En 1783, un arrêt du conseil d’Etat autorise le rétablissement de la navigation depuis Polisy jusqu’à Nogent. La Révolution empêcha alors la réalisation de cette grande pensée.
Elle fut une des premières qui occupèrent l’empereur après son couronnement.
Se rendant en Italie début 1805, pour poser sur sa tête la couronne de fer, il arrive à Troyes le 2 avril, M. Bruslé étant alors préfet, et M. Descolins, ingénieur en chef du département.
Le 3 avril, l’empereur remonte la Seine jusqu’à Saint-Julien, et, le même jour, il fait, au conseil municipal qui lui fut présenté, cette réponse religieusement conservée dans nos annales :
« Le canal de navigation traversera votre ville et suivra le cours du canal qui passe près de l’hôtel de la préfecture et de l’hospice civil. Je veux que, pour l’utilité particulière de votre ville, il y ait un port qui soit établi sur la place du Préau, mais il importe que cette place soit embellie, et que les édifices qui l’environneront soient bâtis régulièrement. A cet effet, il faut que le conseil municipal me demande l’autorisation d’acheter les terrains qu’il convient d’y réunir, et de faire démolir les restes de l’ancien palais des comtes de Champagne, comme aussi d’aliéner, au profit de la ville, le pourtour de la place du Préau, à la charge d’y bâtir en pierres ou en briques. Je ferai jouir les acquéreurs d’une exemption de contribution pendant 15 ans. Il importe aussi qu’il y ait, près du port, une halle pour servir d’entrepôt aux marchandises et objets quelconques destinés pour votre ville, et amenés par le canal de navigation. Cette halle et les édifices à construire, tant au pourtour de la place du Préau que sur les 2 rives du canal dont il s’agit, seront exécutés d’après les plans que les ingénieurs ou les architectes en dresseront. Une fois que la navigation sera établie, vous pourrez alors vous procurer facilement les moyens de bâtir vos édifices en pierre ou en briques, et d’embellir votre ville. Je veux qu’avant 6 ans, les coches et bateaux puissent remonter et descendre la Seine depuis Paris jusqu’à Bar-sur-Seine et au-delà. Je vais prendre des mesures pour que cette entreprise soit commencée, dès la présente année, et continuée avec la plus grande activité. Enfin je désire que la ville de Troyes se souvienne de moi et du séjour que je fais dans vos murs ».
L’accomplissement des promesses de l’empereur ne se fit pas attendre. Un décret du 11 avril 1805, daté de Lyon, ordonne que la Seine sera rendue navigable jusqu’à Châtillon.
Voici quelques unes des dispositions de ce décret :
Art. 3 et 5 : Les écluses à construire jusqu’à Troyes seront en bois, celles à construire entre Troyes et Châtillon seront en pierre.
Art. 8 : La Seine traversera la ville de Troyes en passant par le moulin dit le Moulin-Bruslé, un port sera établi au milieu de la place dite du Préau.
Art. 9 : Toutes les façades de ladite place seront bâties en briques ou en pierre, sur un dessin uniforme qui sera arrêté par le conseil municipal.
Art. 10 : Les restes du palais des comtes de Champagne seront démolis, les matériaux en provenant seront employés à la construction des écluses.
Malgré la promesse formelle de l’empereur, et quelque puissante fût sa volonté, les travaux ordonnés ne purent être conduits qu’avec lenteur. Les ingénieurs avaient été pris au dépourvu. Aucun projet n’était préparé.
L’empereur avait dit « la Seine sera rendue navigable », et bien que la pensée d’un canal fût dans le décret, on s’obstina à suivre le système funeste qui avait déjà fait échouer les entreprises précédentes, et à créer non un canal continu, mais une rivière navigable. On établit 7 dérivations, de Troyes à Anglure. Le total des écluses devait être de 39 : 33 simples ou pertuis, 6 à sas.
Les travaux du canal, ralentis par les 2 invasions, ne furent complètement suspendus qu’en 1823. Ainsi que l’a voulu l’empereur, le canal traverse la ville de Troyes dans toute sa largeur. Il suit la rive gauche de la Seine jusqu’à Barberey. Là il traverse le bras principal de la rivière sur un pont-canal, et ne quitte plus la rive droite jusqu’à Marcilly.
Le nombre des écluses qui devait être de 39, est réduit à 15 : écluse de Troyes, écluse supérieure de Barberey, écluse inférieure de Barberey, écluses de Vannes, de Riancey, de Villacerf, du Melda, de Saint-Mesmin, de Vallans, de Méry, de Saint-Oulph, deux écluses accolées de Saint-Just, inférieure de Saint-Just, de Marcilly.
Les propriétaires des nombreuses usines de Troyes furent rassurés sur l’avenir de leurs établissements, et convaincus qu’ils n’achèteront pas les avantages qu’ils attendent de l’ouverture de la navigation par l’abandon d’une partie de leur force motrice.
Les ponts établis sur le canal pour desservir les communes riveraines étaient au nombre de 22, dont 3 ponts tournants dans la traversée de Troyes, qui furent réparés et remis en bon état d’entretien.
Ouvrages divers : les quais de Troyes, les égouts sous les quais, l’aqueduc destiné à fournir de l’eau à l’Hôtel-Dieu.
L’empereur avait dit, en 1805 : « La Seine sera rendue navigable jusqu’à Chatillon ». Les ingénieurs chargés de réaliser sa promesse s’étaient arrêtés à Courcelles-les-Rangs, à 6 kilomètres de Châtillon, effrayés des difficultés qu’ils rencontraient aux abords de cette ville.
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