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L’Abbé Thiesson


Antoine-Narcisse Thiesson naît à Ervy-le-Chatel, le 25 avril 1806. Il entre au séminaire de Troyes et se distingue par ses succès scolaires qui le placent toujours au premier rang de sa classe. Après de brillantes humanités, il étudie avec la même ardeur la théologie et est ordonné prêtre en 1830, desservant les Deux-Viâpres, canton de Méry-sur-Seine.

Dès sa plus tendre jeunesse, il aime avec passion l’étude de la musique, il s’essaie à la composition de morceaux de musique qu’il chante avec ses amis. C’est à une de ses réunions que nous devons sa première cantate avec solos et chœur : « D’une voix sonore et joyeuse...». L’abbé Thiesson est né musicien, la cathédrale de Troyes exécute ses morceaux. La petite société musicale du Séminaire de Troyes, interprète des morceaux religieux de l’abbé Thiesson, et lui demande une série de motets destinés à remplir le cercle annuel des fêtes de l’Eglise. L’abbé Thiesson ne se laisse pas enivrer par les premiers succès. Après une composition, il se hâte de se retremper dans l’étude, à laquelle il a déjà consacré plus de 10 ans de sa vie. Il écrit en 1838 : « Je ne puis pas toujours m’occuper de musique. N’ai-je pas, comme tous les autres prêtres, mes petites occupations ? D’abord celles que me donnent mes paroisses, mon bréviaire, la préparation de mes instructions, nos conférences ecclésiastiques… et puis, un prêtre ne doit-il pas étudier ? N’a-t-il pas besoin de revoir un peu sa théologie ? de relire son Ecriture Sainte ?… « Je consacre mes instants de repos à la musique, qui est la chose au monde qui me procure toujours un nouveau plaisir. Tout en m’occupant de quelques compositions musicales, je m’occupe d’étudier, d’approfondir de plus en plus la science de l’harmonie, étudier les grands maîtres… ». Son « Tu es Petrus », avec accompagnement d’orgue a un succès immense, son « Hoec est dies » pour Pâques, fait une révolution dans les idées. On comprend que nos grandes solennités ont besoin d’un certain relief musical « qui appelât les foules dans le temple saint, et fit avec la marche grave du plein-chant les honneurs de la fête ». Désormais, aucune cérémonie, à Troyes et dans le département, ne peut avoir lieu sans le concours de la musique de l’abbé Thiesson. Avant d’exécuter ses compositions à la cathédrale de Troyes, il s’essaie sur des théâtres plus modestes. Par exemple, le 29 août 1839, il compose lors de la fête de Saint-Julien, un « salut en mi-bémol » avec accompagnement d’orchestre (2 premiers violons, 1 alto, 1 basse et 1 contre-basse), choisi parmi les meilleurs artistes-amateurs de Troyes. Après cette réussite, il récidive à Saint-Remi avec 24 instrumentistes (flûtes, clarinettes, hautbois, cor, cornet à piston, basson, trombone…). Le succès est immense, avec affluence des auditeurs, l’église comble, la place entière remplie de monde (les portes sont grandes ouvertes pour que l’on puisse entendre dehors). L’évêque de Troyes envoie à l’artiste abbé, les insignes de chanoine honoraire de sa cathédrale, accompagnés d’une lettre des plus flatteuses.

La Sainte Cécile eut lieu à la cathédrale, avec une pompe inusitée : l’orchestre au grand complet, composé des musiciens de la société philharmonique, auxquels s’étaient joints les amateurs de la ville. Malgré ses vastes dimensions, la Cathédrale fut impuissante à contenir la foule des auditeurs (seuls 12.000 à 15.000 privilégiés y purent trouver place). Les journaux écrivent « nous n’avons plus rien à envier aux cérémonies musicales et religieuses qui attirent à Paris une foule attentive et pieuse dans les églises de Saint-Roch et de Notre-Dame-de-Lorette. Le « Tu es Petrus » donné à la Cathédrale fut un énorme succès : « …80 instrumentistes, 50 chanteurs d’élite appartenant au Séminaire et à la Société de notre ville…».

La musique d’Eglise ne l’empêche pas de composer la partition de drames lyriques destinés à des distributions de prix. Le 4 juillet 1841, jour de la fête de saint-Pierre, Paris envoie des délégués, avec un membre de l’Académie de musique. Il y avait 200 exécutants : les séminaires, l’Ecole normale, les amateurs, les enfants des écoles, toutes les classes de la société avaient apporté leur concours On peut dire que « jamais à Troyes solennité ne fut plus grandiose. C’est encore le « Tu es Petrus » qui a les honneurs. L’hymne musical de l’abbé Thiesson a trouvé tous les cœurs palpitants d’émotion et d’extasetoute la ville y était ! Il y avait des magistrats qui, serrant leur rabat, avaient fait 10 lieues pour venir prêter main-forte à l’abbé Thiesson et faire leur solo de flûte leur partie de cor ou de violoncelle…Thiesson fait gémir et pleurer son orchestre, puis tristement se recueillir, puis se taire ou bruire sourdement, pour faire éclater tout-à-coup en fanfares glorieuses et entraînantes…».

Dans les compositions de l’abbé Thiesson, il faut citer un « Epithalame » qu’il composa pour le mariage d’un de ses jeunes amis, un Stabat mater, des Litanies de la Vierge, des Cantiques, des Romances…

Pendant 30 ans, il a écrit une « Histoire de sainte Cécile », livre « à la fois charmant, instructif et savant, ce fut le testament artistique de l’auteur. Ce fut un succès mérité, avec un accueil empressé fait par le public.

En 1861, il construit une église à Viâpres, sur les ruines de l’ancienne, le jour de la Saint Denis, et la met sous son vocable.

Il décède à Viâpres-le-Petit le 18 août 1872, et est enterré sous le porche de son église, à droite.

Il entre à la Société académique de l’Aube en 1844.

Il faut attendre 2008, pour que le Conseil municipal donne le nom de l’Abbé Thiesson, à la rue de la Mairie. Le 12 avril a eu lieu l’inauguration de cette rue avec Philippe Adnot Président du Conseil général, la musique et toute la population du village. Tout au long de cette même année ont eu lieu des manifestations pour les 150 ans de l’église Saint-Denis.

 

 

 

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