L’abbé J-B. Vannier, alors curé de Mussy-sur-Seine, a consigné sur le registre des baptêmes, mariages et sépultures, quelques faits qui ont retenu son attention de 1778 à 1791.
Mussy-sur-Seine, s’appelait alors Mussy-l’Evêque, et appartenait au diocèse de Langres. En effet, la mairie actuelle était le château des Evêques de Langres. L’évêque-duc de Langres était aussi châtelain de Mussy. Le château leur servait de résidence d’été et était au pied d’une montagne nommée Le Tertre.
L’abbé Jean-Baptiste Vannier était né à Chaumont le 8 mars 1738. Prêtre en 1762, il est vicaire à Saint-Pierre de Langres, prieur de Saint-Hilaire de Fouissay en Vendée, curé de Blumerey et vice-doyen de Bar-sur-Seine, de 1765 à 1778. Ayant refusé en 1791 le serment à la Constitution civile du clergé, il est remplacé en juillet, émigre et ne revient qu’après la Terreur à Mussy où il est accusé de fanatisme et de tentative pour ramener les prêtres jureurs à rétracter leur serment.
Notes du curé Vannier : « En décembre 1778 et janvier 1779, la coqueluche et le dévoiement survenu après la rougeole qui a beaucoup régné pendant ces 2 mois, ont emporté beaucoup d’enfants : 26 décès, 9 garçons et 17 filles, d’un âge allant de 7 semaines à 10 ans. Pendant les mois de novembre et décembre 1779, il a régné une dysenterie qui a enlevé 5 hommes et 5 femmes. Le 15 mai 1782, entre 4 et 5 heures du soir, un orage de grêle chassée par un vent impétueux de nord-ouest et grosse comme des noix et noisettes, dura un quart d’heure et demi, suivi d’une pluie abondante, qui ravagea le finage de Mussy. Les maisons ont été très maltraitées. Les torrents qui coulaient dans chaque vallée étaient chacun plus abondant que ne l’est ordinairement la Seine. Presque toute la terre des vignes, presque tous les paisseaux (échalas, bois pour soutenir les ceps de vigne) furent entraînés dans la rivière, les plants de vignes furent presque tous déracinés, des quantités énormes de pierres descendues des montagnes couvrirent le fond des vallées, surtout le vignoble où il ne resta pas, dans le fond, le moindre vestige de vignes. L’eau qui descendait du tertre renversa 10 toises (1 toise = 1,949 mètres) de mur du verger de Mgr l’Evêque, qui est au bas. Des masses énormes de pierres tombèrent dans le chemin entre Mussy et Plaines sur le bord de la rivière et le fermèrent entièrement. Plusieurs personnes qui étaient dans la campagne furent blessées de la grêle et plus ou moins entraînées par les torrents. Celui du Grand Puits entraîna un vigneron et sa fille de Plaines jusque dans le pré entre le chemin de Gomméville et la rivière et on les trouva morts le lendemain, arrêtés par des saules. Les seigles qui tous étaient épiés furent entièrement détruits. Les blés, orge et avoine n’étant alors qu’en herbe ne souffrirent pas autant qu’on l’aurait cru. Les vignes qui partout ailleurs produisirent abondamment de fort mauvais vin ne donnèrent ici, pas la dixième partie de l’année précédente. Les fenêtres exposées au vent furent toutes brisées, excepté les grands carreaux de verre de Bohême du château qui résistèrent tous. Il ne resta rien dans les jardins. Les pauvres seraient morts de faim si, pendant l’hiver suivant, monseigneur César-Guillaume de la Luzerne, évêque duc de Langres, n’eût fait travailler les pères et les enfants par charité à différents ouvrages, surtout à aplanir le terrain alors très scabreux de la promenade qu’il avait fait planter en 1771 le long des fossés de la ville en dehors, depuis la Porte Royale jusqu’au bout des jardins du château. Il y employa au moins 3.000 livres. 