Le département



Blason de Thennelières
Blason de Thennelières


Eglise SaintLéon II de Thennelières
Eglise SaintLéon II de Thennelières

Le village de Thennelières, aujourd’hui petite commune de 340 âmes, eut, dans le moyen-âge, une importance féodale et des jours de splendeur dus aux trois maisons seigneuriales qui s’y sont succédé.

On y voyait un château fortifié, entouré d’une double enceinte de fossés profonds, qui jouait un rôle dans la défense de notre pays, et qui contribuait à couvrir les abords de la ville de Troyes. Jusqu’au milieu du XVII° siècle, des gardes veillaient sur ses murailles, et sa garnison recevait les ordres du Gouverneur de Champagne.

La première et la plus illustre famille qui ait possédé Thennelières est celle de Dinteville. Cette maison est originaire de Bourgogne, où elle jouait un rôle important dès la première moitié du XIII° siècle. Ce sont les ancêtres de Jean de Dinteville, seigneur de Thennelières, bailli de Troyes, né en 1504, qui possédaient ce domaine au XIV° siècle, en même temps que des seigneuries de Polisy et des Chenets. La terre de Thennelières resta dans cette famille jusqu’au commencement du XVII° siècle, époque à laquelle Claude de Dinteville, dame des Chenets et de Thennelières, apporta ces seigneuries en dot à M. de Canillac, Vicomte de Cessac.

Thennelières passa ensuite à MM. Le Noble. Ceux-ci le possédèrent jusqu’en 1720. A cette époque, dame Marie Le Noble, unique héritière de cette famille, épousa M. Jean Paillot (ancienne noblesse de Picardie), à qui elle donna par contrat de mariage, les terres de Thennelières, de Belley et de Laubressel. Ce fut en faveur d’un descendant de cette maison, M. Jean Nicolas Paillot, et en considération des services de ses ancêtres et des siens propres, que la terre de Thennelières fut érigée en comté, sous le nom de comté de Paillot, par lettres patentes du mois de mai 1765.

A partir de ce jour, ce village fut débaptisé de son antique nom de Thennelières, pour prendre officiellement celui de Paillot, qu’il garda jusqu’à la Révolution, après laquelle il recouvra son ancienne dénomination.

La statue d’un mausolée de l’église de Thennelières, dont vous voyez ci-joint le dessin, représente les lignes et l’attitude de Louise de Coligny, fille de Philibert de Coligny, seigneur de Crécia, veuve de Gaucher de Dinteville. Celle que nous voyons ainsi immobile et impassible eut pourtant une vie bien agitée et orageuse. Elle passa tour à tour de la situation la plus prospère et de la plus éclatante faveur aux périls les plus sérieux et à la disgrâce la plus complète. Son mari, capitaine de Bar-sur-Seine, et gentilhomme de la chambre du duc d’Orléans, fut impliqué dans l’accusation portée contre ses frères au sujet de l’empoisonnement du Dauphin, fils de François 1er. Lavés de cette accusation par un arrêt, les Dinteville n’en furent pas moins forcés de quitter la France et de se retirer à Venise pour fuir le ressentiment du roi. Ils perdirent toutes leurs charges et tous leurs biens, et vécurent dans la pauvreté et dans l’exil jusqu’à l’avènement du roi Henri II, qui les rappela et leur rendit leurs possessions et leurs dignités.

C’est à peine si Gaucher Dinteville put jouir de cet heureux changement de fortune, car il mourut en 1550. Sa veuve, Louise de Coligny, lui survécut 30 ans, et mourut le 24 août 1580.

La statue qui nous occupe était la partie principale du monument qui lui fut élevé. Elle est en marbre blanc, de grandeur naturelle, et aussi remarquable par la beauté de la matière que par le fini de l’exécution. Autrefois, la statue était couchée sur une magnifique table de marbre noir, d’un seul morceau, sculptée en lit de repos, et elle était dans le croisillon nord de l’église de Thennelières. Mutilée, elle a été restaurée. Nous ne savons pas à quelle époque a eu lieu cette stupide profanation. Une main pieuse a pris soin de relever la funèbre image et de l’incruster, debout et droite, dans le mur latéral de la chapelle.

Ce souvenir de la puissante famille des Dinteville n’est pas le seul dans l’église de Thennelières. On y voit encore, en état de parfaite conservation, le curieux carreau de marbre, mi-partie blanc et noir, pieux monument dédié en 1554, par Anne Duplessis à son époux Gaucher de Dinteville.

Qu’est devenue la boîte de plomb que recouvrait ce carreau, et qui contenait le cœur de ce chevalier ? On n’a pu l’apprendre. Ce carreau commémoratif est incrusté maintenant dans le pavé de l’église, près de la dernière marche d’un autel.

Il y a aussi, dans la croisée du midi, un beau vitrail qui représente un évêque que saint François présente à saint Jérôme. Cette vitre, donnée en 1524 par François de Dinteville, évêque d’Auxerre, est d’une magnifique exécution. La partie du milieu a été brisée et remplacée pas des verres blancs.

         Voir dans le chapitre « guerre » : « Le combat de Laubressel », de mars 1814 avec Napoléon.

 


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