C’est à la fois un avantage et un inconvénient que d’être le frère d’un homme illustre : le rayonnement de la gloire de celui-ci se reflète sur la renommée de l’autre, tout en l’effaçant quelque peu. La notoriété plus grande de Pierre Mignard, due à ses rares qualités d’artiste non moins qu’à sa longévité, a rejeté Nicolas Mignard dans une obscurité relative, dont il parait équitable de le faire sortir. Il peut être d’autant plus intéressant de le faire connaître, que de tous les peintres nés à Troyes, il peut être regardé comme le deuxième par ordre de mérite. Il vient immédiatement après son célèbre frère.
Nicolas Mignard naît à Troyes en 1606. Il appartient à une famille d’artisans : chapelier, passementier et bonnetier. Son grand-père était armurier. On dit que Nicolas « reçut des leçons du plus habile peintre qui fut alors à Troyes ».
Nicolas se rend à Fontainebleau, où le château attire et retient tant de peintres distingués, où l’on peut rencontrer, à côté de leurs œuvres, les enseignements des artistes employés par le roi. Il se rend aussi à Paris, où il a pour maître Simon Vouet, revenu de Rome, après y être resté 15 ans. Il séjourne quelques temps à Lyon, avant de se diriger, vers 1633, sur Avignon, où il va passer une grande partie de son existence. Avignon appartient alors au pape, et est un rendez-vous de brillante société. Un gentilhomme de la ville, M. de Montréal, charge Nicolas Mignard de peindre dans son hôtel une série de scènes tirées du roman de Théagène et Chariclée. Il peint également une Ascension, de 18 figures, où l’on voit sur une montagne le Christ s’élever vers le ciel, aux yeux des Apôtres, de la Sainte Vierge et des fidèles.
La réputation de Nicolas s’établit à Avignon, où des liens plus étroits vont l’attacher. Il s’y éprend d’une jeune fille, Marguerite d’Avril.
Il travaille pendant 2 ans à Rome, s’attachant à l’étude des grands maîtres, et particulièrement au dessin. Il cultive la gravure et commence des eaux-fortes.
En 1637 il revient à Avignon et se marie. Il se fixe dans cette ville, d’où il a tiré son surnom de Mignard d’Avignon. Ses peintures larges et séduisantes sont vivement recherchées, et les églises, les couvents comme les particuliers s’enrichissent de ses tableaux. De nombreux édifices religieux, les musées, les collections particulières de cette région renferment des témoignages nombreux de l’heureuse fécondité de son pinceau. Il aime la chasse et emporte avec lui ses tablettes et, quand le gibier fait défaut, il prend des croquis. Il orne l’église de la Chartreuse de Villeneuve, de ses peintures.
Ses succès, sa renommée grandissante ne l’empêchent pas de faire à Rome un second voyage en 1644, à la suite du cardinal Du Plessis-Richelieu, frère du grand ministre et archevêque de Lyon.
Il revient à Avignon où son frère Pierre se décide à quitter Rome pour venir le retrouver en 1657. Il parcourt le pays et en dessine les plus beaux aspects, la fontaine de Vaucluse, les antiquités d’Orange et de Saint-Remy, il fait aussi plusieurs portraits et peint un grand tableau pour l’église de Cavaillon.
Les 2 frères sont en relation à Avignon avec « l’aristocratie de la naissance et de l’intelligence ».
En 1656, Molière vient y donner une série de représentations et y retourne en 1657. Pierre Mignard se lie particulièrement avec cet écrivain illustre, qui lui dédiera sa pièce de vers sur la gloire du Val-de-Grâce.
En 1660, Louis XIV se rendant aux frontières d’Espagne, pour y épouser Marie-Thérèse, s’arrête pendant 3 semaines à Avignon. Le cardinal Mazarin l’accompagne. Il a résidé de 1632 à 1634 dans cette ville comme vice-légat du pape, et il y a connu Nicolas. « Il juge des progrès que ce peintre a faits, et souhaite d’avoir une seconde fois de lui son portrait de sa main ». Plusieurs grands seigneurs s’empressent d’imiter le cardinal-ministre. Mignard n’a que le temps d’en dessiner les têtes, se réservant de terminer le reste à loisir, avant d’envoyer à Paris les portraits achevés.
Mazarin envoie à Nicolas Mignard, en 1660, une lettre de cachet pour lui ordonner de se rendre à Paris. Il lui fait remettre en même temps une somme suffisante pour subvenir aux frais de son voyage. Mignard se met en route et s’arrête à Fontainebleau, pour y saluer et remercier le roi, dont il ne tarde pas à faire le portrait ainsi que celui de la reine.
A cette époque, se situent ses plus beaux portraits tels que ceux de Guillaume de Brisacier, secrétaire des commandements de la reine, du cardinal de Bouillon, et surtout du comte d’Harcourt. Nicolas exécute, pour des pays étrangers et pour quelques grands seigneurs, plusieurs copies du portrait du roi, tandis que d’autres personnages briguent l’honneur de voir leurs traits reproduits par son pinceau. Il fait 2 grands tableaux pour la Chartreuse de Grenoble, où il représente plusieurs chartreux martyrisés à Londres sous Henri VIII. Il est chargé par Louis XIV et Colbert de décorer de peintures allégoriques les appartements du roi, situés au rez-de-chaussée du château des Tuileries. Il retrace sur les plafonds diverses scènes de la vie d’Apollon, qui excitent, à juste titre, l’admiration de ses contemporains. Les comptes du roi de 1667 et 1668, portent qu’il lui est remis pour ces travaux, des acomptes s’élevant à 10.500 francs.
Le roi, satisfait de la beauté de ses peintures, lui ordonne de se préparer à peindre sa grande chambre de parade.
Nicolas Mignard se fait admettre à l’Académie de peinture et de sculpture en 1663. Il n’est pas un académicien oisif : on le voit figurer au mois de juin 1664 au nombre des professeurs et remplacer en avril 1665, le président indisposé, en attendant qu’il devienne lui-même directeur.
Il décède à Paris le 20 mars 1668.
Nicolas Mignard eut de Marguerite d’Avril, 2 fils, Paul et Pierre, qui suivirent la même carrière que lui.
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