Le 29 mai 1859, les rues de Brienne s’encombrent d’une multitude de personnes accourues de toutes les localités du département de l’Aube.
Les maisons sont pavoisées, et la grande place est ornée de mâts portant de superbes écussons aux armes impériales.
Partout se déploie un appareil de fête que le ciel semble favoriser. Ce jour-là, Brienne veut solennellement constater le séjour que fit le jeune Bonaparte dans son antique école, et lui dresser une statue devant son hôtel de ville, pour en perpétuer le souvenir.
Trois heures sonnent : MM. les sous-préfets et MM. les maires du canton reçoivent M. le préfet.
Après avoir visité l’Hôtel-de-Ville nouvellement construit, le cortège prend place sur l’estrade qui lui est réservée, tandis que de nombreux invités se rangent sur deux autres estrades placées à droite et à gauche. Plus bas, sur la place et autour de la statue qu’un voile dérobe aux regards, se tiennent les médaillés de Sainte-Hélène, ces glorieux soldats de nos valeureuses armées, dont la plupart portent de nobles cicatrices.
Au signal donné par M. le préfet, le voile tombe, et le grand homme paraît sous le costume d’élève de Brienne.
C’est bien lui : l’une de ses mains tient la « Vie des hommes illustres », de Plutarque, lecture favorite du jeune Bonaparte. A la vue du bronze (œuvre de M. Rochet) qui rappelle si heureusement la tenue, les traits et l’expression de la figure du jeune héros, les applaudissements retentissent et le cri « Vive l’Empereur ! » s’élève sur la place et dans toute la rue principale de la ville.
Au milieu de cette touchante émotion, M. le préfet prononce un discours plusieurs fois interrompu par des applaudissements, et dans lequel il retrace avec éloquence les souvenirs historiques qui se rattachent à cette tardive inauguration.
De la place de l’Hôtel-de-Ville, le cortège se rend à l’église Saint-Pierre, qui doit d’importantes restaurations à la munificence de l’Empereur.
« Un orateur distingué rappelle aux assistants les témoignages de vive affection donnés par Napoléon 1er à la ville de Brienne ».
A six heures, des banquets réunissent les médaillés de Sainte-Hélène, les sapeurs-pompiers et les principaux fonctionnaires du département. Celui des fonctionnaires est dressé dans le réfectoire de l’ancienne école militaire. Des toasts sont portés par M. le préfet et par « plusieurs personnes de distinction ». Des acclamations chaleureuses retentissent, lorsque M. Richaud, proviseur au lycée de Troyes, se lève et lit un poème de plus de 100 vers, de sa composition. Le poète termine en remerciant « la Providence de nous avoir donné pour souverain le noble héritier du célèbre élève des Pères Minimes, Napoléon III, sous lequel s’accomplissent de grandes choses, et dont l’Europe admire la valeur et le génie. La ville de Brienne gardera longtemps le souvenir de cette belle fête, et les étrangers pourront, en contemplant la statue du jeune Bonaparte, se rappeler une des pages glorieuses de l’histoire de cette contrée ».
La statue de Napoléon, en bronze, est une sculpture de Louis Rochet, réalisée en 1855, dont l'original en plâtre est conservé à la Malmaison. Il existe plusieurs exemplaires en bronze qui rendent hommage à Napoléon qui, durant la période de mai 1779 à octobre 1784, étudia à l'école militaire.
La statue représente Napoléon Bonaparte âgé d’une quinzaine d’années en costume de l’école militaire de Brienne. Debout il tient un livre, « La Vie des hommes illustres de Plutarque », de la main droite. Sa main gauche est glissée dans l’échancrure de son gilet. Cette attitude est devenue assez caractéristique des représentations de l’Empereur. Il a la tête légèrement penchée et un globe, sur lequel est représenté le continent asiatique, est posé à l’arrière de sa jambe gauche. Sa coiffure est détachée comme pour montrer l’indépendance que voulait le jeune homme au moment de quitter l’école. Le socle de la statue est posé sur un piédestal en marbre vert et noir entouré d’un demi-cercle en pierre blanche de Châtillon et fermé par une grille en fonte dorée. Ce socle est richement décoré, quatre aigles sculptés ornent chacun des coins, trois des faces du socle sont ornées respectivement par les attributs impériaux, le Code Civil et la Balance. L’autre face, à l’avant de la statue comporte une inscription qui rend hommage à la ville : « Pour ma pensée, Brienne est ma patrie, C’est là que j’ai ressenti, Les premières impressions de l’homme ».
La statue, propriété de la commune, est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis le 28 juin 1995.
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