Georges Hoppenot

Dans la séance du 17 juillet 1903, M. Gustave Huot, président de la Société Académique de l’Aube, à l’occasion du décès de M. Georges Hoppenot a prononcé une allocution courte, mais bien raisonnée.

 

Georges Hoppenot, né le 2 Janvier 1853 à La Chapelle-Saint-Luc, était décédé le 26 juin 1903.

 

Il s’était marié avec Elisabeth Landel (1865-1942) en septembre 1886.

 

Ses enfants étaient Pierre Hoppenot né en 1888, Jacques Hoppenot en 1892, Philippe Hoppenot en 1901.

 

Propriétaires terriens avant la Révolution, les Hoppenot s’illustrèrent avec Edmé-Auguste Hoppenot (1791-1853) qui accède à l’industrie textile et se montre novateur. Filateur de laine, il met au point un procédé de filature des déchets de soie, jusqu’alors perdus, et se lance dès 1840 dans cette industrie.

 

Voici les termes de son allocution :

 

« La Société Académique vient encore d’éprouver l’amertume d’un nouveau deuil. M. Georges Hoppenot, en pleine puissance de sa belle et vaste intelligence, nous est enlevé au moment où une réelle amélioration dans son état de santé pouvait nous faire espérer son complet rétablissement. Notre distingué collègue appartenait à notre Association (section des Sciences) depuis 1896. Son passage au milieu de nous a été trop court au gré de nos affections.

 

M. Hoppenot était fils et petit fils de grands industriels, créateurs de la filature de la bourre de soie.

 

L’honneur, la loyauté commerciale et la bienfaisance sont héréditaires dans la famille Hoppenot, et notre cher collègue n’a failli à aucune de ces belles traditions.

 

Homme de science et d’action, M. Georges Hoppenot dirigeait à Troyes l’importante usine de Schappe.

 

Il avait su, par son infatigable activité et ses rares aptitudes les sciences mécaniques, donner à la filature du Boulevard Danton un développement tous les jours croissant et faire de la grande œuvre familiale une industrie sans rivale.

 

Les nombreuses occupations de M. Georges Hoppenot, dans la filature, ne suffisaient pas à sa nature ardente et à l’activité féconde de sa vie.

 

Profond penseur, il s’intéressait à toutes les manifestations de l’intelligence humaine. Esprit affiné, il avait groupé autour de lui d’intéressantes collections d’art.

 

La noblesse de ses sentiments, cachée sous des dehors parfois peut-être un peu rudes, lui donnait la constante préoccupation du sort des travailleurs qui vivaient autour de lui. Il les secourait discrètement dans leurs souffrances, mais il ne se bornait pas, par d’ingénieuses combinaisons d’assistance, à améliorer leur bien-être matériel. Il considérait qu’il avait charge d’âmes et voulait élever leur état moral et intellectuel.

 

Il avait également grand souci de l’éducation des enfants de ses ouvriers. Les jeunes filles sans parents étaient placées par ses soins dans un asile voisin, dirigé par des sœurs (voir chapitre « Le paupérisme au XIX° siècle »). Elles trouvaient là, en dehors des heures de travail, un refuge, un foyer qui leur assurait secours et protection.

 

M. Hoppenot avait la connaissance intime de tous les travailleurs qui l’entouraient. Il les suivait dans les diverses étapes de leur existence et restait toujours leur conseil, leur confident, leur bienfaiteur.

 

Les liens qui rattachaient le personnel de l’usine à son chef étaient tout d’affection, de confiance et de dévouement.

 

Aussi les crises ouvrières étaient absolument inconnues à la filature Schappe.

 

M. Hoppenot, n’écoutant que les inspirations de son cœur et sans autre prétention que de faire le bien, devançait dans leur application des doctrines de problèmes sociaux toujours à l’étude.

 

Notre Collègue ne comprenait que les solutions pratiques, appropriées aux exigences des temps présents.

 

Il n’y a de disparus que ceux qui sont oubliés et notre cher Collègue restera vivant dans le souvenir de tous ».

 

Trouvons-nous encore en 2020 de tels patrons ?