Quelques jours après son décès, les journaux locaux écrivaient : « L’Abbé Louis-Gérasime était né à Pargues (petit village à 37 kms au sud de Troyes, tout près de Chaource), le 31 décembre 1860. Ordonné à Troyes le 24 juin 1884, il fut d’abord vicaire de Saint-Jean (1884-1887), puis curé de rRcines (1887-1889), ensuite d’Hampigny (1889-1900), à Polisy pendant 1 an, et à Payns de 1900 à 1909. C’est alors qu’il se consacra à l’enseignement tout en continuant d’assurer son ministère paroissial successivement à Payns, Sainte-Madeleine et Saint-Parres-au-Tertre ».
Appelé en mars 1909, en cours d’année scolaire, à prendre la chaire de 4° dont le titulaire était défaillant, il sait immédiatement se faire apprécier et aimer de ses 10 élèves. Fin juin, fêtant son jubilé sacerdotal, il se fait photographier au milieu de ses élèves. Il leur révèle alors qu’il est poète en leur dédiant un morceau inédit : « Mes quatrièmes ».
Bientôt, les élèves découvrent que, dans l’« Avenir de l’Aube » (qui succéda à la « Croix de l’Aube »), un certain « Malo », qui fait paraître des vers, n’est autre que leur professeur. Aussi, ils découpent avec soin ces œuvres et parfois, à la fin d’une classe de latin, un peu longue, fatigués de traduire Horace ou Virgile, ils soupirent et murmurent bien bas : « Libera nos a Malo ».
L’Abbé Dart accompagne en 3° ses 4 « petits A », réduits à 3. La classe se passe souvent en famille : en hiver, les élèves quittent leur pupitre, viennent s’asseoir autour du poêle avec leur professeur pour écouter ses explications. Parfois, à l’issue de sa leçon, l’Abbé Dart charme ses jeunes disciples en leur lisant des passages de l’«Enéide travestie » et goûte avec eux la truculence de Scarron ou bien il apporte les « Contes sans qui ni que » pour délasser un peu les esprits.
L’Abbé Dart fait, de 1910 à 1911, une autre classe de 3°, puis il est nommé, en octobre 1911, Inspecteur des Ecoles Libres, poste qu’il conserve jusqu’à sa mort, en 1921, tout en assurant successivement le service paroissial de Payns, de Sainte-Madeleine (il réside à Troyes, 14, rue de la Trinité dans un petit appartement bourré de livres) et, sur la fin de sa vie, il est curé de Saint-Parre-au-Tertre.
C'est le 27 décembre 1921, que l’Abbé Dart rend son âme à Dieu après de dures souffrances, courageusement supportées. Ses obsèques ont eu lieu à Sainte-Madeleine le 30 décembre.
Le 30 décembre 1921, un article nécrologique lui est réservé dans la « Revue Catholique du diocèse de Troyes » : « Monsieur l’Abbé Dart était un des intellectuels les plus en vue de notre ville. Très au courant de la littérature ancienne et moderne, il avait une plume fleurie, attrayante et quelquefois finement caustique. On a pu apprécier souvent son style dans l’Avenir sous le pseudonyme de Malo. Mais il s’adonnait particulièrement à la poésie. Expressions pittoresques, sentiments nuancés, couleurs chatoyantes, c’était son genre. Il donnait quelquefois des odes mais surtout des sonnets. Ces qualités littéraires le firent remarquer de la Société Académique qui l’admit en son sein en qualité de membre associé. En dernier lieu, il avait accepté la lecture du manuscrit du Diocèse de Troyes dont la forme littéraire l’intéressait vivement ».
Dans le tome 71 (1907) des Mémoires de la Société Académique de l’Aube figurent 3 poésies de l’Abbé : Vieux logis, La Fée Vitesse, Le Revoir.
Ce sont encore les sentiments patriotiques de l’Abbé Dart qui éclatent dans un « Envoi au Commandant Driant» (voir dans »Aubois célèbres).
L’Abbé se laisse parfois entraîner par son zèle de polémiste et ses vers sont souvent aussi incisifs que sa prose, tels ceux de « Bon peuple ! », parus dans l’Avenir de l’Aube, en novembre 1909.
L’Abbé Dart suit de très près les événements locaux se rapportant à sa petite patrie. C’est l’époque d’une lutte épique qui mène les vignerons de l’Aube contre les Marnais pour faire reconnaître leurs droits. « Malo » fait paraître en 1910, « La Marche des vignerons de l’Aube ».
On peut définir l’Abbé en quelques mots « saint prêtre, éminent érudit, professeur dévoué, délicat poète et, par-dessus tout, homme d’une grande bonté ».
Deux de ses cousins, M. Bazin et M. Portail, furent également prêtres et, comme lui, administrèrent la paroisse de Payns
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