Dessinateur humoriste et comédien, telles furent les deux grandes activités de ce Troyen né le 12 août 1888, faubourg Croncels, en face de la rue des Capucins (rue Charles Dutreix). Ses autres occupations furent : dessinateur au cabinet de son père, l’architecte Gaston Viardot, de 1908 à 1910 ; quand la tragédie de 1940 eut mis fin à ses activités artistiques, secrétaire de la mairie de Crésantignes de 1941 à 1954, et sous-caissier de la Caisse d’Epargne de Troyes à Jeugny, de 1947 à 1955.
Ce qui a valu à Gilbert Viardot la notoriété, est la période 1909-1940, 30 années consacrées avec une conscience totale au dessin et à l’art dramatique. Dès les premières manifestations de sa jeune personnalité, le vieux poète Emile Predl écrivait avec une sorte de préscience, dans le « Petit Troyen » du 31 octobre 1909 : «Ce grand garçon qui, comme un Gringoire, s’en va la coiffure à la diable, le nez au vent, le menton relevé et busqué – trait physiognomonique affirmant de la solidité dans les idées – vous paraitrait, sur l’un de nos trottoirs, plutôt frêle et destiné à marcher derrière les autres. Eh bien ! Non : il marche devant ! ».
La carrière du dessinateur humoriste commence en 1910, marchant ainsi de pair, dès ses débuts, avec celle de comédien. Les premiers dessins de Gilbert Viardot, qui sut immédiatement trouver un mode d’expression totalement personnel, parurent en 1909, dans l’« Almanach du Petit Troyen », sous la signature Gil Gass (syllabes initiales des prénoms de Viardot : Gilbert-Gaston). Encouragé par cette réussite, il décide d’aller à Paris présenter ses spirituelles lignes, sinueuses et d’une régularité de trait digne de l’architecte, composant en leurs arabesques savamment étudiées des « charges » de la meilleurs venue. La direction du « Rire » apprécie hautement la verve incisive du trait et demande seulement que le dessin soit accompagné d’une légende. Quelques instants de réflexion et notre dessinateur se double d’un humoriste. C’était en 1910. C’est rapidement une réussite. Ce sont les quotidiens et les hebdomadaires qui demandent à Viardot de collaborer à leur journal. Ainsi, notre concitoyen se fixe en la capitale en avril 1913, lorsque « Le Journal » lui eut demandé sa collaboration par contrat. Sa signature a figuré, pour les quotidiens, dans « « Le Journal (pour sa page : La vie drôle), « Le Matin », « Paris-Soir » à sa création. Pour les hebdomadaires : « Le Rire », « Fantasio », « Le Sourire », « Pages folles », « Frou-frou », « Le Merle blanc », « La Charrette », « La Baïonnette », « Floréal », « L’Animateur des temps nouveaux », « La Revue française », « La Semaine de Paris », « Les Potins de Paris », « L’Echo du théâtre », « L’Echo des Etudiants », « L’Echo de la bourse », « La voix du combattant ». Hors de France, « Le Moniteur de la peinture » de Liège publia aussi très souvent des dessins de Viardot.
En 1911, Viardot est admis au Salon des humoristes. Chaque année il participe à cette exposition qui fait courir le Tout-Paris et, en décembre 1923, il est élu membre du Comité administratif de la Société des Humoristes et membre du jury au Salon annuel, jusqu’en 1935.
Gilbert Viardot a créé de nombreuses compositions publicitaires non seulement à Troyes, mais son humour a été apprécié et utilisé, à des fins commerciales, par Paris, Reims, Dijon, Epinal, Liège.
A l’époque héroïque du théâtre amateur, en 1909, Gilbert fit ses débuts à « L’œuvre d’art », où il affronta le public de Troyes de 1909 à 1926, et en 1932 avec les « P’tites Michu », au théâtre de Troyes. Sa carrière se poursuit jusqu’en 1935. Au cours de ces années, notre comédien a foulé les planches, comme amateur : à Paris, au Théâtre des Variétés et au Théâtre Michel, à Genève, au Grand Théâtre et à Marseille, au Gymnase. Il participa à 57 pièces (ayant eu pour partenaire Pierre Fresnay). En 1921, il obtient, avec « L’Engrenage », le second prix au Concours de Comédia (1er prix : Pierre Larquey). A Troyes, le public put l’applaudir aussi dans « A tu et à Troyes : Troyes déridéra ! ».
Il vécut sa retraite à Crésantignes.
Le double talent de Gilbert Viardot ne devrait pas sombrer dans l’oubli, c’est un peu le but de ce chapitre !!
Le Conseil municipal de Troyes donne son nom à une rue le 7 octobre 1985.
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