Connaissez-vous un député qui soit monté à la tribune pour demander à l’Assemblée Nationale, qui devait l’augmenter sans pudeur, la réduction de l’indemnité parlementaire ? Sa voix resta sans écho, mais cet acte de désintéressement patriotique suffit à honorer sa vie publique !
Le samedi 2 août 1913, décède Albert Guyard (né le 18 février 1846 à Bar-sur-Seine).
" C’était un homme d’élite ". Avocat à la Cour d’appel de Paris, président du Syndicat central de Agriculteurs de France, ancien député de Bar-sur-Seine…
Voici quelques extraits des discours prononcés lors de ses obsèques, le 9 août 1913 : " Albert Guyard, dans toutes les manifestations de son activité, se dépense sans compter. L’incontestable honneur de sa vie fut dans un dévouement à tout et à tous : qu’il défende devant le Tribunal les intérêts d’un client, qu’à la tribune du Parlement il soutienne une noble cause, qu’au Syndicat des Agriculteurs de France, il étudie un progrès à réaliser, c’est toujours le même jugement, le même labeur infatigable, le même oubli de soi-même, la même ambition d’aller plus loin et, pour arriver au but, la même fièvre d’action.
A l’expiration de son mandat de député, il n’en sollicita pas le renouvellement, bien que ses concitoyens aient pu apprécier l’indépendance et la probité de son attitude politique. Les intrigues de couloir, les combinaisons louches des partis n’avaient pu convenir à la droiture et à l’élévation de son caractère.
A la fin de sa vie, il se consacre tout entier aux questions agricoles et, avec une tenace énergie d’application, il étudie avec succès les moyens de donner au sol national une plus grande fécondité. Il est devenu, au Syndicat central qu’il préside, un guide éprouvé, ayant l’expérience d’un art qui exige autant de savoir que d’attention…
Son éloge, c’est la foule immense qui remplit cette vaste église, c’est votre empressement à venir des points les plus éloignés du département pour lui rendre un suprême hommage. Son éloge, il est dans tous vos cœurs, vous savez combien sa vie fut pleine, bienfaisante et féconde… Quelle intelligence, quelle activité, quelle somme de travail, et tout cela pour se rendre utile et faire du bien, non pas apparent, mais solide et durable, non pas seulement dans cette ville, mais rayonnant dans la France entière. Il s’oubliait sans cesse, pour ne penser qu’aux autres…
Qu’il aimait Bar, qu’il aimait cette église, qu’il aimait surtout la chapelle de la pieuse Madone de Notre-Dame-du-Chêne, ce palladium de cette cité, l’objet de la dévotion séculaire de vos pères, où tant de générations sont venues s’agenouiller et prier avec confiance. Quels exemples nous laisse ce grand chrétien, comme lui sachons travailler et nous dévouer…
Le père de M. Guyard avait appartenu à la magistrature et terminé sa carrière comme conseiller à la Cour d’appel. Héritier de ses habitudes d’austérité et de travail, Albert consacra exclusivement sa jeunesse à de fortes et sérieuses études, spécialement à celles de droit, dont il était docteur. Se destinant au barreau, en 1869, il se classe parmi les premiers et devient , titre envié, secrétaire de la Conférence des Avocats.
Pendant la guerre de 1870, il remplit son devoir de soldat, ce qui lui vaut le grade d’officier de réserve. En 1902, Albert Guyard est appelé par la confiance de ses collègues, à la présidence du Syndicat central des Agriculteurs de France. Il voit dans ce Syndicat, une institution capable de rendre à la première de nos industries nationales, d’importants services. Il se voue corps et âme à cette nouvelle fonction. Doué d’un jugement sûr, d’une intelligence prompte à saisir les difficultés, d’une élocution rapide et brillante, il possède cet ensemble de qualités maîtresses qui font les présidents d’élite. Pour l’agriculture, il prouve, par d’heureuses innovations culturales, qu’il était possible de tirer des terres de la région de meilleurs revenus. Il réussit à acclimater dans son domaine des troupeaux de vaches de race pure Schwitz et remporte plusieurs 1er prix au Concours général des animaux reproducteurs à Paris.
C’est à lui que le Syndicat agricole de Bar-sur-Seine doit sa création et la prospérité dont il jouit. C’est aussi un fondateur du Club Alpin, dans le but d’attirer l’attention publique sur les beaux sites de notre pays, de faciliter les excursions dans les montagnes et, par là, de faire mieux aimer la France.
A l’inverse de tant d’hommes qui n’aspirent qu’au bien-être et à la jouissance, il n’éprouvait d’autre besoin que celui de se dévouer, il n’ambitionnait pour récompense de ses services, que la satisfaction du bien accompli.
Il avait l’estime non seulement de tous les travailleurs de la terre, mais aussi de tous ceux que préoccupent les intérêts de la France ! ".
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