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Olivier Pain


Olivier Pain
Olivier Pain

Je pense qu’il est intéressant pour mes lecteurs, de leur rappeler brièvement la vie de quelques uns de nos concitoyens, comme aujourd’hui, celle si aventureuse et si mouvementée d’un enfant de notre ville de Troyes, Olivier Pain.

 

On apprend toujours quelque chose de ce qui se passait à cette époque, et que, sans notre Troyen, nous n’aurions sans aucun doute jamais connu.

 

Olivier Pain, naît en 1845 à Troyes, où son père dirige une banque : la « Banque Pain et Cie », qui était installée au n° 13 de la rue Jaillant-Deschaînets, et qui avait connu une assez longue période de prospérité, mais suite à de mauvaises spéculations, avait déposé son bilan, la justice même ayant eu à intervenir.

 

C’était en 1860 et Olivier Pain, qui faisait alors ses études au Lycée de Troyes (où il était, parait-il, un élève intelligent, mais indiscipliné), est obligé de quitter la ville.

 

A Paris, il se consacre au journalisme et, dans les dernières années de l’Empire il écrit dans les feuilles qui faisaient au régime l’opposition la plus acharnée et professaient les opinions les plus avancées.

 

A la suite des troubles occasionnés par les obsèques de Victor Noir (nom de plume d’Yvan Salmon, journaliste français, tué à l’âge de 21 ans d’un coup de feu, par le prince Pierre-napoléon Bonaparte, parent en disgrâce de l’empereur des Français Napoléon III), il est enfermé à Sainte-Pélagie en même temps que Rochefort qui devient son ami et dont il va bientôt partager le sort.

 

Victor Henri de Rochefort de Luçay, est un journaliste, grand polémiste dans les journaux « La Lanterne », « La Marseillaise », « L’intransigeant », qui défend des options politiques radicales voire extrémistes (anticlérical, nationaliste, favorable à la Commune, boulangiste, socialiste et antidreyfusard), qui lui vaudront le surnom de « l’homme aux 20 duels et 30 procès », et des condamnations notamment au bagne de Nouméa dont, fait unique, il parvint à s’échapper en 1874.

 

Délivré par la Révolution du 4 septembre, Olivier Pain prend part à la Commune, et devient le 18 mars Secrétaire général au Ministère des Affaires étrangères et, lors de la semaine sanglante, est blessé en combattant.

 

Condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée, il est envoyé à Nouméa, dans la presqu’île de Ducos, où il retrouve Rochefort.

 

Le 20 mars 1874, tentant une entreprise hasardeuse, les deux amis, accompagnés par Paschal Grousset (journaliste, élu membre de la Commune de Paris, député socialiste indépendant), Jourde et 2 autres camarades, parviennent à s’évader, gagnent l’Australie, les îles Fidji et Sandwich, l’Amérique du Nord et reviennent en Europe par l’Irlande et l’Angleterre.

 

Olivier Pain se fixe en Suisse.

 

Arrive la guerre russo-turque de 1877-1878 et le journaliste qui a toujours affectionné les grandes aventures, part en qualité de reporter des journaux « Le Bien Public » et « La Lanterne », pour suivre les opérations militaires. Il est à l’armée d’Osman Pacha et enfermé avec elle dans Plewna. A la chute de cette ville, en décembre 1877, il est fait prisonnier. Le bruit court que, pris sur le champ de bataille, il va être jugé sommairement et fusillé.

 

Il n’en est rien. Conduit au quartier général russe, on l’envoie en captivité sur les bords de la Volga, à Syran, petite ville à 2 jours de route de la mer Caspienne. Mais par l’entremise de la diplomatie suisse, il ne tarde pas à recouvrer la liberté.

 

Grâce à l’amnistie de 1879, Olivier Pain peut bientôt rentrer à Paris et reprend sa plume de journaliste.

 

En 1881, le fils d’obscurs artisans nubiens, Mohammed-Ahmed annonce que Mahomet lui est apparu et lui a donné la mission de chasser les Egyptiens du Soudan. Il prend le titre de Mahdi, ou prophète, et ses disciples prêchent la guerre sainte dans toutes les tribus. Bientôt une formidable insurrection éclate dans le Kordafan, qui est une des parties du Soudan égyptien. Les partisans du Mahdi, des nègres armés de sabres et de lances, mais pleins d’un enthousiasme frénétique, font reculer l’armée égyptienne qui, pourtant, était commandée par des officiers anglais, et les troupes anglaises de l’amiral Héwett et du général Graham envoyées en secours. Le général Gordon-Pacha chargé de rapatrier les garnisons anglo-égyptiennes reste dans les parages de Karthoum et, cerné, est obligé de s’enfermer dans cette ville, laissant le Soudan gouverner à sa guise. Après un siège de 317 jours le malheureux Gordon doit capituler et se fait tuer au début de l’assaut, le 25 janvier 1885.

 

Olivier Pain, en qualité de correspondant du journal « Le Figaro » entreprend de se rendre au Soudan et de pénétrer dans Karthoum afin d’interviewer le Madhi. Il s’assure avant, que sa famille, une femme charmante et 4 petits enfants, ne manquerait de rien et part…

 

On ne devait plus le revoir. On sut seulement qu’il avait pu se rendre près du Madhi et que celui-ci en fit le généralissime de ses armées et son ministre des Affaires étrangères.

 

Les circonstances qui entourèrent sa mort sont restées mystérieuses et contradictoires : un capitaine anglais aurait promis une récompense de 50 livres sterling à quiconque livrerait Olivier Pain mort ou vif, une dépêche annonça qu’Olivier Pain était mort de la fièvre au Soudan, une lettre affirma que le journaliste français troyen serait tombé aux mains des Arabes séduits par la récompense promise, et aurait été fusillé dans le désert…


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