Village disparu !
En 456, lorsqu’une cruelle famine sévit dans Lutèce, sainte Geneviève entreprend un voyage en Champagne afin d’y quérir les blés nécessaires à l’alimentation de la population parisienne. Elle suit les bords de la Seine et de l’Aube et arrive à Arcis-sur-Aube où, après avoir guéri miraculeusement d’une longue paralysie la femme du comte Passin, seigneur du lieu, elle ramasse, dit la chronique, une telle quantité de blé, qu’elle en charge 11 bateaux.
La tradition locale atteste que dans son voyage, et avant d’atteindre Arcis, Geneviève, suivant la voie de Rhèges, s’arrête dans la campagne, au lieu appelé depuis Froide-Parois (Frigidi-Parietes) pour y prendre son repos.
La réputation de l’humble bergère brille déjà d’un vif éclat, aussi, de toutes parts on accoure pour contempler la vierge héroïque et sainte qui vient de sauver Paris de l’envahissement des hordes huniques. La légende rappelle qu’elle est accueillie par une multitude de peuple qui s’arrache des parcelles de ses vêtements et lui présente des malades qu’elle bénit et guérit.
Le peuple veut consacrer par un souvenir durable la mémoire de cet événement. Sur le point le plus élevé du delta de Méry, à l’angle formé par la voie de Rhèges et le chemin de Voué, une modeste chapelle, qui est édifiée sous le vocable de Sainte-Geneviève, et devient le centre d’habitations rurales dont l’agglomération forme bientôt un village. Elle est alors érigée en paroisse dépendante de l’archidiaconé et doyenné d’Arcis, avec cure à la collation de l’évêque de Troyes.
Dans le compte de l’aide accordée en 1381 au roi Charles VI par le clergé du diocèse, le curé de Froide-Parois est taxé à 21 sous.
Autrefois, les rois de France, succédant aux comtes de Champagne, sont seigneurs de Froide-Parois où chaque feu leur doit un muid (3,7 m3) d’avoine à titre de sauvement. A la fin du XIII° siècle, la seigneurie, tenue en fief par Perrins de Frigidis Parietibus, relève du château de Méry, qui appartient au roi.
Le village a beaucoup souffert pendant les guerres désastreuses de l’invasion anglaise. Déjà abandonné en grande partie au commencement du XV° siècle, son nom seul est indiqué sans aucune mention de taxe dans le pouillé du diocèse, rédigé en 1407. Il en est de même en 1457, dans le Rôle envoyé par l’ordre du Pape au doyen de la chrétienté d’Arcis, « pour défense de la foi contre les perfides Turcs ».
Par suite de cette émigration, la paroisse est supprimée, et, depuis 1427 son territoire est réuni à celui voisin de Chapelle-Vallon ou Petites-Chapelles appartenant au Chapitre de Saint-Pierre de Troyes.
Froide-Parois, passant ainsi du doyenné d’Arcis à celui de Troyes, perd jusqu’à son nom et n’est plus guère désigné que sous le nom de Chapelotte, à cause de son église qui continue de subsister à titre de simple chapellenie.
Au commencement du XVII° siècle, il n’ya plus, de mémoire d’homme, de maison à Froide-Parois.
Cependant, dans les années 1676 et suivantes, nous trouvons encore des procès-verbaux d’élection de collecteurs de l’impôt dressé par un notaire « en sa seigneurie de Froide-Parois, résidant à Chapelle-Vallon ».
Au XVII° siècle, les revenus de la Chapellenie sont des plus minimes : ils consistent seulement en 13 arpents et demi de terre et 7 quartiers et demi de prés, sis au finage de Mergey et pour lesquels le 1er juin 1609, Denis Chambrillon, demeurant à Troyes, « curé de la chapelle de Froide-Parois », fait hommage à messire Charles de Villemonté, sieur de Saint-Sépulcre, Mergey, Chauchigny et autres lieux.
En 1728, Charles Le Verrier de Chanvallon, « prêtre, vicaire de Sainte-Marie-Madeleine de Troyes, chapelain de Sainte-Geneviève de Froide-Parois ou Petites Chapelles et de Saint-Vincent d’Herbisse », fait déclaration à l’Assemblée générale du Clergé de France, pour un revenu de 25 livres, chargé de 2 grandes messes par an.
Un registre de l’ancienne confrérie de Sainte-Geneviève de Froide-Parois, fait mention de la reconstruction de cette chapelle qui menaçait ruine. Félix-Emmanuel Michaux, prêtre de Paris et chapelain titulaire de Saint-Geneviève, la fait rétablir et la bénédiction du nouvel édifice est faite le dimanche 8 juin 1755, par Edme-François Michelin, curé de Montsuzain, délégué de Monseigneur Poncet de la Rivière, évêque de Troyes.
En 1793, la Chapelotte de Sainte-Geneviève tombe, comme tant d’autres, sous le marteau des démolisseurs. Ce n’est qu’en 1842 qu’elle peut être rétablie, grâce aux souscriptions des habitants, par M. Bouquet, curé des Chapelles. L’inauguration a lieu le 15 août avec le concours du clergé et des populations des paroisses environnantes, et l’antique statue de Sainte-Geneviève, sauvée des fureurs de la Révolution, est replacée dans le nouveau temple.
Au nord-est de Chapelle-Vallon, près de la chapelle de Sainte-Geneviève, au lieudit « Derrière-la-Chapelle », des substructions en silex, sont les seuls vestiges de l’ancien village de Froide-Parois.
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