Véronique, la petite couseuse troyenne avait fait une fugue sentimentale.
Depuis 16 jours, M. et Mme M… vivent dans une folle inquiétude. Leur fille Véronique a disparu mystérieusement.
C’était le 4 avril 1950, à la veille des 17 ans de la jeune fille. Comme d’habitude, elle était revenue déjeuner, et, à table, on parlait de prochaines fêtes de Pâques. Il fut surtout question d’une robe bleue que Véronique devait essayer le soir même. Rien dans son attitude, ne laissait prévoir une fugue. Elle partit tranquillement sur sa bicyclette neuve, à l’usine où elle était employée comme couseuse. Fait extraordinaire, elle arriva un peu en retard à son travail, alors qu’habituellement, elle était très ponctuelle. Sa journée terminée, elle partit aux Charmilles, porter un paquet de linge à laver. Une jeune fille inconnue l’accompagnait.
Sa commission faite, elle reprit le chemin du domicile familial, près du centre de Troyes.
Depuis lors, on l’a perdue de vue.
Véronique a de très jolis yeux bleus, des cheveux châtain foncé. Elle portait un pull-over blanc, une veste gris-beige et des chaussures marron. Signe particulier : elle avait eu le nez cassé dans une chute de bicyclette. « Elle aimait beaucoup sortir », nous a dit sa mère. Elle fréquentait régulièrement le cinéma et collectionnait les photos de vedettes.
La thèse du suicide est à écarter : la jeune fille n’était nullement neurasthénique. Mais Véronique était attirée par l’aventure.
Est-elle partie avec le jeune forain dont elle avait fait la connaissance peu de temps auparavant ? On recherche celui-ci.
M. et Mme M… se raccrochent à cette hypothèse, mais ils s’étonnent que leur fille n’ait emporté, ni argent, ni vêtements de rechange et ils en arrivent à penser qu’elle a pu être enlevée… ou assassinée !
Un article paru dans L’Est-Eclair, va heureusement permettre de retrouver la trace de Véronique. A la gare de Troyes, un cheminot se souvient d’avoir remarqué, au soir du 5 avril, appuyée contre la grille du pont de Sainte-Savine, une jeune fille correspondant au signalement de la disparue. Elle tenait à la main une bicyclette verte. Cette jeune fille, il l’a revue quelques minutes plus tard, sortant de la consigne. S’approchant d’elle, il lui a demandé : « Vous voyagez seule ? ». La jeune fille s’est troublée et a fini par répondre : « Oui, je vais prendre le train de Paris, je compte me rendre à Metz ».
A la consigne, on va retrouver la bicyclette verte. M. et Mme M… renaissent à l’espoir.
A Metz où leur fille a déclaré se rendre, les foires vont avoir lieu dans quelques jours et, sans doute, Véronique est-elle allée rejoindre son beau forain.
Soudain, coup de théâtre, Véronique est retrouvée chez une tante… à Paris.
En réalité, la jeune fille avait pris un billet à destination du Bas-Rhin. Elle comptait retrouver, non le jeune forain, mais un garçon dont elle était éprise et qui, reçu dans la famille, avait brusquement rompu au moment de son service militaire. Elle espérait renouer avec le jeune homme, mais seule, la sœur de celui-ci avait accepté de la recevoir, et l’accueil avait plutôt été frais !
Désespérée, Véronique avait décidé d’aller se réfugier chez sa tante. « Jamais je ne rentrerai à Troyes » fit-elle savoir à ses parents.
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