bientôt revendit cette belle seigneurie au comte d’Aiguilly, Nicolas Dauvet Desmarets, grand-fauconnier de France. Pendant cette dernière procédure, Georges de Vaudrey commit contre les gardiens en grand nombre des violences extrêmes, s’empara du château de Machy (18 km de Troyes) et se réfugia dans celui de Chamoy, d’où il menaçait sans cesse les gardiens de Saint-Phal et les nouveaux acquéreurs.

 

Peut-être, M. le Maire de Saint-Phal pourra-t-il m’aider à trouver quel est celui des 2 Georges que représente la peinture du Musée de Troyes ? Je ne manquerai pas de vous mettre sa réponse.

 


Sur le bandeau du  bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse. 

Cliquez sur "Nouveaux chapitres"  vous accédez aux dernières pages mises en ligne.


Rechercher sur le site :