Le samedi 12 mai 1979, 7 jeunes, dans deux voitures, vont pique-niquer dans une petite forêt de St-Lyé. Ils arrivent vers 20 h 45. Ils ignorent qu’ils ont rendez-vous avec la mort, celle d’une fille de 19 ans dont le cadavre gît à quelques mètres. Un jeune, horrifié, découvre une femme, le visage sous un masque de sang, son tee-shirt déchiqueté à coups de couteau, sa jupe relevée sur son bas-ventre nu.
Prévenus immédiatement, les gendarmes de Troyes s’aperçoivent que le corps est encore tiède ! La pauvre fille a été tuée il n’y a que quelques instants… Pas de papiers d’identité, pas de sac à main.
L’autopsie détermine qu’elle a été lardée de 12 coups de couteau, et qu’un de ses genoux est démantibulé. Transportée à la morgue de Troyes, les policiers de la brigade des mœurs reconnaissent Marie-Lyne Kaczmar, sur laquelle la police détient une fiche depuis avril 1979, pour prostitution occasionnelle et épisodique.
Née le 3 janvier 1960, elle a une enfance heureuse dans un petit hameau à 30 kilomètres de Troyes. A 18 ans, elle annonce aux siens : " Je veux partir ! J’étouffe dans ce village ! Je veux être indépendante ".
En février 1978, Marie-Lyne, tente l’aventure à Troyes. Sans relations, elle connaît de difficiles moments. Elle loge d’abord dans un foyer, le temps de décrocher un travail. Elle en trouve un enfin : vendre au porte à porte des encyclopédies. Elle sonne à toutes les portes. Le plus souvent on ne l’écoute même pas, on la chasse. Elle est renvoyée par son employeur. Alors, elle trouve des jobs lui permettant de payer sa chambre d’hôtel et de s’acheter un sandwich quotidien. Entre autres, elle est ouvreuse dans le cinéma de la rue Emile Zola. Solitaire, Marie-Lyne recherche des amitiés. Dans les cafés, la fille rousse, un peu boulotte, se lie facilement avec des inconnus, des garçons, souvent, des célibataires qui l’hébergent quelques jours, quelques semaines, avant de la rejeter à la rue. Elle accumule les dettes, puis devient amie avec une bande qui s’adonne à la drogue. Lorsqu’ils sont arrêtés, elle est relâchée, faute de preuves…
En avril 1979, sans ressources, elle décide de se prostituer. Elle arpente le boulevard Gambetta, la rue Argence, la rue Paul Dubois… Pour ses " collègues ", elle est la " petite rousse ", une pauvre fille un peu perdue, un peu paumée, qui offre chaque soir aux clients, ses charmes capiteux. Appréhendée au cours d’une rafle, elle est fichée à la police des mœurs, à la fin du mois d’avril. Chaque soir, maintenant qu’elle a un peu d’argent, elle dîne dans un restaurant proche de " son lieu de travail ", une brasserie de la rue Paul Dubois, où tout le monde la connaît, sans d’ailleurs rien savoir du triste métier qu’elle exerce. Le vendredi 11 mai, les serveurs la voient prendre un verre avec un jeune homme de 1 m 80, aux cheveux bruns frisés, entre 20 et 25 ans. Pour Marie-Lyne, s’agissait-il d’un client ? D’un ami ? On les a vus s’embrasser et discuter joyeusement. Le lendemain, elle est à nouveau là, un peu avant 19 h. On la voit partir avec un autre homme, une cinquantaine d’années, dans la voiture duquel elle monte. Il s’agit d’une R16 blanche. Par la suite, la police cherche à savoir qui est ce mystérieux compagnon qui devait ramener Marie-Lyne au restaurant, une demi-heure après, vers 19 h 30. Les journaux lui demandent de se faire connaître. Il se présente spontanément aux gendarmes et est totalement innocenté : il s’agit tout simplement du dernier client auquel la malheureuse Marie-Lyne a, moyennant finance, offert ses faveurs… Revenue au restaurant, elle y retrouve le jeune homme de la veille. Ils dînent ensemble. Détail qui aura peut-être son importance dans la recherche de l’inconnu qui pour le moment, est le témoin n° 1 de cette triste affaire : le garçon ne mange que des crudités et un dessert, ce qui amène les enquêteurs à penser qu’il est peut-être végétarien. Le repas terminé, ils quittent la brasserie vers 20 h 25. Marie-Lyne semble détendue, joyeuse. A l’un des maîtres d’hôtel, elle confie un sac : " Je vous laisse mes affaires, dit-elle, je repasserai tout à l’heure ! "
Plus personne ne la reverra vivante. De la rue Paul Dubois à la forêt de St Lyé, le chemin est court. Lorsqu’à 20 h 50, les pique-niqueurs arrivent dans la clairière tragique, Marie-Lyne, lardée de coups de couteau, le genou broyé, a tout juste cessé de vivre. Le meurtre a dû avoir lieu à 20 h 40, 10 minutes avant l’arrivée des sept jeunes venus pique-niquer à cet endroit.
Les recherches s’intensifient pour retrouver le jeune homme aux cheveux bruns frisés, mais rien !
Dire qu’il aurait suffi que le meurtrier et sa proie arrivent sur les lieux 10 minutes plus tard, ou que les pique-niqueurs y débarquent 10 minutes plus tôt, pour qu’une pauvre fille de 19 ans soit encore en vie !
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