Les châtellenies sont les principaux éléments de la géographie féodale. Après elles viennent les fiefs et les arrière-fiefs, qui relèvent d’elles.
En quoi consistaient-elles ?
L’institution des châtellenies date de l’époque féodale et remonte au X° siècle.
On désignait sous ce nom des divisions territoriales correspondant aux grands fiefs détenus par des seigneurs appartenant à la classe supérieure de la chevalerie et portant les titres de comtes, barons et chevaliers bannerets (jeunes nobles ayant déjà acquis des fiefs), désignés parfois sous les noms de « sires » et de « châtelains ».
Au début du XI° siècle, presque tous les emplacements favorables à la construction des châteaux forts étaient occupés.
La châtellenie, organisation du pouvoir civil et chef-lieu de circonscription militaire féodale, empruntait son nom à la forteresse, au château, capable de soutenir un siège en règle, et devenu le siège et le centre d’une domination judiciaire et politique qui s’étendait aux environs.
Il y eut 2 catégories de châtellenies : les châtellenies royales et les châtellenies seigneuriales. Les premières comprenaient chacune une portion du territoire appartenant au domaine de la Couronne, et dont les titulaires ou châtelains relevaient immédiatement du roi. Ces châtellenies exerçaient les droits de haute justice et les appels de leur sentences étaient porté devant les baillis et sénéchaux royaux.
Le roi, ayant les droits de justice, se faisait représenter dans l’étendue de son territoire par un juge investi d’une commission qui l’autorisait à rendre la justice. La châtellenie était devenue alors une institution publique, un tribunal.
Jusque là, c’est au seigneur qu’appartenait le droit de lever des soldats, charge qui fut attribuée au « bailli ». Ce dernier avait sous sa direction les « prévôts », qui étaient chargé de la justice dans les chefs-lieux des circonscriptions féodales correspondant à peu près à nos cantons actuels.
Les prévôts avaient sous leur main des juges de dernier ordre dans les villages du ressort. Chacun d’eux rendait la justice aux habitants de ces localités. On les appelait les « juges-maires ». Le tribunal des prévôts était ambulatoire et ils tenaient leurs plaids, tantôt dans un village de la châtellenie, tantôt dans un autre.
Sous Henri-le-Libéral (vers 1152), le comté de Champagne renfermait 26 châtellenies, parmi lesquelles : Troyes, Isle (Aumont), Bar-sur-Aube, Rosnay, Payns, Pont-sur-Seine, Méry, Nogent-sur-Seine…, qui furent incorporées au domaine royal à la suite du mariage de Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne, avec Philippe-le-Bel, roi de France.
Dans la châtellenie de Troyes on comptait, au XVI° siècle, 11 mairies royales.
Comme, par suite de la division de certaines parties du domaine royal données en apanage, ou à d’autres titres, il y eut lieu de créer de nouvelles châtellenies, le roi Henri III, par édit du 20 mars 1573, ordonna que « la terre érigée en châtellenie eût d’ancienneté les droits de justice haute, moyenne et basse sur les sujets de la seigneurie et autres droits en dépendant, et qu’elle fût tenue en seul hommage du Roi. Les impétrants devaient, en outre, être d’origine noble et ancienne ».
Châtellenies seigneuriales : les grands fiefs seigneuriaux ne relevaient d’aucune de ces châtellenies royales. Ils avaient pour la plupart, le titre de châtellenie, jouissaient des droits de justice sur les sujets dépendant de leurs circonscriptions, et les jugements se rendaient à la porte du château ou dans la basse-cour (zone enceinte par une fortification).
Ils possédaient aussi les droits de marché, de prévôté, d’église et autres droits ayant jadis appartenu au pouvoir central. Relevant d’une seigneurie telle que duché, comté ou baronnie, ces fiefs avaient à leur tête soit de seigneurs particuliers, soit des lieutenants des comtes.
Chaque châtellenie correspondait donc, en moyenne, à 10 communes, mais plusieurs étaient plus étendues et d’autres beaucoup moins.
Les châtelains : la fonction de châtelain était, à l’origine, un simple office, ou plutôt, une commission révocable à volonté donnée par les comtes. Il était fonctionnaire et délégué à la garde d’un château.
Certains de ces châtelains ayant pris des châtellenies en fief, en devinrent propriétaires héréditaires, ils relevèrent alors des seigneuries titrées. Il ne faut pas les confondre avec l’officier inférieur du même nom, simple garde du château, ou concierge-châtelain, révocable, ne possédant aucun droit en dehors de sa fonction propre.
Il convient aussi de rappeler que le titre de Châtelain fut conservé par des personnes ayant perdu tout ou partie des droits qu’elles avaient exercées sur leur territoire, soit à titre de seigneurs, soit comme lieutenants des comtes.
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