Le projet d’érection d’un buste d’Alfred Boucher dû au ciseau de Jacques Vignot, a ramené sur le devant de la scène dont il se tenait par trop éloigné, ce sculpteur troyen dont la qualité maîtresse est celle d’une profonde honnêteté intellectuelle.
Avant d’attaquer le bois, ce sculpteur troyen opère par calculs et épures tracées sur le papier. Il soumet sa sculpture aux lois du Nombre d’or. Elle est une ligne qui part d’un point et y revient.
Jacques Vignot, né à Provins en 1926, s’installe à Troyes en 1949, d’où sa blonde épouse est originaire.
« L’Egypte, se plaît à répéter à ses amis Jacques Vignot, a senti la durée. Elle fut plus soucieuse de fixer cette durée dans le trait que d’enfermer le présent dans la musculature d’une ronde-bosse comme le firent Rodin ou Bourdelle ».
C’est pourquoi, à la manière de techniques héritées du pays des pharaons immobilisés dans leur éternité, Jacques Vignot ponce les formes, estompe les arêtes, brise les angles.
« D’où l’aspect féminin, fluant jusqu’à l’évanescence de cette sculpture que le galbe domine et qui semble devoir échapper à la saisie de la main ».
En 1952, au Palais de New York, il expose une Sainte-Thérèse.
Aux Artistes français, l’année suivante, Jacques Vignot enlève une médaille de bronze, que suivra en 1956, la médaille d’argent qui le consacre le plus jeune sculpteur de la région parisienne. Il a alors 27 ans.
Parrainé par M. George, membre de l’Institut et M. Saulo, Grand Prix de Rome, il est reçu sociétaire des Artistes français en 1958.
Il dit : « J’ai appris mon métier à Paris, en fréquentant les ateliers de Pierre Poisson et de Pelée Hirrn ».
Jacques Vignot, auprès de ses maîtres, se soumet aux exigences d'un enseignement classique, étudiant le dessin, l'anatomie et la morphologie.
Son regard se tourne vers l’Egypte dont il apprécie la statuaire et avec laquelle il se sent en communion de pensée et de sensibilité.
Il ne se cache pas détester l’école romaine.
C’est en 1953 que, pressé par des amis, Jacques Vignot se met à tailler le buste du sculpteur Alfred Boucher, fils d’un jardinier, élève de Paul Dubois.
Jacques Vignot travaille d’après des documents photographiques, s’attachant à ne pas refaire ce que le sculpteur troyen Pierre Jamin a lui-même réalisé.
Une comparaison entre le médaillon conçu par ce dernier et le buste de Jacques Vignot, convainc qu’il a fait œuvre originale.
Or, et comme pour se démentir lui-même, la composition, tout en demeurant architecturale, est toute musculature, alors qu’il procède généralement par effacements.
C’est là un autre aspect du talent de Jacques Vignot pour qui l’art est « quelque chose de simple », mais dont la simplicité dans l’expression plastique est aboutissement d’un long travail de maturation.
Des rythmes et des contre balancements s’ordonnent et s’inscrivent en un tout harmonieux.
« Un chant qui sourd, une musicalité, une poésie intérieure, tel est l’art de Jacques Vignot dans sa douloureuse et exaltante quête de la pureté des lignes et des formes ».
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