1783 : l’hiver de cette année a été très doux, il n’a presque pas gelé et il n’a neigé qu’une seule fois, au commencement du carême. Les pluies ont été continuelles depuis le mois d’octobre de l’année précédente jusqu’à la mi-juin de celle-ci. Après quoi il a fait un temps sec et fort chaud… La sécheresse a duré jusqu’au mois de décembre et presque tous les puits ont été taris. La récolte de vin a été fort abondante, le pineau surtout a donné plus que jamais. Malheureusement on a vendangé trop tôt (le 20 septembre) le raisin n’était pas assez mûr et les vins sont verts. Le 28 décembre, il a plu fortement jusqu’à 8 heures du soir. Une heure après, la terre était fortement gelée et il a fait extrêmement froid les 4 jours suivants. On craint que cette gelée trop subite et très forte n’ait fait du tort aux blés. Le dimanche 7 décembre de cette même année, Mgr César-Guillaume de La Luzerne, évêque de Langres, accompagné de Dom Louis Marie Rocourt, abbé de Valcroix en Angleterre et coadjuteur de l’abbé de Clairvaux, et du curé de cette paroisse, a donné dans cette église la bénédiction abbatiale à Dom marie-Emmanuel Grillot de Prédelys, religieux profès, ci-devant secrétaire de Dom de Blois, abbé de Clairvaux, ledit Dom grillot pourvu par le Pape de l’abbaye de Cowper du diocèse de Saint-André en Ecosse. Fin décembre 1784, personne ne se souvient d’avoir vu autant de neige qu’il en est tombé cette année. Elle commença le 17 janvier. Il en tomba abondamment 6 jours de suite ainsi qu’à différentes fois pendant le cours de février. On ne vit à ce moment, aucun chemin de traverse de village à autre et les grandes routes furent, à différentes fois impraticables pendant plusieurs jours. Cette neige commença à fondre la nuit du 28 au 29 février. Le dimanche 15 janvier 1786, Monseigneur César-Guillaume de La Luzerne, évêque-duc de Langres, pair de France, assisté de Mgr Jacques-Joseph-François de Vogué, évêque de Dijon et de Mgr Anne-Antoine-Jules de Clermont-Tonnerre, évêque et comte de Châlons-sur-Marne, aussi pair de France, a sacré en cette église Mgr Gabriel Cortois de Pressigny, évêque de Saint-Malo, vicaire général de Langres. A cette occasion, le seigneur évêque de Langres a donné à cette église les 5 grandes pièces de tapisseries représentant les Mystères de la Sainte-Vierge qui étaient au chœur de cette église. Elles furent confisquées pendant la Révolution et disparues depuis ».
Le 20 août 1768 nait au château de Mussy celle qui devait être la comtesse de Beaumont. Son père, Armand-Marc de Montmorin de Saint-Hérem, était gouverneur pour le compte de son oncle Gilbert de Montmorin de Saint-Hérem, 99° évêque de Langres (1734-1770). Marie, Michèle, Frédérique, Ulrique, Pauline de Montmorin de Saint-Hérem, passe sa jeunesse, tant au château de Mussy qu’au château de Versailles, où son père, d’abord ambassadeur en Espagne devient en 1787 ministre des Affaires étrangères. Elle épouse Christophe de Beaumont, né en décembre 1770, sans instruction et sans esprit, caractère faible et violent. Pauline, qui était pleine d’intelligence et de délicatesse se sépare de son époux au bout de quelques mois. La Révolution survient. Tombé du ministère, Montmorin, emprisonné à l’Abbaye, y est massacré le 2 septembre 1792, avec d’effroyables raffinements de torture, sa femme et son second fils furent guillotinés le 16 mai 1794. Seule au monde, sa fortune confisquée, Pauline de Beaumont qui avait pu échapper au carnage, se réfugia en 1801, et rencontra celui qui devait être « son consolateur et son dieu », Châteaubriand, alors à l’aurore de sa gloire, à qui elle inspira son « Génie du Christianisme ». Madame de Beaumont alla rejoindre Chateaubriand dans son ambassade à Rome. Elle y mourut le 4 novembre 1803. Désespéré, l’illustre écrivain fit élever à son amie un tombeau que l’on peut admirer dans l’église Saint-Louis des Français de Rome.
L’église de Mussy est l’une des plus grandes et des plus belles du diocèse. Elle est remplie d’œuvres d’art, dont le tombeau du chevalier Henri Quailloz, mort en 1338, et de sa femme Jehannette. Leurs figures grandeur nature, gisent côte à côte dans l’attitude traditionnelle. Il faut signaler aussi le Saint Jean-Baptiste des fonds baptismaux, le curieux « Saint Pierre » en pape, l’effigie du « chanoine Bréjard » (1504) et la « Pieté » du XVI° siècle.
Le célèbre Edmond de Goncourt est venu revoir en 1871, sa « descente de croix », dessinée avec son frère.
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