Au centre du village de Praslin (près de Chaource), il ne reste rien, sinon une butte, du château des seigneurs de Praslin, qui a été démoli pendant la Révolution Française après avoir été confisqué et vendu comme bien national.
C’était la demeure d’un aubois très célèbre, qui fut l’un des hommes les plus remarquables de la fin du XVI° siècle. Charles de Choiseul, marquis de Praslin et de Chaource, nait en 1563. C’est le fils aîné de Ferry 1er de Choiseul, seigneur de Praslin et d’Anne de Béthune.
Y a-t-il beaucoup d’aubois qui connaissent ce Maréchal de France, commandant en chef 9 années, qui prit d’assaut 53 villes, participa à 47 batailles, reçut 22 blessures et eut 8 chevaux tués sous lui, qui fut bailli de Troyes et lieutenant général au gouvernement de Champagne ?
Il servit sous les rois Henri III, Henri IV et Louis XIII.
Il fit ses premières armes contre les religionnaires, sous les ordres du maréchal de Matignon, et se trouva avec Henri III au siège de Paris en 1589.
Charles de Choiseul fut conseiller du roi, capitaine de la 1re compagnie des gardes du corps du roi. Pendant la régence, il fut l'un des conseillers de Marie de Médicis. Il soutint la cause du roi dans la région troyenne.
Le 9 décembre 1589, il est bruit à Troyes, qu’à Chaource avec M. de Praslin, royaliste, on prépare une surprise contre Bar-sur-Seine et Nogent. La Sainte-Cause fait garder le château de Droupt-Saint-Basle. Le 9 janvier 1590, le cardinal-légat, Cajetan, envoyé en France, dans l’intérêt de la Ligue, par le pape Sixte-Quint, fait son entrée à Troyes avec une nombreuse suite de grands dignitaires ecclésiastiques et d’officiers, son cortège n’ayant pas moins de 400 chevaux, après avoir passé la nuit à Bar-sur-Seine, protégé par 2.000 reitres et lansquenets. Choiseul de Praslin avait tenté, sans succès de l’attaquer avant son arrivée à Bourguignons, mais n’ayant pas de canon, il ne put réussir. Bar-sur-Seine, alors à l’Union, avait garnison troyenne, afin d’empêcher les attaques et les courses des royaux de Chaource, sous M. de Praslin. Le 12 avril 1591, Bar-sur-Seine, tombe entre les mains de M. de Praslin. Ce royaliste, avec 400 chevaux s’empare du château et de la ville, fait des prisonniers, impose la ville, qui fut pillée, sauf l’église et les femmes et les filles qui ne furent pas insultées. Les cuirs saisis dans les tanneries furent estimés 20.000 écus. M. de Praslin en fit son profit et les fit conduire à Chaource. Les armes furent enlevées, le pillage se serait élevé à plus de 100.000 écus. Beaucoup d’habitants se réfugièrent dans Gyé. Le 18 avril, le capitaine Vaudargent avec 500 lansquenets, quelques compagnies françaises et 2 canons, se dirige sur Saint-Mards et l’assiège. M. de Praslin marche avec 400 chevaux et charge les lansquenets de Vaudargent. La mêlée fut si chaude près de Saint-Mards, que ceux-ci furent mis en pièces. Il y eut 45 blessés et 200 morts. Vaudargent se rendit. Les réfugiés de Bar-sur-Seine, toujours impatients de replacer leur ville sous le pouvoir de l’Union, firent ver la Pentecôte, une nouvelle tentative dans ce but. Mais M. de Praslin, toujours sur ses gardes, se mit en campagne et fit entrer 400 chevaux dans Bar, pendant la nuit de la Pentecôte. Des Troyens et des réfugiés de Bar, au nombre de 400, se mirent en route, mais n’allèrent qu’au pont de Croncels. Deux d’entre furent pris par les royaux, puis pendus et leurs têtes placées au-dessus de la porte du château de Bar, leurs biens confisqués, et, sur ceux-ci, M. de Praslin réserva 500 écus pour faire bâtir au château une tour dite : du Sauveur. Pendant le siège de la ville et du château de Châteauvillain que fit le marquis de Pont, et qui fut long, 500 Albanais se débandèrent et vinrent se jeter sur Les Riceys et Polisy. Ce dernier village fut pillé et en partie brûlé, les femmes et les filles furent violées. Cette troupe tenta de s’emparer du château, mais elle ne persista pas, à cause de la présence de M. de Praslin, qui, avec la garnison de Mussy, poursuivit ces Albanais jusqu’à Verpillières, avec 160 chevaux. M. de Praslin courut de grands dangers dans cette poursuite.
