Chavanges fit d’abord partie de la Chatellenie de Beaufort, puis de la Seigneurie du Chatelier.
Le Chatelier, dont le nom évoque un ouvrage fortifié d’importance secondaire, s’élevait sur le finage de Chassericourt, où se trouve, construite dans l’enceinte des fossés, la ferme qui en conservera le vocable.
A cette époque, il est surtout question dans les environs, des Sires de Beaufort.
Plusieurs établissements religieux sont alors dotés par eux de biens sis à Chavanges, Chassericourt et Outines : l’abbaye de Boulancourt de la grange de la Perthe, aujourd’hui détruite, celle d’Andecy de Nuisement, celle de la Chapelle aux Planches de La Loie.
Au Nord et à l’est, la Châtellenie de Beaufort voisine avec celle de Rosnay et les possessions des moines de Margerie. Le village de Bailly-le-Franc fait partie du domaine de Rosnay, propriété du comte de Champagne.
Parnolle (commune de Joncreuil) appartient au prieuré de Margerie.
Cette configuration est sensiblement modifiée quand le Chatelier devient chef lieu de seigneurie. A ce titre, il figure pour la première fois dans le rôle des fiefs du comté de Champagne rédigé sous la régence de Blanche d’Artois en 1274-1275. Ses dépendances s’étendent sur Bailly, Chassericourt, Chavanges et Labraux, Joncreuil en partie, dans l’Aube, Outines et Brandonvilliers dans la Marne. Il apparait ainsi que la seigneurie a été constituée tant aux dépens de la Châtellenie de Beaufort que de celle de Rosnay.
Le seigneur du Chatelier est Raoul de Thourotte, chevalier banneret (titre de noblesse tombé en désuétude) en 1272, frère de Gaucher châtelain de Noyon et de Thourotte seigneur d’Allibaudières qui, quelques années plus tard donne à l’abbaye du Jardin les Pleurs une rente annuelle de 10 livres sur le charroi d’Outines. Leur frère Jean de Thourotte le Jeune, inhumé en cette abbaye, avait épousé en 1252 Félicité, fille de Manasses de Rethel, qui porta le titre de seigneur de Beaufort.
En 1270, la châtellenie est vendue à Blanche d’Artois, comtesse de Rosnay, et 6 mois plus tard, réunie avec Rosnay au comté de Champagne.
A la fin du XIII° siècle, le Chatelier est possédé par Albert 1er de Thourotte, neveu de Raoul, seigneur d’Allibaudières à la suite de son père Gaucher. Les habitants de la seigneurie participent aux affaires du royaume. 2 d’entre eux sont envoyés aux Etats Généraux convoqués en 1308 pour le procès des Templiers. Jean VI n’a pas d’enfant de son mariage avec Marie de Chappes remariée en 1350. Chatelier et Allibaudières reviennent à Jean VII son neveu. Celui-ci, chevalier en 1357 fait des dons à l’abbaye de la Chapelle aux Planches. Il épouse en secondes noces Jeanne de Saint Chéron. Revenu de captivité après le traité de Brétigny, le roi Jean le Bon marie sa fille Isabelle à Jean Galéas Visconti de Milan et, pour asseoir la dot, réunit diverses seigneuries champenoises, dont Rosnay.
