La première entrée de François 1er a lieu en 1521.
Elle a un caractère moins enthousiaste et moins cordial que celle de Louis XII. C’est à la veille de la lutte que son successeur doit soutenir contre Charles Quint. Les préoccupations belliqueuses dominent, et tout en disposant les préparatifs ordinaires, l’échevinage ordonne de visiter l’artillerie et les munitions de guerre, dont le roi peut s’enquérir.
Il doit venir à Troyes en décembre 1520, mais la peste s’étant déclarée dans la ville, ses projets sont ajournés. C’est le 4 avril que l’évêque Guillaume Parvi annonce la prochaine arrivée du roi, de la reine et de la mère du roi, Louise de Savoie.
Comme de coutume, l’assemblée des habitants vote un emprunt et nomme les commissaires chargés de désigner les citoyens les plus "suffisants ". Ce sont les membres les plus estimés de la bourgeoisie de Troyes qui apportent le plus fort contingent, soit 5.738 livres.
Ce n’est pas trop pour pouvoir recevoir convenablement le roi et la suite considérable qui l’accompagne : 500 seigneurs et dames forment son escorte lorsqu’il arrive le lundi 22 avril, monté sur un coursier " habillé de drap d’argent ".
80 jeunes gens vont à cheval à sa rencontre, avec les officiers, les échevins et les notables. Ils sont vêtus de velours et de soir, aux couleurs de sa livrée : le blanc, le noir et le tanné (saumon).
Près de la porte du Beffroi est disposé un jardin artificiel avec, dans des cages, une grand quantité d’oiseaux : serins, linottes, chardonnerets, alouettes, merles et étourneaux, que l’on a dressés à " chanter le mieux qu’il était possible ".
Des jeunes filles offrent aux seigneurs et aux dames des bouquets dont les tiges sont recouvertes de dorures. Tout à coup, sortie d’une tour, " une belle jeune fille , bien et richement accoutrée ", offre au roi une image de la Foi suspendue par une chaîne à un cœur d’or, et annonce au roi dans un quatrain, que la foi n’est autre que la clef de son cœur.
François 1er, sous un dais de velours violet parsemé de fleurs de lys d’or, porté par quatre notables vêtus de damas noir, avance jusqu’à l’hôtel de ville, où s’élèvent des échafauds couverts d’enfants chantant Vive le Roi et présentant des bouquets aux seigneurs et aux dames.
" Des gens honnestement accoutrés " offrent du pain, du vin et des pommes. Les rues sont garnies de tapisseries. Comme de coutume, le chapitre de la cathédrale reçoit le roi au seuil de l’église.
Il reste comme souvenir, sur la partie intérieure du pilier central, les salamandres du roi sculptées à côté des hermines de la reine Claude de France, duchesse de Bretagne, et du porc-épic qui était l’emblème de son père Louis XII.
La ville, dans son hospitalité, multiplie les cadeaux : elle donne de l’argent aux petits et du vin aux grands, qui les donnent en gratification à leurs serviteurs, qui les revendent souvent aux habitants pour ne pas les emporter, mais c’est toujours la ville qui paie. De même la ville offre de fins tabliers blancs à fleurs, de fines serviettes de lin, des serviettes achetées par douzaines aux officiers du roi, à la duchesse d’Alençon, à la régente, à la reine… Quant au roi, elle lui offre une statue en argent représentant Hector armé et à cheval. On presse les travaux, travaillant même la nuit, mais la statue ne peut être terminée avant le départ du roi. Les échevins s’en excusent, et promettent, lorsque l’ouvrage sera terminé, de le porter dans le lieu où sera le roi. François 1er, satisfait de la ville, y consent. Huit jours après son départ, le précieux objet d’art terminé est placé dans un coffret rempli de coton, mis sur une civière, et trois hommes le portent à Dijon en dix jours. Le roi reçoit " bénignement ce présent qu’il trouve fort gorgias et très beau ", et satisfait, accorde aux échevins de Troyes leurs demandes, octroyant une nouvelle foire de 15 jours en octobre, et un droit sur le sel des greniers des environs.
François 1er dit que la ville doit être " fortifiée le plus que l’on peut. " Pendant son séjour, rien n’est épargné pour bien traiter ses visiteurs : le chapitre de Saint-Pierre envoie à quelques personnages ses plus grosses carpes et ses plus grands brochets.
Le 27 avril, il se rend à l’abbaye de Montiéramey, avec la reine et les princesses, et y reste plusieurs jours. On leur offre à leur arrivée, du vin et 300 pommes qui sont mangées sur place.
François 1er revient plusieurs fois à Troyes, en septembre et lorsque sa seconde femme, la reine Eléonore d’Autriche entre pour la première fois dans la ville : pour cette dernière, aucune entrée ne fut célébrée d’une manière plus brillante.
Après l’incendie de 1524 qui a détruit le quart de Troyes, la prospérité et la richesse sont plus grande que jamais. La ville s’est reconstruite, offrant dans les quartiers récemment incendiés des rues plus larges et plus belles, que dominent plusieurs églises restaurées et agrandies.
L’échevinage rivalise de luxe et d’élégance, ainsi que tous les métiers, les boulangers et les tonneliers s’habillant même de taffetas. En effet, c’est l’époque du luxe excessif dans les habillements que mit à la mode François 1er.
Autre indice de la prospérité de la ville : la valeur des présents d’orfèvrerie qu’elle offre à la reine et aux fils du roi qui l’accompagnent, le dauphin, les ducs d’Orléans et d’Angoulême. Le présent offert à la reine en or, pèse plus de 5 marcs, ceux aux fils du roi sont en argent doré.
Les clefs de la ville sont remises à la reine. Une mascarade de Maures a un grand succès
François 1er revient le 3 janvier 1529 et janvier 1533.
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