Le duc de Guise a encore confiance dans le dévouement des Troyens, mais la population s’est refroidie, n’a plus d’ardeur pour la Cause, et les partisans de Henri IV deviennent et plus forts et plus nombreux. Les chefs pactisent ensemble. M. de Praslin dîne à Paris avec M. de Guise. Les trêves paraissent recevoir leur exécution, car on pendit à Troyes, une quinzaine d’individus qui, disait-on, avaient contrevenu aux conventions intervenues entre les ducs de Chevreuse et de Nevers. Nommé par Henri IV le 7 novembre 1590, bailli de Troyes, de M. de Praslin n’avait encore pu entrer à Troyes. Il le fait le 6 avril 1594. Le 11, il est décidé que la ville prêtera serment de fidélité. M. de Praslin propose d’accompagner la députation du Conseil envoyée à Henri IV. Cette offre est accueillie avec reconnaissance. C’est l’un des premiers à faire sa soumission à Henri IV, qui le fait nommer son conseiller et le nomme en même temps, Capitaine des Gardes du Corps. En octobre 1607, M. Joachim de Dinteville, depuis 30 ans lieutenant général au gouvernement de Champagne meurt. M. Charles Choiseul, seigneur de Praslin, lui succède comme lieutenant général au gouvernement de Champagne et Brie, de Saintonge et du pays d’Aunis, et est nommé Bailli de Troyes de 1598 à 1608. Le jour même de l’assassinat d’Henri IV, M. de Choiseul-Praslin informe le maire, les échevins et habitants de l’assassinat du roi. Cette nouvelle jette la consternation dans la population. Ce fut lui qui, après l'assassinat du roi, donna sa parole à Sully, retiré à la Bastille, qu'il pouvait venir au Louvre sans danger. Il avait été reçut chevalier des Ordres du Roi en 1595.
Dans les troubles suscités en 1611 au sujet des Jésuites qui voulaient s’établir à Troyes, il prit parti contre ces derniers et rétablit le calme en les expulsant de la ville. Il déconcerta dans la suite, par d'habiles manœuvres, les projets des princes révoltés, qui furent ainsi forcés à signer la paix de Sainte-Menehould. Après avoir commandé en chef 9 années, pris d’assaut 53 villes, pris part à 47 batailles, reçu vingt-deux blessures et eut 8 chevaux tués sous lui il fut nommé en 1619, maréchal de France. Il joua, en cette qualité, un rôle important dans les guerres de religion où on le trouve au Siège de Saint-Jean-d'Angély en 1621.
Il mourut le 4 février 1626, âgé de soixante-trois ans. A sa mort, son corps fut amené à Troyes et déposé dans un caveau de la Cathédrale, au pied du sanctuaire, du côté de l’évangile. Un mausolée en marbre blanc avec la statue du maréchal dessus, lui fut érigé en 1620, dans la cathédrale, par sa veuve Claude de Cazillac. Mutilée à la Révolution, en 1789, la statue avec son piédestal a été transportée au Musée de Troyes, avec l’inscription sur marbre noir qui l’accompagnait. Un grand merci à mon amie Chantal Rouquet Directrice du Musée, à qui nous devons ces photos.
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