Les lavoirs apparaissent en grand nombre dans l’espace public. Avant leur apparition, on lave partout : dans les baquets, les mares, au bord d’un cours d’eau, à la fontaine, et cela malgré les interdictions officielles.
Le 20 mai 1791, le lavoir de la place du Marché aux Trapans, bien national, est vendu.
Par arrêté de 1850, le maire demande le "remplacement des lavoirs en usage par d’autres lavoirs établis sur le terrain de chaque maison et suivant un mode de construction qui sera indiqué par l’administration ".
Le XX° siècle voit la multiplication de lavoirs de terre ferme, et non plus des lavoirs au fil de l’eau, simples aménagements de la berge, et en 1886, le bateau-lavoir est crée cours Jacquin. Vaisseau de la taille d’un escorteur, il a 70 m de long sur 15 de large. Il comporte 190 places, avec un immense séchoir à claire-voie, dans la partie supérieure.
En 1905, le maire dépose un projet de construction de lavoirs dans différents quartiers, qui seront alimentés par des eaux de source, et pourront rendre ainsi de grands services à la classe ouvrière. Rapport du 16 juin 1906 : " La question d’hygiène est une de celles qui doit le plus nous préoccuper… nous avons étudié le projet de création des Bains et Lavoirs publics… s’il convenait de créer ce qui n’existe pas, il convenait par contre, d’améliorer ce qui existe et, en ce qui concerne les lavoirs en particulier, il y en a un très grand nombre à Troyes, mais ce qui leur manque, en général, c’est de l’eau propre, tout simplement… pour quelques uns, l’eau est si sale, si boueuse, qu’on ne s’explique pas que l’on puisse y laver du linge… nous affirmons qu’il serait absolument impardonnable de ne pas supprimer au plus tôt un état de chose qui, sans exagération, est une atteinte directe à l’hygiène et un danger public… tous nos efforts doivent tendre à assurer de l’eau propre aux lavoirs qui en manquent et, dans ce but, nous avons réuni tous les buandiers… qui nous ont dit : Donnez-nous de l’eau gratuitement et nous ferons tout ce qu’il faudra pour vous donner satisfaction... Il existe à Troyes, 24 lavoirs, y compris le bateau, fournissant 1.142 places, dont 1.112 abritées… ils sont assez bien répartis… seule la zone ouest, du quartier Saint-Martin, n’est pas desservie… nous devons aller vite, pour le plus grand bien de la classe ouvrière… et des buandiers eux-mêmes qui verraient d’un très mauvais œil la Ville créer de nouveaux lavoirs, leur faisant concurrence, alors qu’il y en a suffisamment qui sont leur propriété et leur gagne-pain… comme il n’y en a pas dans le quartier Saint-Martin, on devrait en établir un à proximité de la Haute-Charme, à cause de le facilité d’évacuation, mais il faut faire appel à l’industrie privée, une entreprise de ce genre ne convient pas à une ville comme Troyes… "
Rapport du Bureau d’hygiène de 1908, au sujet des lavoirs publics : "… ces établissements sont soumis à une autorisation régulière. Or cette autorisation fait complètement défaut… Quant aux conditions hygiéniques dans lesquelles ces établissement sont été installés et sous lesquelles ils fonctionnent à l’heure actuelle, sont plutôt déplorables… parois imperméables, sol avec eau de stagnation, eau d’alimentation malpropre… l’eau qui sert au blanchissage est si sale… Deux lavoirs possèdent un bassin étanche alimenté par l’eau de la ville. Dans ce cas l’eau n’est pas à incriminer et cependant l’eau est sale… l’eau ne s’écoule pas d’une façon suffisante et le bassin n’est pas vidé assez souvent… Tous les autres lavoirs sont alimentés par de l’eau des différentes rivières qui arrosent la ville… il en est qui n’ont que de la boue plus ou moins étendue comme ceux qui sont situés en aval et qui reçoivent toutes les eaux ayant servi au balayage du marché… pendant l’été, il arrive parfois que l’eau étant tout à fait insuffisante, le blanchissage se fait dans de l’eau vaseuse… ce fait est encore plus palpable pour les lavoirs privés établis sur rus… susceptibles de porter atteinte à l’hygiène publique… De nombreux cabinets sont en effet installés sur ces rus, de sorte que l’eau qui les alimente n’est qu’une dilution plus ou moins étendue d’eaux vannes et de matières fécales… on y trouve déversés tous les détritus de la vie… En un mot, certains rus constituent à l’heure actuelle les véritables égouts de divers quartiers, et c’est là qu’il existe encore des lavoirs privés et même publics. Un tel état de chose répugne suffisamment à la raison et à l’hygiène pour qu’il soit permis de ne pas insister. Aussi, il y aurait lieu de supprimer les lavoirs particuliers établis sur rus et parmi ces derniers nous citerons plus particulièrement ceux de la rue Delarothière, de la rue de Preize, de la Rive droite du Canal… ".
