Balzac s’est toujours intéressé aux phénomènes économiques. A Arcis-sur-Aube, trois choses l’ont frappé : d’abord, l’intense activité du port, ensuite le genre de matériaux employés à la construction des maisons : craie, levis, pisé, rarement brique. La pierre, encore plus rare est réservée aux édifices publics. Ce qui en troisième lieu est fortement noté dans « Le Député d’Arcis », c’est la création de richesses par l’activité des hommes dans un pays pauvre. Pauvre en apparence ! Balzac ne s’y trompe pas : « On voit, par l’énergie industrielle que déploie un pays pour qui la nature est marâtre, quel progrès y ferait l’agriculture si l’argent consentait à commanditer le sol qui n’est pas plus ingrat dans la Champagne qu’il n’est en écosse ». Vue réellement prophétique !
Ailleurs, il écrit : « Ainsi, la petite ville d’Arcis, sans transit, sans passage, en apparence vouée à l’immobilité la plus complète, est relativement, une ville riche et pleine de capitaux lentement amassés dans l’industrie de la bonneterie. Presque toute la bonneterie de France, commerce considérable, se fabrique autours de Troyes. La campagne, dans un rayon de 10 lieues, est couverte d’ouvriers dont les métiers s’aperçoivent par les portes ouvertes quand on passe dans les villages… ».
Ce roman, « Le Député d’Arcis », ne « figure pas au rang des chefs d’œuvre ». Seule la première partie, « L’Election », est entièrement de la main de Balzac et parut en feuilleton dans « L’Union monarchique » du 7 avril au 8 mai 1847. Commencée dans l’enthousiasme, cette histoire destinée à être une vaste étude des jeux politiques dans le cadre d’une petite ville française, ce roman, « présentera bientôt d’insurmontables difficultés de réalisation ».
Balzac a séjourné à Arcis-sur-Aube, entre le 9 juin et le 13 juillet 1842. Ce dernier jour, il écrit à Mme Hanska : « Pendant l’intervalle que j’ai mis entre ma dernière et celle-ci, et qui est motivé par ce que je vous y disais, je suis allé à Arcis-sur-Aube pour y voir le pays, car je mets la scène du roman que je fais pour vous aller voir, et j’ai vu ces lieux mémorables, où l’Empereur a combattu, et la maison où Danton est né ».
Le titre de son roman est alors « Un député de Province ». Le 15 novembre, il devient « Le Député d’Arcis ». En mars 1843, il déclare : << J’ai renoncé au « Député d’Arcis », c’était trop long et trop difficile >>.
Lorsqu’il séjourna à Arcis, il habita chez Maître Passez. Ce notaire était l’ami du père de Balzac, Bernard-François, et Honoré fréquenta son étude à Paris en 1818 et 1819. Les sœurs de Balzac fréquentaient aussi la famille Passez.
Sur Arcis, il cite : « Un Parisien trouverait tout cela prodigieusement champêtre et solitaire… Le pont d’Arcis est en bois. A cent mètres de ce pont, en remontant l’Aube, la rivière est barrée par un autre pont sur lequel s’élèvent les hautes constructions en bois d’un moulin à plusieurs tournants… On aperçoit l’éminence sur laquelle sont assis le château d’Arcis et son parc, ses murs de clôture, ses arbres, qui dominent le cours supérieur de l’Aube et les maigres prairies de la rive droite. Le bruit qui s’échappe au-delà de la chaussée des moulins par-dessus le barrage, la musique des roues contre lesquelles l’eau fouettée retombe dans le bassin en y produisant des cascades, animent la rue des Ponts… ».
Balzac use à Arcis de l’extraordinaire don d’observation que lui reconnaissent les critiques contemporains.
Sainte Geneviève poussa jusque là pour ravitailler Paris, l’Aube n’étant pas navigable en amont recevait les brelles, trains de bois descendant par flottage et chargés à Arcis dans des péniches. On en vit jusque vers 1914.
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