C’est une règle quasi générale, lorsque la police parvient à mettre la main sur les membres d’un gang, qu’on impute à ces derniers toute la liste des crimes dont on a recherché longtemps les auteurs sans pouvoir les trouver.
Cela facilite bien les choses et les Troyens ne manquent pas, quand ils apprennent l’arrestation de Paulo le Vicaire, d’Escartefigue et de Johnny (qui sont les noms de guerre de Paul Bernard, de Marius Courbon et de Jean-Pierre Salnitro) de se dire : " Les cambrioleurs de la bonneterie de la rue Champeaux doivent avoir bien d’autres méfaits à leur actif ". Cette idée s’ancre plus profondément dans leur cerveau quand ils savent que ces trois arrestations ont amené la découverte d’une bande de malfaiteurs, dirigée par le beau Gilbert Barrier, le Roméo 48. Elle devient presque certitude avec l’annonce de la mise hors d’état de nuire d’un nouveau membre de ce gang, Gaston Beugniez.. Ce n’est pas un inconnu à Troyes. Il y a fondé le gang des Grands Cass’. Cette raison… commerciale est tout un programme, suffisamment explicite !
Une nuit de décembre 1946, il cambriole le greffe du tribunal de Troyes et s’empare d’un important lot de bijoux sous scellés. Le commissaire de la Brigade mobile de Reims, l’arrête à Paris.
Il se terre dans une loge de concierge, tenue par sa mère, 13, rue Saint-Sauveur. Depuis plusieurs mois, il vit là en compagnie de sa maîtresse et de son fils, âgé de 4 ans. Il déjeune tranquillement, quand les policiers lui passent les menottes :" J’appréhendais votre venue ", dit celui que dans le milieu, on surnomme La Gracieuse. " Cela te servira de leçon et tu t’en souviendras souvent quand tu retrouveras la liberté… après un long séjour en prison ", riposte le commissaire. " Quand je sortirai de taule, soupire Beugniez, je vous jure que je redeviendrai un honnête citoyen ! ".
Ses méfaits, sont aussi nombreux que les identités qu’il emprunte. A un greffier d’une maison d’arrêt qui lui demande son nom, il répond : " Lequel voulez-vous ? J’en ai tant ! ".
En même temps que lui, les policiers arrêtent dans un bar voisin, Gaston Gastembide, dit Bison la Duraille, dont la femme complique son existence. Elle est devenue la maîtresse de Beugniez, au grand déplaisir de son épouse qui ne veut pas un tel partage. Dans une crise de colère, celle-ci avait menacé de raconter ce qu’elle savait. Avec quelques coups de couteau, qui l’expédièrent pour quelque temps à l’hôpital, le chef du gang des Grands Cass’ fit comprendre à la jalouse qu’elle avait tout intérêt à accepter de bon gré cette situation… et surtout à ne pas se montrer trop bavarde.
Le cambriolage du greffe du tribunal de Troyes vaut à Beugniez plusieurs années d’emprisonnement au Centre de la Châtaigneraie. Il s’y fait d’utiles relations. Paul Bernard, surnommé Paulo le Vicaire ou Tête de Mort, le prend sous sa protection. Quand La Gracieuse quitte la prison, il lui fait la promesse de l’embaucher, aussitôt qu’il pourra reconquérir lui-même sa liberté. A peine évadé, Paul Bernard, fidèle à sa parole, le présente à son patron : Gilbert Barrier. Gilbert Barrier et Guy Martignère claquent des fortunes dans les tripots ou dans les bars, s’exhibent en compagnie de poupées de luxe qu’ils habillent chez les grands couturiers et déshabillent dans de riches garçonnières, roulent dans des voitures américaines dernier modèle, pour faire prendre l’air, entre deux hold-up, aux barzoï qu’ils ont achetés à la dernière exposition canine, vont passer leur week-end dans leur château de Cormeilles-en-Parisis où ceux des basses besognes, comme Maurice Bernard, Courbon ou Gaston Beugniez, doivent se terrer dans une loge de concierge ou dans un modeste garni, ne bénéficiant que des rogatons que veulent bien leur laisser leurs maîtres au lendemain des fructueux coups de main dont ils ont été, eux, les artisans consciencieux. La Gracieuse, est chargé de refiler aux receleurs les bijoux et les diamants volés. C’est sa spécialité, les bijoux ! Souvenez-vous du cambriolage du greffe du tribunal de Troyes… De plus, il y a eu également à Troyes, deux bijoutiers assassinés à coups de marteau : Paul Marchal, le 15 décembre 1945, M. et Mme Trémolières, le 3 janvier 1948. Les enquêtes menées à l’époque n’ont pas abouti, pas plus que les recherches faites par les radiesthésistes. L’arrestation de Gaston Beugniez, va-t-elle permettre de rouvrir ces deux dossiers dormant sous le silence de l’impunité ? Déjà, l’opinion publique impute au complice de Gilbert Barrier ces deux crimes odieux et pousse M. Scelle, juge d’instruction à Troyes, à faire au plus tôt toute la lumière sur ce point. Pour l’assassinat de M. et Mme Trémolières, l’alibi invoqué par la Gracieuse est irréfutable : il était alors en prison. Est-il l’auteur de la mort de Paul Marchal, le bijoutier de la rue des Quinze-Vingts ? La Gracieuse le nie, mais ne trouve aucun argument à opposer à cette suspicion.
La nuit qui suit son arrestation, Gaston Beugniez tente de se suicider en s’ouvrant les veines à l’aide d’un crochet de fer arraché à son lit. Il se décide à ce geste désespéré afin, de se faire transférer dans un hôpital, d’où il lui sera facile de s’évader.
Mais, l’enquête n’est pas close, car le commissaire est décidé à faire "cracher " à Gaston Beugniez la vérité.
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