En 1913 est construit un lavoir couvert de 8 places, à proximité du ruisseau La Fontaine de la Vacherie.
En 1914, est construit un lavoir en bordure du ruisseau de la Basse-Moline.
Le maire souhaite en 1923 s’occuper d’urgence de la construction de lavoirs publics, en raison la suppression prochaine des rus et traversins, qui entraînera la disparition de nombreux lavoirs privés, établis sur ces cours d’eau.
Dans le Règlement sanitaire municipal de 1929, il est écrit : " article 76 : Les lavoirs seront largement aérés. Les revêtements de leurs parois seront lisses et imperméables ; le sol aura des rigoles d’écoulement. Leurs bassins seront étanches, tenus avec la plus grande propreté, vidés, nettoyés et désinfectés au moins une fois par mois et alimentés par une eau propre et saine. "
Au conseil du 13 avril, la dernière avant les élections municipales, le maire présente un rapport qui est adopté : " Il était dans le programme du Conseil municipal actuel de doter la population de nombreux lavoirs avec eau de sources, pour remplacer les anciens lavoirs à eau sale établis sur les divers ruisseaux qui sillonnaient la Ville de Troyes, dont ils transportaient une partie des immondices des riverains. Le Conseil a réalisé une grande partie de ce programme et plusieurs lavoirs sont construits et sont tous mis en service : mais il en faudra d’autres pour que tous les quartiers en soient pourvus et cette œuvre devra être poursuivie… Je vous présente aujourd’hui un projet de bains-douches, qui se complètera par un nouveau lavoir… avec 49 places de laveuses. Il sera équipé mécaniquement et de façon à pouvoir traiter par journée de huit heures, 500 kilos de linge… ".
Le conseil municipal de novembre 1931 confie à la Société d’habitations à bon marché et de bains-douches, la construction d’un établissement de bains-douches-lavoir-piscine. Il est inauguré en 1935.
En mai 1932, le bateau-lavoir se met à prendre l’eau et bientôt il sombre, mettant au chômage les laveuses professionnelles. La municipalité décide alors de construire rapidement un nouveau lavoir en dur, sur les terrains voisins de la Cité des Amis, d’une capacité de 60 places, et en 1936, un dans le quartier des Tauxelles. Cette même année, l’éclairage est mis dans les lavoirs publics et est construit un lavoir boulevard Blanqui.
En 1951, est décidée la construction d’un lavoir, quartier des Trévois, et en 1955, quartier Saint-Martin, un en remplacement de celui démoli pour la construction d’H.L.M., avec 10 bacs individuels.
Le dernier lavoir public à être fermé a été celui de la piscine municipale du Vouldy, en 1990.
Aujourd’hui, la majorité des ménages possède une machine à laver le linge. Pour les autres, les étudiants, les célibataires, il existe heureusement de nombreuses laveries automatiques dans toute l’agglomération.
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