La collection des carreaux vernissés, incrustés, historiés et faïencés du Musée de Troyes se compose d’environ 260 pièces différentes. La présence de plusieurs carreaux semblables est précieuse, parce qu’elle permet de reconstituer le dessin de quelques rosaces.
Il existe d’autre part, dans la série des carreaux portant des inscriptions, des lacunes regrettables, car elles rendent impossible la lecture de ces inscriptions, qu’il serait important de connaître.
La collection peut-être divisée en 4 parties :
1) Carreaux vernissés et incrustés du Moyen Âge. Les carreaux historiés ont été fabriqués dans un but entièrement décoratif.
2) Carreaux vernissés et incrustés de l’époque de la Renaissance.
3) Carreaux vernissés à dessins en relief.
4) Carreaux faïencés, division qui comprend des Carreaux Hispano Moresques, et des Carreaux en faïence.
Un carreau est dit « vernissé » lorsque sa face apparente est recouverte d’une mince couche d’émail translucide à base de plomb.
En général, les anciens carreaux sont de petites dimensions. Au Moyen Âge, ils ont de 9 à 13 centimètres de côté et une épaisseur presque invariable de 2 cm, à l’époque de la Renaissance et depuis, on en rencontre qui mesurent jusqu’à 21 cm de côté et sont épais de 4 cm.
Le peu de résistance que les carrelages en terre vernissée opposaient au frottement des pieds fit qu’on les employa surtout dans les édifices où le piétinement était le moins fréquent, tels que les chœurs et les chapelles.
C’est aussi sans doute pour parer à l’usure de ces carrelages que l’on prit, au Moyen Âge, l’habitude de répandre de la paille dans les églises au jour des grandes fêtes, coutume qui s’est perpétuée jusque dans le cours du XVII° siècle.
L’emploi des carreaux en terre pour le pavage des édifices remonte à une époque fort ancienne, contemporaine de l’emploi des briques dans la construction des maisons.
Les Babyloniens, les Egyptiens et les Perses appliquèrent l’émail aux briques de leurs temples et de leurs palais. Les Romains n’en firent pas usage et donnèrent la préférence à la mosaïque, parce qu’elle est beaucoup plus résistante et aussi parce qu’ils avaient à leur portée les marbres les plus durs et les plus précieux.
Les croisés, par suite de leur séjour en Orient, avaient pris le goût du luxe et recherchaient l’éclat et le faste dans tout ce qui les entourait. Leurs châteaux et leurs manoirs furent ornés avec une recherche tout asiatique, et c’est alors que figurèrent sur les carrelages les pièces d’armoiries, les fleurs de lys, les rosaces, les animaux de toutes sortes, les chimères, les griffons, les personnages, les danses et les inscriptions.
Vous trouverez dans le chapitre « Tuileries de l’Aube », la liste des tuileries, où étaient fabriqués ces carreaux vernissés.
Voici quelques anciens carrelages dont je donne la reproduction ci-dessous :
De la chapelle de la Passion dans l’ancien couvent des Cordeliers de Troyes, de l’abbaye de Saint-Loup à Troyes, du couvent des Jacobins de Troyes, de l’abbaye de Montier-la-Celle, de l’église Saint-Urbain à Troyes, de l’église Saint-Nicolas à Troyes, du château de Périgny-la-Rose (canton de Villenauxe), du château de Chaource.
Les carreaux vernissés à dessins en relief étaient surtout destinés à revêtir les murs ou les pans de bois. Ils sont rouges, noirs, verts ou jaunes, et chacun d’eux est percé de 2 ou 3 trous destinés à recevoir des attaches.
Bien que fabriqués pour être employés au revêtement des murailles, on s’en est servi quelquefois pour les carrelages, dans les endroits où ils n’avaient pas à redouter l’usure causée par le frottement de pieds.
On appelle carreaux « hispano-mauresques », des terres cuites recouvertes d’une couche d’émail, et sur laquelle existent des dessins au pinceau de couleurs diverses, à reflets métalliques, dorés ou cuivrés. Ces carreaux à reflets métalliques étaient surtout employés pour le revêtement des murailles.
La collection du Musée de Troyes serait beaucoup plus considérable si, à une époque éloignée et dans un temps où l’on attachait fort peu d’importance à ces petits monuments d’un autre âge, parce qu’on les rencontrait alors beaucoup plus communément qu’aujourd’hui, on n’avait pas eu la malencontreuse idée de les employer en grand nombre au pavage d’une galerie.
Ces terres cuites sont encore en place, mais il est impossible de les réintégrer dans la collection, car leur surface est usée et ne présente que des traces informes de vernis et d'inscrustations.
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