Le 1er octobre 1366 Jean de Thourotte seigneur d’Allibaudières et du Chatelier reconnait tenir du comte de Vertus à cause de sa Châtellenie de Rosnay, la maison forte du Chatelier, le village de Joncreuil. Jean VIII est en procès au Parlement de Paris avec Jeanne de Saint Chéron au sujet du partage des terres du Chatelier et d’Allibaudières dans lequel il prétendait avoir été lésé. Finalement, Gaucher de Thourotte en est seigneur en 1381. En 1415, son épouse Jeanne de Montmorency est remariée et le Chatelier appartient à son fils Jacques de Thourotte encore mineur. La famille de Toulongeon de Traves entre en possession du Chatelier. En 1432, son fils Jean seigneur de Raves et de Saint Chéron est seigneur de la Chaise en 1446, du Chatelier et de Bussy-aux-Bois. En 1460, Claude de Toulangeon seigneur de Saint-Chéron, Bussy-aux-Bois, Saint-Remi-en-Bouzemont, leur succède dans la terre et seigneurie du Chatelier ainsi que leur fille Claude mariée à Christophe de Haugest seigneur de Dienville, et, par elle, seigneur du Chatelier en 1470. En 1557, Jeanne de Toulangeon laisse à son fils Claude la seigneurie du Chatelier et de ses dépendances qui sont « la ville ou bourg de Chavanges, Chassericourt, Ormont, Baully, Joncreuil, Ourines ». Le 11 avril 1618, Antoine de Toulongeon, Chevalier des ordres du roi, comte de Gramond, vend Le chatelier et ses dépendances à François de l’Hôpital, seigneur du Hallier, aussi chevalier du roi, conseiller en ses conseils, capitaine des gardes du corps de sa majesté, lieutenant de sa compagnie de gendarmes moyennant 96.000 livres. Il achète en 1626 Tanière de Chavanges le fief de Dienville à Joncreuil. Le Chatelier est à nouveau vendu en 1673 à Marguerite Ignace de Lorraine, princesse d’Elbeuf.
Au XVIII° siècle la seigneurie est démembrée. En juin 1700, Pierre Adam, fils de François Adam qui fut « bailli de la terre et seigneurie de Chatelier et de Chavanges », lui-même bailli de Montmorency achète le Chatelier, Ormont et Chassericourt. Jean et Gilles Jacquinot achètent Chavanges, Labraux, Joncreuil, Bailly-le-Franc et Ranières, Claude de Vaveray acquiert Outines et Brandonvilliers. Avocat au Parlement, François devient en 1722 garde des sceaux bailli et lieutenant général du Duché de Montmorency et en 1743 conseiller secrétaire du roi maison et couronne de France près la chambre souveraine d'Artois. Ses armes, d'azur au chevron d'or accompagnées de 3 étoiles d'argent sont sculptées sur bois dans la maison qu'il habitait à Montmorency, propriété ensuite de M. le Comte de Margon son lointain descendant. Une plaque de marbre appliquée à 1 pilier du lieu indique son décès à la date du 10 avril 1761.Il eut 2 filles: Elisabeth mariée en 1741 à Joseph Aubry d'Arencey, seigneur du Chatelier après le décès de son beau-père, et Catherine mariée en 1743 à Gilles Joseph Jacobé, bailli de Montmorency de 1754 à 1785. Catherine Adam, soeur de François épousa Maurice Puissant, conseiller du roi, assesseur criminel et premier conseiller au bailliage et siège présidial de Chaumont, à qui elle apporta en dot la moitié de la seigneurie de Chassericourt. Leur fille Marie-Gabrielle épousa en 1749 François Michel de Montangon, écuyer, seigneur en partie Crépy lieutenant au régiment royal d'artillerie.
Joseph, Augustin Aubry d’Arancey, écuyer fils de Joseph, est le dernier seigneur du Chatelier.
En 1884, la ferme du Chatelier est incendiée, de sorte qu’il ne reste de l’ancien château et ses dépendances, que des traces de fossés et une cave voutée en ogive, qui se trouvait sous la grosse tour, l’épaisseur du mur en témoigne.
En résumé, le Chatelier, tour de guet de la Chatellerie de Beaufort au XII° siècle, fut le chef lieu d’un fief d’une certaine importance de la fin du XIII° au début du XVIII° siècle, mais la seigneurie s’est désagrégée au XVIII° siècle au point d’être réduite en dernier lieu à la ferme du Chatelier.
Village le plus important de l’ancienne seigneurie, centre d’affaires de la région, Chavanges prendra rang de chef lieu de canton dans la structure régionale qui suit le système féodal. Il le doit en partie aux seigneurs du Chatelier qui y installèrent jadis une halle et l’auditoire de la justice locale.
Ainsi apparaissent les liens entre le passé et le présent.
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