Pierre-Eugène Jules Maison naît à Ricey-Bas, le 14 juillet 1814, au moment où la vallée de la Laigne et Les Riceys vivent difficilement à cause des réquisitions et des humiliations des troupes de la coalition occupantes.
En 1832, une grave épidémie de choléra ravage la France.
A Ricey-Bas, il y a une quarantaine de morts en quelques jours. Maison est affecté directement par cette terrible maladie : son père, Pierre-Basile Maison, son jeune frère, Jules-Augustin en meurent en août 1832 et en janvier 1833.
Cette fatalité a suggéré Maison pour son tableau « La peste aux Riceys », se trouvant en l’église Saint-Pierre-ès-liens à Ricey-Bas.
En effet c’était le souhait du Père Champion, prêtre-ermite, qui en 1637, en invoquant saint Gond, saint Roch, saint Sébastien et sainte Julienne de Nicomédie, aurait réussi à enrayer une épidémie de peste, fléau assimilé à la colère de Dieu. A sa mort, le Père Champion a laissé une lettre demandant à ce qu’une chapelle des Riceys soit ornée d’un tableau, dans lequel seraient figurés les 4 saints. Maison a bien représenté le Père Champion en prière, agenouillé au milieu des mourants, implorant les 4 saints anti-pesteux, dont le rôle est de faire fléchir le cœur de la Vierge pour que celle-ci plaide la grâce des Ricetons auprès de Dieu. Trois frises, superposées composent ce tableau : le malheur des Ricetons avec le Père Champion en prière, puis les 4 saints et enfin la vierge entourée d’anges.
Maison suit des cours à l’Ecole des Beaux Arts de Paris, à partir de 1838, dans l’atelier de Léon Cogniet (très connu et réputé, qui regroupe aussi bien des amateurs que des futurs artistes), grâce à la protection du baron Gabriel de Vendeuvre, études au cours desquelles il obtiendra plusieurs médailles.
En 1842, pensionné par le département de l’Aube, Maison part en Italie, à cause d’une annonce faite par l’intermédiaire des journaux, d’un concours ouvert par l’Académie Saint-Luc à Rome, qui a lieu tous les 6 ans, et est accessible aux artistes de toutes nationalités.
En 1843, il gagne le premier prix de l’Académie Saint-Luc, et le jury lui remet une médaille d’or.
Ce succès a permis à Maison de faire poser en personne le Pape et sa suite pour son grand tableau « L’élévation du calice par Pie IX le jour de Pâques à Saint-Pierre de Rome », tableau de 5 mètres sur 8, roulé aujourd’hui dans les réserves du Musée de Niort. Il a été exposé à Paris en 1849 au Salon des Artistes, et acheté par le gouvernement avec la promesse d’exposer cette toile en permanence au Musée de Versailles.
En Italie, il étudie sur place les peintres primitifs ou de la Renaissance, tout en complétant sa culture antique de Rome, à Pompéi, à Taormine en Sicile.
Même après son séjour de 7 années en Italie (1842-1849), Maison reste attaché à son pays d’origine.
Le tableau de « La Peste », daté de 1849, évoque un personnage local notoire, par le biais duquel le peintre rappelle à la mémoire des Français et des Ricetons le souvenir de cette épidémie.
1849 est une date importante pour cet artiste, car c’est l’année de son mariage avec Aimée Augustine Michelin.
Lors du Salon des Artistes de 1849 et 1863, il obtient un prix pour « Le Seigneur est proche de ceux qui ont le cœur affligé ».
Il expose à Paris en 1840, 1841, 1843, 1849, 1850, 1853, 1857, 1859, 1861, 1863, 1864, 1865, 1866, 1867, 1868, 1869, 1870, 1875.
Il expose à Troyes en 1841, 1845, 1852 et 1860.
12 de ses tableaux sont exposés, dont « La peste aux Riceys », le « Portrait du baron Gabriel de Vendeuvre » et un « Triptyque de l’âme »… il est chaque fois récompensé.
Tout au long de sa carrière, Maison est considéré comme l’enfant du département : le préfet de l’Aube lui donne une pension, les journalistes régionaux le soutiennent immanquablement.
La France l’envoie aux expositions de Londres de 1872 et 1874, où il est médaillé.
Il décède en 1879.
Outre son courage et son opiniâtreté, un fait original existe dans la vie de Maison : en 1860, il fait construire un immeuble à Paris, 9, rue Bochard-de-Saron. Cet immeuble a une fonction précise : à tous les étages sont conçus un ou deux ateliers d’artistes. De plus, la décoration même marque cette vocation : à l’extérieur, au-dessus de la porte cochère est sculptée la tête d’un homme de profil. A l’intérieur, dans l’entrée, des bas-reliefs dans le style antique sont appliqués sur les murs, et sur le sol on peut lire une inscription latine disant : « Il faut se fier au jugement des peintres et des sculpteurs ».
L’Etat l’a récompensé plusieurs fois : par exemple, son tableau « Apothéose de sainte Geneviève » est une commande du gouvernement pour Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris.
En guise de félicitations, l’empereur Napoléon III, sa famille, le directeur des Beaux Arts acquièrent de ses tableaux pour leurs propres collections, ainsi que pour les édifices civils ou religieux.
« Hymne du soir » qui se trouve au Musée de Troyes, est une acquisition de l’Etat, qui en a fait le dépôt par la suite au Musée.
Quelques œuvres : à Ricey-Bas : « La peste aux Riceys » (1849), « Sainte-Anne expliquant à la Vierge les mystères de l’Ecriture (1845).
A Bar-sur-Seine : une autre version de « Sainte Anne ».
A la mairie des Riceys : « Louis XIII et mademoiselle de La Fayette (1867), « Ah le bon billet qu’à La Châtre ». Ces 2 tableaux se répondent : l’un montre des amours chastes et l’autre le libertinage.
Au Musée de Troyes : « Hymne du soir » (1864), « Le pape saint Sixte II, saint Laurent et les premiers chrétiens surpris dans les catacombes au temps de la persécution en l’an 258, sous Valérien » (1853), « La charité nourrit, instruit et forme au travail » (1853), « Le portrait de M. Truchy de la Huppoye » (1866).
Un grand merci à mon amie Chantal Rouquet directrice des Musées de Troyes, qui m’a permis de reproduire ces tableaux de Pierre Eugène Maison visibles au Musée.
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