Il nait à Troyes, le 7 novembre 1576, d’une famille de bonne bourgeoisie. Le registre de Saint-Jean-au-Marché indique que Jacques est le fils de Johan Hennequin et dame Marie Angenoust.
Et il décède à Troyes, après une longue existence de 85 ans, le 31 août 1661. Cette longévité exceptionnelle pour un homme du XVII° siècle, lui permit de fournir une longue carrière de professeur de théologie en la maison de Sorbonne si renommée.
Ce fut le 15 août 1605, que Jacques Hennequin « Trescensis » fut admis à la « probatio marum ».
Dès le 1er octobre, la Faculté lui accorda l’hospitalité, puis dès novembre, la Société de Sorbonne coopta le bachelier.
Dès le 11 janvier 1606, il était admis « ad juramenta societatis ».
Le 1er avril 1606, notre troyen se voit élever à la dignité et fonction de prieur de la Sorbonne qu’il dirigea 2 ans.
Travailleur et désireux de devenir un maître ès sciences sacrées, il conquiert en 1608 le grade de licencié en théologie.
Deuxième des licenciés de l’année, Hennequin s’engage dans la carrière de professeur de théologie.
C’est sous son priorat que « messire Armand du Plessis de Richelieu, révérendissime évêque de Montluçon » fut agrégé à la Sorbonne.
Le 31 octobre 1612, Hennequin est élu Lecteur (professeur de théologie) de la maison Sorbonne en remplacement de Messire Pierre Leclerc.
Hennequin allait enseigner la science des choses divines pendant 48 ans, poste le plus important de la maison.
Jacques Hennequin, retiré à Troyes, le 22 Novembre 1651, fait don à Troyes de sa bibliothèque, premier noyau de la Médiathèque actuelle (Le traité de donation est conservé sous la cote manuscrit n°2404). Cela représentait 4.697 livres, à la condition que ceux-ci soient mis à la disposition du public : « Je donne mes livres aux religieux Franciscains, les Frères Mineurs, appelés Cordeliers, à charge pour eux, de les mettre à la disposition de tous ceux qui désireront entrer… tous les lundis, mercredis, vendredis… depuis midi sonnant jusqu’à soleil couchant… lequel lieu sera appelé la Bibliothèque de Troyes ».
En 1779, le corps municipal ordonne l’ouverture d’une bibliothèque située au couvent des Cordeliers, qui avait toujours été fermée au public.
Arrivé au terme de sa vie, il fait une dotation à l’Hôtel-Dieu le Comte (voir ce chapitre), dont la cote 2869 est à la Médiathèque.
Les archives départementales de l’Aube conservent le texte de la fondation d’une deuxième chaire de philosophie et de théologie au Collège de Troyes (cote G 1309). Enfin, les Archives nationales gardent trace de l’insinuation d’une donation au séminaire de Troyes de 12.000 livres
Il n’est pas douteux que J. Hennequin doive être rangé parmi les théologiens qui professaient en matière d’ecclésiologie une conception gallicane. On sait que le gallicanisme revendiquait l’indépendance de l’Eglise de France à l’égard du pouvoir pontifical et soutenait la thèse que l’autorité d’un concile général était supérieure à celle du pontife romain.
Richelieu était disciple de Jacques Hennequin.
Lors du professorat qu’il exerça au collège de Calvi, le jeune Armand Jean de Richelieu y était élève. Dans l’ouvrage de G. Hanotaux : « Histoire du Cardinal de Richelieu », au tome 1er, se trouvent les preuves documentaires des relations de maître à disciple qui existèrent entre le docteur d’origine troyenne et le futur cardinal : « Vers 1603, après avoir renoncé à une carrière militaire, Richelieu décida d’entrer dans l’Eglise, et aborda la théologie… son premier maître en cette science fut Jacques Hennequin, homme docte, qui enseignait au collège de Calvi… Dès 1603, Armand Duplessis de Richelieu suivait ses leçons… ». Plus loin, Hanotaux écrit : « Nous savons aussi que Richelieu avait étudié sous le célèbre docteur français Jacques Hennequin… ». Et dans un autre tome : « Richelieu couronna ses études privées par des études publiques. Il entendit Hennequin au collège de Calvi. Il apprit de son professeur Hennequin la logique et la morale en 1603… C’est pendant l’année 1607, au cours de laquelle J. Hennequin fut prieur de la Sorbonne, que Richelieu a été admis à l’hospitalité de la maison de Sorbonne, puis en est devenu sociétaire. C’est aussi en présence de Jacques Hennequin que Richelieu soutint sa première Thèse de théologie le 29 octobre 1907 ».
Lors de son décès, les journaux de l’époque écrivent : « Ce jour est décédé M. Jacques Hennequin, doctore en Sorbonne pour lequel on prie ce jour ».
Il est inhumé aux Cordeliers avec cette épitaphe : « Cy gist vénérable et discrète personne, Maître Jacques Hennequin, docteur et lecteur en Sorbonne, lequel décéda le dernier d’août MDCLXI ».
Aux Archives départementales de l’Aube, par devant les Notaires Royaux de Troyes, existe cette inscription : « Donation faite aux pauvres malades de maladie incurable, non contagieuse, par Monsieur Hennequin Docteur en Théologie dans les écoles de la Maison Collège et Société de Sorbonne ».
En 1851, le nom du fondateur de notre première bibliothèque publique est donné à la rue qui était alors divisée en deux parties : la première, de l’ouest à l’est, du canal (Quai des Comtes de Champagne) jusqu’à la rue de Rome qui se nommait rue du Chant des Oiseaux, et l’autre qui s’intitulait rue des Carreaux. C’est également dans cette rue que se tenait depuis 1260, le couvent des Cordeliers (aujourd’hui, la Maison d’arrêt).
Il est dommage qu’aucune municipalité n’ait jamais pensé à donner le nom de Jacques Hennequin à la Bibliothèque de Troyes.
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