Le conseil municipal du 8 octobre 1886 donne le nom de Pierre Gauthier à une rue du quartier Saint-Martin. Mais aujourd’hui, qui sait que nous avons eu des Troyens si célèbres ?
Martin, Pierre Gauthier naît à Troyes, le 9 janvier 1790. Son père, Nicolas est secrétaire des gardes du corps du roi, alors en garnison à Troyes. Jusqu’à 7 ans, il est d’une santé délicate. Ensuite, il est presque constamment enfermé dans une chambre obscure en raison d’un affaiblissement de sa vue. Un accident lui redonne la vue et la santé. Un jour, quelqu’un oublie de refermer la trappe de sa chambre, qui conduit à une cave "de 12 pieds de profondeur ". Il tombe, évanoui, à moitié mort. Mais après cette chute il "devient vigoureux et ses yeux se fortifient".
A 10 ans, il entre au collège de Troyes. Il devient très fort en dessin. Puis, il suit des cours publics d’architecture, où il obtient tous les premiers prix. En allant se faire couronner à Milan roi d’Italie, Napoléon, traverse Troyes. Le préfet d’alors, M. de Valsuzenay lui présente le jeune Gauthier dont le talent précoce reçoit les encouragements de l’Empereur. Un secrétaire qui suit Napoléon s’occupe du jeune artiste, le prend en affection et l’engage à venir à Paris. Gauthier connaît bien une tante de M. Fontaine, architecte de l’Empereur. Le jeune garçon va frapper, sous la conduite de son père, à la porte de Fontaine. Après 6 semaines d’épreuves, Gauthier entre à l’atelier. Au bout d’un an, il est reçu deuxième au concours d’essai de l’Ecole des Beaux-Arts, et 6 mois plus tard, il obtient une médaille. En 1809, il arrive 3° sur les 8 concurrents admis à concourir pour le grand prix de Rome.
En 1810, il est reçu premier à cette épreuve, et a un succès éclatant, sans précédents et sans exemples : à 20 ans, il est premier aux Beaux-Arts et à l’Académie, et reçoit 2 médailles et le grand-prix. Pendant son séjour à Rome, des fouilles sont entreprises par le gouvernement français. Il reconstitue dans toute son étendue l’immense monument dont il ne reste qu’un tiers échappé à la destruction, le " Temple de la Paix ". Il réalise alors un projet de basilique chrétienne, monument destiné à une capitale. Ses plans se composent d’une première enceinte entourée de portiques, flanquée de 2 clochers, et contenant les 14 stations du Chemin de la Croix. Une seconde enceinte se développe sur une succession de petits temples consacrés, chacun, à un des sacrements de l’Eglise. Une chapelle des morts complète cet ensemble. Enfin apparaît un grand édifice principal, sorte de sanctuaire auquel on n'arrive qu’après avoir passé par la voie des sacrements. En 1819, cette exposition obtient une médaille d’or de première classe.
Gauthier, en revenant de Rome rêve de grands travaux. Il arrive à Troyes, sa mère venant de décéder. Son vieux père de 70 ans décide alors de l’accompagner partout où il ira. Pendant une année à Gênes, il exécute de nombreux dessins, mesures, plans…". Tout ce que Gêne et ses environs contiennent de remarquable, se trouve dans le portefeuille de l’architecte. Son livre intitulé " Les plus beaux Edifices de la ville de Gêne et de ses environs ", est terminé en 1824. Il forme 2 volumes, le premier comprenant 102 planches gravées et 6 vues, le second, 69 gravures. Parmi ses souscripteurs, Gauthier compte les princes, les ministres, les membres de l’Académie des Beaux-Arts et de l’Institut…Le comte de Chabrol, préfet de la Seine, le nomme architecte des Hospices de Paris.
L’Académie des Beaux-Arts le choisit à l’unanimité pour son projet d’une chaire à prêcher destinée à l’église Saint-Gervais. La ville de Cambrai le charge de l’érection du monument à Fénelon, la ville de Mende lui confie la construction de l’édifice consacré à la mémoire de Bertrand du Guesclin. Le ministre de l’Intérieur lui fait restaurer la Sainte-Chapelle de Vincennes, l’administration des hospices lui fait exécuter des travaux considérables : restauration et agrandissement de l’hospice de Bicêtre, la construction du quartier des aliénés, de l’hôtel des Nourrices (aujourd’hui bazar des glaces de Saint-Gobin), de la lingerie de l’hôpital Saint-Louis, le nouvel hospice des Orphelins, celui de la Reconnaissance à Garches, la nouvelle façade de l’Hôpital de la Charité à Paris…Il construit l’église de Saint-Jean-de-Bonneval près de Troyes, la Halle aux grains de Troyes, l’Hospice Saint-Nicolas de Troyes, les plans d’un marché couvert pour Troyes, le projet de restauration de la grande salle de l’Hôtel de ville, les plans pour l’agrandissement de l’Hôtel-Dieu-le-Comte. Après la Halle aux cuirs de Paris, le préfet de la Seine le charge d’un travail d’une importance considérable, qui vient couronner dignement sa carrière : dresser les plans et les devis d’un hôpital-modèle à élever au faubourg Poissonnière, dans l’enclos Saint-Lazare. Cette entreprise dure 12 ans : en 1842 est inauguré l’hôpital de La Riboisière. Il est élu membre de l’Institut.
C’est avec tristesse qu’est connue la fin d’une carrière si bien remplie. Gauthier était l’auteur des plans et des devis de l’hospice Saint-Nicolas de Troyes. Leur exécution, abandonnée à des entrepreneurs est déplorable. Les bâtiments se lézardent et menacent ruine quelques années après leur achèvement. Il en avait confié l’exécution à un tiers. Il est condamné en 1855 au paiement d’une somme énorme : plus de 200 mille francs ! Faute d’argent, l’architecte est mis en prison à Clichy. Les membres de l’Institut font une démarche auprès de l’Empereur qui promet de donner 50.000 francs sur sa cassette personnelle.
Le 20 mai 1855, il rend le dernier soupir. Un nombre considérable d’artistes, d’hommes politiques, d’hommes de lettres, de savants, de membres de l’Académie accompagnent et conduisent le corps à sa dernière demeure.
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