Dès les premiers siècles de notre ère, la navigation fluviale joua un rôle essentiel dans le développement et l’activité économique de Nogent-sur-Seine.
La situation de la ville aux bords de la Seine, sa position géographique par rapport à la région parisienne, à la Champagne et à la Brie expliquent pourquoi son port d’embarquement était considéré, dès le Moyen Âge, comme l’un des plus importants depuis la source du fleuve jusqu’à Paris.
Il prit même la première place lorsque, le 20 mars 1340, Philippe VI de Valois (1328-1350) créa les greniers à sel. Nogent devint alors le centre de distribution de la précieuse denrée pour une large partie de la Champagne et de la Brie. Le sel arrivait au port par le canal de Briare à partir des salines de la région nantaise. On l’entreposait dans l’espace compris entre l’actuelle rue du Grenier-à-sel et la berge du fleuve dans un bâtiment situé sur la place Félix-Etienne. Les portefaix le déchargeaient sur un quai spécialement réservé à cet usage, près des moulins, et dénommé le port au sel. Lorsque la ville fut fortifiée au début du XV° siècle, on le transportait à l’intérieur des remparts en empruntant une poterne située au droit de la rue appelée aujourd’hui, rue de la Poterne-au-Sel. Lorsque l’impôt sur la gabelle fut supprimé, en 1789, l’activité du port au sel n’en continua pas moins jusqu’à la fin du XIX° siècle. Les voituriers venaient y effectuer leur chargement qu’ils transportaient en direction de Troyes, d’Arcis-sur-Aube, de Bar-sur-Seine et de Bar-sur-Aube.
Mais le sel n’était pas la seule denrée qui transitait par le port de Nogent, surtout au XVIII° siècle où le trafic des bateaux, tant français qu’étrangers, devint considérable. Sur le quai du Petit-Saint-Laurent, face à la halle, on embarquait de la farine et du blé à destination de Paris, voire même de Lyon et de Marseille. Jusque vers la moitié du XIX° siècle on expédiait aussi une moyenne annuelle de 250.000 hectolitres d’orge à destination des brasseries parisiennes.
Pour nourrir les chevaux de la capitale, on y acheminait environ 60.000 hectolitres d’avoine et 300.000 bottes de foin en provenance de Marnay et de Pont-sur-Seine. Le foin transitait sur des barges accouplées qui s’échelonnaient en une longue file, du canal à la corderie, en attendant que la voie soit libre.
Au début du XIX° siècle, il passait à Nogent une moyenne annuelle de 900 barges (bateau à fond plat) accouplées. Le trafic ne cessa que durant la première moitié du XX° siècle.
Avec le sel, les céréales, la farine, le foin, arrivaient également jusqu’au port les vins de Bourgogne et du pays Nantais. Celui des Riceys ainsi que le vinaigre distillé à Villenauxe-la-Grande y parvenaient par la route. On les stockait dans les entrepôts situés route de l’Etape-aux-Vins où les commerçants de la région venaient s’ approvisionner.
Il passait environ 250 trains de bois, une soixantaine de bateaux transportant du charbon venant de Conflans, d’Arcis, de la forêt de la Traconne, de la forêt d’Orient et de Lusigny. Une centaine de trains de charpentes arrivait de Brienne, de même qu’une quarantaine de bateaux chargés de planches de peuplier en provenance des scieries de Romilly et de Marcilly-sur-Seine, une soixantaine transportant le fer des forges de Lorraine, une vingtaine de la boissellerie (récipient en bois de forme cylindrique destiné à mesurer les matières sèches, grains et farines), des pelles, des sabots, des attelles fabriqués en Lorraine ou dans les Ardennes.
A la remonte, les bateaux revenaient chargés de meubles, de bois de teinture, de denrées coloniales, de plâtre, de verrerie, de cordages… Il existait encore, à la fin du XIX° siècle, 3 corderies à Nogent. L’industrie du cordage se justifiait par l’activité de la batellerie et aussi par l’abondance du chanvre cultivé dans la région de Trainel et de la Louptière-Thénard.
Les corderies de Nogent fournissaient des cordages aux mariniers de la ville, mais aussi à ceux de l’Aube, de l’Yonne et du département de la Loire. En 1851, elles eurent un grand succès à l’exposition de Londres.
Chaque semaine, en 2 jours, le port de Nogent-sur-Seine assurait celui des voyageurs vers Paris par coche (embarcation de transport fluvial pour passager) d’eau.
Le développement considérable de la navigation au cours des XVIII° et XIX° siècles entraîna la réalisation d’importants travaux d’entretien et d’aménagement dans le port de Nogent, qui attirèrent dans la ville 600 ouvriers venant des ateliers nationaux parisiens, auxquels s’ajoutèrent 1.000 journaliers de la région. La construction de cet important ensemble d’ouvrages se termina en 1899.
En 1968, la Chambre de commerce et d’industrie de l’Aube décida de prendre en charge l’aménagement d’un nouveau port public. Ainsi reconstitué il possédait une capacité de stockage en silos d’environ 150.000 tonnes avec des moyens de chargement direct des péniches de 750 tonnes l’heure, les équipements étant prévus pour l’expédition de produits agricoles : blé, orge, maïs, malt, colza, luzerne. Cette rénovation rendit au port de Nogent sa vitalité d’autrefois, en devenant le second port céréalier français après Corbeil.
Le projet de mise à grand gabarit de la Seine, attendu depuis plus de 60 ans, pourrait hisser ce port au premier rang, afin que des péniches à grand gabarit (2500 tonnes) puissent accéder au port de Nogent-sur-Seine, en aménageant un tronçon de 27 km. Cet aménagement permettrait de relier sans rupture de charge Nogent-sur-Seine au Bassin parisien et, au-delà, aux ports du Havre et de Rouen et, via le futur canal Seine-Nord Europe, aux grands ports maritimes d’Europe du Nord.
En 2019, le groupe Soufflet de Nogent-sur-Seine est un groupe familial agroalimentaire de dimension internationale. Il intervient notamment sur les filières orge, blé, riz et légumes secs. Premier collecteur de céréales à capitaux familiaux en Europe, il est présent également sur les marchés internationaux de céréales. Sur la filière orge, il est incontournable sur le marché mondial du malt avec 28 usines en Europe, en Asie et en Amérique du Sud. Sur la filière blé, il est l’un des tout premiers meuniers européens avec 8 moulins en France et en Belgique. C’est également un industriel de la Boulangerie-Viennoiserie-Pâtisserie en France et au Portugal. Il est également présent sur le marché de la restauration rapide. Le Groupe emploie 7.041 collaborateurs dans 19 pays.
Bravo à mon amie Claudine Révolio, directrice de la Communication.
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