On retrouve à Troyes des vestiges de conduits anciens romains, ancêtres de notre tout à l’égout.
Ce n’est pas le cas au Moyen-Âge, où les rues de Troyes font l’objet de descriptions épouvantables. Cela occasionne de graves épidémies. La peste est à Troyes dès 540 et, en 599-600, 15 % des habitants trouvent la mort.
Au XII° siècle, la Vienne est dérivée pour servir d’égout. Le canal des Trévois, grâce à la pente, entraîne les saletés. On le charge de tous les détritus : déchets de boucheries, de charcuteries, peaux vertes des tanneries, balayures et vaisselles cassées… Tous ces cours d’eau font ainsi la collecte des ordures. Le procédé est économique, puisqu’il ne coûte qu’un vague entretien.
De petites cabanes se succèdent sur les bords, servant de waters. De plus, le lavoir familial est installé tout à côté.
Vient alors " Le torpilleur ". C’est une citerne sur roues qui effectue sa tournée matinale et quotidienne, dans le but de collecter une matière qui, à défaut d’être précieuse, est bien encombrante ! Des femmes de tous les âges tendent un seau dégoulinant, abusivement qualifié d’hygiénique au préposé qui s’en saisit sans complexe et en verse stoïquement le contenu dans l’entonnoir placé à cet effet. Un cheval, triste et résigné, promène ces vieux tombereaux aux planches disjointes. A chaque secousse, une partie du chargement se répand sur la chaussée. Après le passage, on peut suivre le parcours, les yeux fermés en se laissant guider par l’odeur. Leur contenu étendu d’eau sert à arroser les carrés de légumes des maraîchers dans l’espoir que l’odeur se dissipera pendant la nuit et qu’une bonne pluie viendra nettoyer les salades ! De plus, les tinettes et les tonneaux ne sont jamais désinfectés.
Les vidanges de l’Hôtel-Dieu, provenant des services épidémiques, sont déversées nuitamment dans le canal qui en baigne les murs. L’autorité ferme les yeux.
Entre Pâques et Noël 1478, plus de 2.000 personnes périssent.
Les fosses d’aisances n’existent pas dans toutes les maisons, et ne sont que de simples trous creusés et recouverts de planches, amas d’immondices et foyers de pestilence. On attend pour les vider, qu’elles soit pleines.
Aux XIV° et XV° siècles, la peste noire frappe durement notre population.
A partir de 1493, il y a des latrines publiques dans différents quartiers, et il en existe encore en 1781. Malgré cette mesure de précaution, les règles d’hygiène sont loin d’être respectées.
En 1523, le maire ordonne de faire construire des retraits (lieux d’aisances) dans les maisons, où il n’en existe pas.
En 1537, le Conseil fait établir des retraits publics dans plusieurs endroits. En 1875, il en reste encore un.
En janvier et février 1709, il y a 400 décès à l’Hôtel-Dieu, et le lieu destiné aux inhumations n’est plus assez grand. Cette même année, 2.000 décès sont dus au scorbut.
Un arrêté de Police de 1773 dit " qu’il est défendu à toutes personnes, même les enfants, de faire leurs besoins, et de jeter des matières fécales dans les rues et places publiques, ni sur les remparts et promenades, ni près et dans les cours des bâtiments et édifices publics, à peine de 3 francs d’amende…".
Encore en 1778, le canal de la Paresse et celui des Trévois, en traversant les usines Poron et Thévenot, recueillent les déjections d’environ 1.200 ouvriers. L’on voit également flotter à leur surface des débris de légumes, des animaux morts, les résidus les plus divers…
Entre 1832-1849, plusieurs milliers de Troyens meurent du choléra, comme nous pouvons le lire dans l’article Bulletin Officiel du Choléra à Troyes, du Journal de l’Aube de cette époque.
Les propriétaires riverains ont installé au-dessus des cours d’eau des cabinets à chute directe. Deux poutres dans le mur supportent une petite guérite et c’est tout. C’est le tout-à-l’égout dans sa plus grande simplicité. Un arrêt de 1886 supprime ces édicules des cours d’eau, et la construction d’égouts devient un important projet.
Le docteur Calmette écrit : " Tous les êtres vivants depuis les microbes jusqu’à l’homme produisent des excrétions, résidus de leur nutrition et de leur activité vitale, dont l’accumulation ne tarde pas à devenir nuisible pour leur existence… Les animaux succomberaient s’ils étaient obligés de vivre au milieu de leurs déjections !!! ".
En février 1888, le docteur Toinot publie un rapport très complet, dans lequel il désigne la ville de Troyes comme un foyer de maladies endémiques et épidémiques, dues également à l’alimentation des eaux.
Ce n’est qu’à la fin du XIX°siècle, que l’extraction des matières est remplacée par un dispositif plus moderne : la pompe à vapeur, tractée par un cheval, remplit les citernes tractées aussi par des chevaux, qui vont déverser leur chargement dans une péniche " Le Réséda ", accostée au Port au Bois du canal, de 1909 à 1930. Le bateau avale le contenu des citernes par gravité.
Notre ville lance enfin le tout à l’égout, en 1909, grâce à un ingénieur des Ponts et Chaussées, Albert Caquot qui a su convaincre notre municipalité de l’époque.
En 1913, le Grand Emissaire est terminé.
En 1967, le SIVOMAT (précurseur du Grand Troyes), construit la nouvelle station d’épuration de Barberey. La Compagnie Générale des Eaux possède un contrat d’affermage. Il y a 400 km de canalisations. Récemment modernisée, elle est capable de satisfaire les besoins d’une population de 300.000 habitants, et est une station biologique, l’eau, dépolluée à 97%, est rejetée dans la Seine.
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