Aubois très célèbres



Pierre Pithou


Une rue de Troyes s’appelait rue du Heaume (le casque), puis rue de l’Étrille (en raison d’une enseigne), et devient rue de la Chasse vers 1500, par suite de l’enseigne d’une hôtellerie. Le 12 août 1851, le nom de Pithou lui est donné.

 

Pierre Pithou naît à Troyes, le 1er novembre 1539.

Il est le frère de François, avocat et procureur général, qui à 37 ans, abjure le protestantisme, et se fait recevoir avocat au parlement de Paris.

Son père, Pierre Pithou, homme de lettres et avocat, veille lui-même sur la première éducation de Pierre, et le jeune Pithou possède déjà les premiers éléments du latin, du grec et de l’hébreu, dans un âge où les enfants ordinaires savent à peine lire.

Célèbre jurisconsulte, dès 1560, il est avocat au barreau du Parlement de Paris.

On dit de lui que c’était un sage arbitre. Pithou, persuadé que l’histoire est la lumière des lois et de la jurisprudence, en fait un des principaux objets de ses études. On lui doit la 1ère idée de ces collections de pièces et titres originaux qui, en encourageant et éclairant les recherches, ont mis les divers Etats de l’Europe sur la voie de leurs anciennes lois, des anciens traités avec les nations voisines, et des révolutions dans le Gouvernement et dans ses principes.

En 1569, il publie à Bâle Vie de l’empereur Frédéric Barberousse.

Henri IV, en reconnaissance de ses services, lui fait exercer, en 1581, les fonctions de Procureur-Général de la Chambre souveraine, " député par les ordres de la Cour, pour aller rendre la justice en Guyenne, et pour y rétablir le calme ".

Sa réputation s’étend dans les pays étrangers.

Les Souverains, eux-mêmes ont recours à ses lumières et à ses conseils, (comme par exemple en 1587, Ferdinand, Grand Duc de Toscane).

Lorsqu’il est question de réconcilier Henri IV, il écrit un mémoire, par lequel il prouve que les évêques de France ont le droit d’absoudre ce Prince, nonobstant les bulles de Sixte V et de Grégoire XIII.

Il prépare la résolution que prend le Parlement de Paris, de rendre cet arrêt " à jamais mémorable, qui, en déconcertant les projets des Espagnols et des mauvais Français, porta à la Ligue un coup, dont elle ne s’est jamais relevée, conserva le trône à la Maison de Bourbon, et sauva la France ".

Il est l’auteur d’une multitude de travaux, et laisse, en mourant, une précieuse bibliothèque en livres imprimés et en manuscrits, que l’on peut classer en travaux : d’érudition sacrée et profane, de jurisprudence, d’histoire, d’écrits patriotiques, qui sont en partie à la Bibliothèque nationale.

On dit à l’époque, que " M. Pithou donnait aux pauvres tout l’argent qu’il recevait les jours de fêtes et les dimanches ".

Notre compatriote est très marqué par un événement qu’il dénonce et déplore en 1563. Pierre Clément est un calviniste militant. Des prêches et des assemblées publiques se tiennent dans sa maison, 29 rue du Bourg-neuf (rue du Palais de Justice). En 1563, il quitte Troyes, devenue trop peu sûre pour les protestants, avec d’autres amis, et avec son parti se rend maître de Bar-sur-Seine, où ils se livrent aux pires turpitudes. Les catholiques de Troyes viennent les assiéger, et 140 à 180 réformés de tous sexes, de tous âges, sont massacrés. Clément est ramené à Troyes et condamné à être pendu après avoir subi, sans résultat, la question, aux fins d’obtenir de lui des révélations sur la rébellion. La sentence, datée du 2 septembre est exécutée sans retard, sur la place du Marché au Blé (place Jean Jaurès). A 2 religieux Cordeliers tentant de le faire abjurer, il déclare qu’il a trop lu et qu’il en faudrait d’autres qu’eux pour le convaincre. Sur l’échelle fatale, il dit : " Seigneur, tu sais que ce n’est point pour un meurtre ou autre crime que j’ai commis, que je suis ici, mais pour soutenir ta querelle ". Le supplice du malheureux ne s’arrête pas à la mort. A peine a-t-il expiré, que des fanatiques coupent la corde et, ayant fait tomber le corps sur le pavé, en brûlent la plante des pieds, lui coupent le nez, le sexe et les testicules, et lui arrachent les 2 yeux. Ensuite, il est traîné par la ville jusque devant sa maison. De là, sa dépouille est présentée, en manière d’avertissement, devant le domicile de plusieurs autres protestants, puis précipité dans l’eau ru Cordé.

En 1571, Pithou embrasse la religion catholique. Il épouse Catherine de Palluau, fille de Jean de Palluau, Secrétaire du Roi et Conseiller en l’Hôtel-de-Ville de Paris. Il a de ce mariage 4 garçons et 3 filles (l’aînée mariée à Pierre Luillier, Maître des Comptes, l’autre à Jean Lechassier, Conseiller au Châtelet). En 1573, il refuse les provisions de Conseiller au grand Conseil, que lui offre Paul de Foix, à condition qu’il l’accompagne dans son ambassade à Rome. En 1580, il accepte une place de Substitut, qui lui est offerte par Jean de la Guesde, alors Procureur Général. Ces places n’étaient pas encore vénales : elles étaient le prix de la confiance et de l’estime des Procureurs Généraux.

En 1599, les magistrats municipaux établissent un collège installé sur l'emplacement de la gendarmerie du centre ville, jusqu'en 1621, époque où François Pithou lègue sa maison devant le portail de Saint-Remy, ainsi que sa bibliothèque et tous ses biens.

   

Pierre Pithou décède à Bernières (près de Nogent-sur-Seine), le 1er novembre 1596. Son corps est inhumé dans la chapelle de la Passion, aux Cordeliers, avec tous les honneurs que la ville eût pu rendre à un Gouverneur de la province.

Lors du Conseil municipal de Troyes du 16 juin 1972, il faut trouver un nom au CES créé le 25 novembre 1971, installé dans les locaux libérés par le lycée de garçons Gambetta. Sur le fronton de cet immeuble, on peut d’ailleurs lire : " Collegium Tréco pithieanum ", c’est-à-dire, collège Pithou de Troyes, ce nom ayant été donné au collège édifié par la ville de Troyes de 1859 à 1861, sur l’emplacement de la première gare de Troyes après la démolition de l’ancien collège Pithou qui a fait place à notre actuel marché couvert.

On peut donc estimer que Pithou est le fondateur du collège de Troyes, et qu’il est juste de donner le nom de Pierre et François Pithou à notre CES.

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