Paul Terraux

Les anciens Troyens, comme moi, se souviennent de la renommée charcuterie Terraux, qui existait depuis 1939. Mais, qui connait le parcours de Paul Terraux ?

 

         Xavier Terraux, son arrière petit-fils, se souvient de tout ce que lui avait raconté son grand-père Christian Terraux à ce sujet, toute la fierté qu’avait ce dernier pour Paul, son père. Il lui avait montré les documents qu’il possédait, mais que malheureusement, à son grand regret, il n'avait jamais fait connaître.

 

         Xavier, je vais réparer cet oubli.  

 

         Paul Terraux, né le 2 août 1911, charcutier à Troyes, fut un membre actif de la Résistance dans l'Aube. Sous-officier de réserve, il est mobilisé en mai 1939, et rejoint le 1^er bataillon de Chasseurs à pied de Saverne. Sergent-chef, il participe à la bataille de Dunkerque, l’« Opération Dynamo » (du nom de code que lui donnèrent les britanniques) du 26 mai au 4 juin 1940, et qui fut un succès. Au cours d’une contre attaque, il est grièvement blessé par un tir de mitrailleuse : fracture de la mâchoire, fracture de l’épaule et perte d’un œil. Il est évacué sur le sanatorium de Zuydcoote (banlieue de Dunkerque), transformé en hôpital militaire. Dépassées et défaites par l’avancée rapide des forces militaires allemandes, les troupes anglaises mais aussi plusieurs divisions des armées française et belge se trouvent encerclées et acculées de la Manche à Dunkerque. Il s’agit alors d’organiser dans l’urgence la retraite de plusieurs centaines de milliers d’hommes au Royaume-Uni, en assurant la protection terrestre et aérienne de la zone où les réembarquements ont lieu. Un médecin-chef annonce à Paul Terraux que, s’il ne souhaite pas être prisonnier, il lui faut se rendre sur la plage et essayer de trouver une place sur un bateau. Paul embarque sur une chaloupe, puis est recueilli sur un navire britannique. Il a beaucoup de chance, ne faisant pas partie des 35 000 soldats, pour l'essentiel français, ayant été capturés dans la poche de Dunkerque. Après avoir été opéré à bord du navire, il séjourne dans un hôpital militaire à Liverpool. C’est là qu’il est contacté par les agents du général de Gaulle, pour se joindre à eux. Mais Paul préfère rentrer en France, où il pense pouvoir continuer le combat dans l’ombre.

 

         En janvier 1941, la Croix-Rouge Internationale rapatrie Paul Terraux, via l’Espagne. Démobilisé à Marseille, il revient à Troyes et cherche à participer à un mouvement de la Résistance. Il devient agent de liaison du commandant Georges Wauters, et membre du Bureau des opérations aériennes (BOA).

 

         En août 1943, un parachutage prévu près de Géraudot, ne peut être effectué 2 fois, en raison  de la météo. Un fermier collaborateur en ayant eu connaissance, prévient les autorités allemandes. Lors de la troisième nuit, elles montent une embuscade et tuent et blessent plusieurs résistants. Les survivants sont torturés, et certains obligés de parler. Paul réussit à s’échapper et est recueilli par un charcutier de Vendeuvre-sur-Barse, qui le cache plusieurs jours, puis il rejoint ses amis de la Résistance.

 

         Quelques semaines après, ayant certainement été dénoncé, vers 7 heures du matin, 2 tractions noires bouclent les extrémités de la rue du Colonel Driant à Troyes, et un camion de la Wehermacht avec plusieurs side-cars s’arrêtent devant la charcuterie Terraux. Des militaires et des civils allemands armés en jaillissent et frappent à la porte du magasin qui n’est pas encore ouvert. L’épouse de Paul ouvre et 4 Feldgendarmes se précipitent et grimpent jusqu’au grenier. La Gestapo demande M. Terraux. Son épouse répond (ce qui avait été préparé avec Paul) : « Mon mari est absent depuis plusieurs jours, en voyage dans la région de Nantes, où il règle la succession de son beau-père ». Les allemands donnent l’ordre, que dès son retour, M. Terraux doit se présenter à la Kommandantur. Ils remontent dans leur camion, dans lequel Madame Terraux a le temps d’apercevoir quelques amis de son mari, le visage tuméfié, le regard désespéré.      

 

         Paul rejoint alors Paris et continue dans la clandestinité, participant aux combats de la libération de la capitale.   

 

Paul Terraux décède à Troyes le 11 septembre 1946, des suites d’une maladie contractée pendant la Résistance.

 

Il était titulaire de la Croix de Guerre 39-45, de la Médaille Militaire, et à titre posthume, de la Médaille de la Résistance.

 

La descendance de Paul Terraux, ses enfants, ses petits enfants, ses arrières petits enfants, peuvent être fiers de lui.