Louis Magnin, Avocat au barreau de Troyes, ancien bâtonnier de l’Ordre, suppléant du Juge de paix du 3° canton de Troyes, Officier d’Académie, décède subitement le 23 août 1905 à l’âge de 56 ans.
Né le 25 septembre 1849, il est le fils d’un avocat distingué. Il suit les cours de la Faculté de Droit de Paris, lorsque la guerre éclate entre la France et la Prusse. Il n’hésite pas à prendre du service, et le 19 juillet 1870, il est nommé sous-lieutenant dans la garde mobile. Son régiment fait partie de la garnison de Langres, et il prend une part brillante à la défense de cette place. Reçu licencié en Droit, après la fin de la guerre, il est admis en stage, au barreau de Troyes, le 6 novembre 1873, et 3 années plus tard, il est définitivement inscrit au tableau de l’Ordre.
Dès 1879, Magnin est appelé à siéger au Conseil de l’Ordre à côté d’Argence, de Fréminet, de Petit, de Baudin. En 1884, l’estime et l’affection, de ses confrères le place à la tête de l’Ordre, et il est à plusieurs reprises réélu bâtonnier.
Il se marie à Troyes et acquiert rapidement une grande notoriété. Ses qualités brillantes d’orateur, " ses qualités plus précieuses encore d’homme de cœur et de dévouement ", le font élire en 1887, Conseiller Général du canton de Saint-Blin. Son mandat lui est sans cesse renouvelé jusqu’en 1904.
Lorsqu’il décède brutalement, conformément à sa volonté formelle, aucun discours n’est prononcé sur sa tombe.
Le 16 octobre 1905, à l’issue de l’audience solennelle de rentrée du Tribunal Civil de Troyes, M. Lambert Président, en présence de tous les Magistrats, Avocats et Huissiers, avec une émotion qui gagne immédiatement tout l’auditoire, prononce l’éloge funèbre de Maître Magnin :
" Ici, en face de ce banc où nos regards cherchent encore involontairement sa présence accoutumée, dans cette enceinte où sa voix a si souvent et si brillamment retenti, l’expression émue de nos regrets et de notre admiration pour son caractère et son talent... Dans ses délicates fonctions de bâtonnier, dont la charge lui fut si souvent renouvelée, vous avez été à même de reconnaître dans quelle sage mesure il savait allier la bienveillance à la fermeté. Si Maître Magnin était avant tout l’avocat intègre, habile et éloquent que nous avons tous connu, depuis quelques années il appartenait plus directement à la magistrature comme Suppléant du Juge de paix du 23° canton de Troyes, et nous venons de perdre un homme de valeur… M. Magnin ne fut pas seulement un esprit large et vif, merveilleusement doué des plus précieuses qualités de l’intelligence et servi par une naturelle facilité d’élocution… ce fut en même temps un travailleur et un réfléchi… les caractéristiques de son talent : rectitude de vue, science du droit, jugement précis, large bon sens… la partie essentielle de sa plaidoirie résidait dans l’exposé du fait. Lorsqu’il avait consenti à se charger d’une cause, parce qu’il la croyait juste, ou, tout au moins était convaincu de l’exagération des prétentions adverses, élaguant résolument tout détail superflu, il exposait simplement les faits, persuadé que les conséquences juridiques à en tirer s’imposeraient naturellement au juge… sa connaissance parfaite du droit et la sûreté de sa dialectique ne le laissaient désarmé devant aucun argument de son adversaire… en tant qu’homme politique, objet pendant tant d’années de la fidèle confiance de ses électeurs, avec de si longs services rendus par le conseiller général… là comme ailleurs, hautement apprécié de tous, forçant même l’estime de ses adversaires, il a montré sa valeur… homme de progrès, homme de caractère, il fut toujours un vrai républicain, incapable de ces compromissions qui trop souvent avilissent l’élu soit devant l’électeur, soit devant le Pouvoir… ".
Puis, c’est le bâtonnier qui fait son éloge : " depuis de longues années, il est peu d’affaires importantes qu’il n’ait été appelé à plaider. Il fut un Avocat d’assises incomparable : sa parole persuasive, sa discussion serrée, son éloquence tour à tour familière et vibrante qui gagnait le cœur, lui faisaient obtenir d’inattendus succès… Comblé de tous les dons de l’intelligence, son esprit primesautier lui permettait, dans les discussions juridiques les plus sévères, de soutenir, sans jamais la fatiguer, l’attention de l’auditoire par un trait imprévu, toujours spirituel… Il est des privilégiés de ce monde sur lesquels les portes du tombeau peuvent de refermer sans qu’ils disparaissent dans l’oubli : sa mémoire vivra toujours dans le cœur de ses confrères, de ses amis, de tous ceux qui l’ont connu… ".
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