Catherine Du Chemin, peintre de fleurs, est l’épouse de François Girardon, l’illustre sculpteur du siècle de Louis XIV.
Bien que Catherine jouisse de son vivant, d’une certaine réputation comme artiste, et qu’à ce titre, elle ait été la première femme admise à l’honneur de figurer parmi les membres de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture, non seulement ses traits ne sont pas connus, mais sa vie elle-même s’est si résolument enfermée, après son mariage, dans ses devoirs d’épouse et de mère, qu’on sait à peine qu’elle a vécu de longues années à côté du grand artiste qu’elle était si digne de comprendre, de soutenir et de charmer.
C’est grâce à la diligence de la Société Académique de l’Aube, que le seul portrait existant de Catherine, fut acheté par le Musée de Troyes, le 25 mai 1874, lors d’une vente d’une importante collection de miniatures et tabatières à Paris. Ce portrait est peint sur vélin, et l’artiste a écrit au pinceau, en fines lettres d’or : Mademoiselle Du Chemin. Il est entouré d’un cadre d’or ciselé
Catherine Du Chemin naît le 12 novembre 1630. Ses parents la placent chez Nicolas Baudesson, qui jouit d’un certain renom et occupe parmi les peintres de fleurs, « un rang très distingué ». Il se trouve que Nicolas Baudesson est originaire de Troyes, et qu’il reçoit souvent son jeune compatriote François Girardon. Catherine Du Chemin devient habile dans son art et « avec les années, devient charmante et vraiment belle ». Girardon est jeune, sa réputation, son talent le font agréer au nombre de Messieurs de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture. Il épouse Catherine le 22 octobre 1657. En 1674, il est nommé recteur, puis chancelier en 1695, après la mort de Pierre Mignard.
Catherine est jeune, elle est belle, elle a du talent, elle est l’épouse d’un grand artiste, elle est logée aux galeries du Louvre, elle y reçoit le meilleur et le plus grand monde de la cour et de la ville, les artistes illustres, les grands peintres, La Fontaine, Molière, Racine, Boileau, le grand Condé, le duc d’Orléans, tous les princes qui viennent dans son atelier voir travailler Girardon.
En 1658, elle donne naissance à Jacques, en 1659, à Cyprien, en 1660 à Corantine et en 1661, à François.
Après quelques années de répit, elle reprend ses pinceaux, et elle peint un « Panier de fleurs posé sur un piédestal », qui la fait recevoir d’emblée à l’Académie, en 1663.
En 1664, elle a une seconde fille Elisabeth-Catherine, et en 1666 un nouveau fils, François-Jean-Baptiste, qui meurt en bas âge, comme celui né en 1661. En 1668, elle met au monde un nouveau François, dont le parrain est le sculpteur Michel Bourdin.
En 1668, Girardon est choisi par Le Brun pour aller chercher en Italie des tableaux, statues et objets d’art, dont le Roi veut peupler Versailles et Fontainebleau. Il revient 7 mois plus tard, et en avril 1670, Catherine Du Chemin donne naissance à une seconde Catherine, qui ne vit pas plus que ses aînées, car en octobre 1671, naît une nouvelle Catherine qui a pour parrain le fameux sculpteur Martin Desjardins. Cette dernière fille se marie plus tard, avec Edmond Michelin, fils d’un échevin de Troyes, où il devient lui-même conseiller au bailliage. En 1673, naît le dixième et dernier enfant de Catherine Duchemin, Marie-Anne, qui a pour marraine Anne-marie de Groot, épouse de Evrad Jaback, le riche et intelligent banquier auquel la France est redevable des plus admirables dessins et des plus beaux tableaux du Louvre, provenant de la collection de l’infortuné Charles 1er d’Angleterre, qu’il est allé acheter en bloc à Londres.
La fortune de François Girardon lui arrive avec les grands travaux, et dans son voyage en Italie, où il recueille un grand nombre de statues, bustes, vases, qu’il dispose avec beaucoup de goût, dans le logement qui lui est accordé dans les galeries du Louvre par brevet du Roi de 1667. Il les entremêle de ses œuvres et de ses principaux modèles. Il destine cette riche collection à la ville de Troyes. Malheureusement, il ajourne son testament, et décède, sans avoir pu réaliser ses intentions.
Sur ses 10 enfants, Catherine Du Chemin n’en conserve que 4, 1 fils et 3 filles. Le fils devient chanoine régulier de Sainte-Geneviève. La fille Elisabeth-Catherine épouse à 16 ans, Henri Martinot, maître Horloger de Sa Majesté. Elle décède à 38 ans. Marie-Anne, le dernier des enfants de Girardon, devient la femme de Claude Poan, huissier à la chambre du Roi.
Catherine Du Chemin décède le 21 septembre 1698. Le 27, l’Académie en corps se rend auprès de Girardon pour lui offrir « ses compliments de condoléances ». Cette démarche extraordinaire témoigne en quelle haute estime l’Académie tenait non seulement Girardon, mais aussi Catherine Du Chemin.
Dans le déchirement qui s’empare de Girardon à la mort de sa femme qu’il a tant aimée, il résout de lui élever lui-même un tombeau, qui serait son dernier travail et demeurerait le témoignage éternel de ses regrets. Mais il n’a pas la force de l’accomplir, et ce sont ses élèves Nourrisson et Le Lorrain qui le terminèrent et firent toutes les sculptures. Ce tombeau est le plus beau monument de l’église de Saint Landry. Il est à côté du mausolée du chancelier Boucherat, aussi un illustre troyen.
François Girardon décède le 1er septembre 1715, le même jour que Louis XIV, et est enterré dans le tombeau de Catherine Du Chemin.
En 1792, la tombe est odieusement mise en pièces et leurs cendres jetées au vent.
Sur le bandeau du bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse.
Cliquez sur "Nouveaux chapitres" vous accédez aux dernières pages mises en ligne.