En 1744, la France fut sur le point de perdre son souverain.
Le roi, arrivé à Metz au commencement du mois d’août, y tomba dangereusement malade.
La ville de Troyes partagea la douleur générale et implora le secours du ciel pour la guérison de sa Majesté. Il y eut des prières de 40 heures avec exposition du Saint-Sacrement en l’église cathédrale, et le lendemain dans les paroisses de la ville et des faubourgs pendant l’espace de 3 jours.
« Le ciel rendit enfin le monarque à ses peuples » et la joie éclata avec autant de vivacité que la douleur avait été profonde.
En reconnaissance de la convalescence de ce prince surnommé alors le « Bien-aimé », le Te Deum fut chanté le 20 septembre, et le soir il y eut un grand feu d’artifice devant l’hôtel de ville. Huit compagnies de milice bourgeoise furent commandées pour y assister.
Tous les corps et communautés signalèrent leur zèle dans cette circonstance, les particuliers même s’empressèrent de témoigner leur joie par des « illuminations considérables » et faites avec un goût qui « mérita les applaudissements des connaisseurs ».
Le roi se trouvant rétabli, il se disposa à revenir en France.
Sur la nouvelle que Sa Majesté passerait par Troyes, les maire et échevins employèrent tous leurs soins pour se disposer à le recevoir.
Il y arriva le 12 novembre à 2 heures de l’après-midi « au son de toutes les cloches, tambours battants et drapeaux déployés ».
A une lieue de la ville où était accourue une foule innombrable d’habitants, le roi trouva, sur son passage, une compagnie de cadets bien montés et superbement vêtus et une autre compagnie de chasseurs qui lancèrent un cerf dans la plaine pour le divertir.
Les uns et les autres escortèrent ensuite le carrosse du roi et l’accompagnèrent l’épée à la main.
Les chevaliers de l’arquebuse se trouvèrent sous les armes au-delà du grand pont de la porte Saint-Jacques, où ils avaient fait dresser des tentes.
A l’autre bout de ce pont était un arc de triomphe de 55 pieds (1 pied = 0,32483 mètre) de haut sur 45 de large, avec 2 portiques ornés de devises et d’emblèmes sur le rétablissement de la santé du monarque et sur ses conquêtes.
A la porte de la ville, le roi fut reçu et complimenté par M. Nicolas Rémond, écuyer, ancien conseiller aux bailliages et présidial de Troyes, alors maire (1743-1747), à la tête du corps des magistrats.
Là, il reçut dans un bassin d’argent, 2 clefs de la ville, chacune d’argent pendues à un gland d’or, il les accepta et les donna ensuite à M. de Villeroy.
Sa Majesté entra dans la ville « au bruit des tambours et de l’artillerie ».
Les compagnies bourgeoises sous les armes, bordaient les rues que l’on avait eu soin de sabler et tapisser.
Devant la cathédrale le carrosse du roi s’arrêta pour changer de chevaux.
Pendant ce temps, 9 pensionnaires du collège, en bergers, se présentèrent à la portière, lui déclamèrent une églogue (poème de style classique consacré à un sujet pastoral) sur son passage à Troyes, lui présentèrent une couronne de lauriers, et lui offrirent différentes corbeilles de fruits et de vin de Champagne qu’il accepta. Le compliment fut fait par le fils de M. de Puget, bailli de Troyes.
On s’attendait à ce que le monarque descende à l’évêché, tout y était préparé pour le recevoir. On avait même dressé, au milieu du jardin, une pyramide ornée des armes de France et surmontée d’un globe. Sur cet édifice était disposé un feu d’artifice avec beaucoup de pots à feux et d’illuminations.
Mais, comme l’intention du roi était d’arriver promptement à Versailles, il vit seulement, en traversant Troyes, les préparatifs avec lesquels les habitants se disposaient à faire éclater leur joie de voir ce monarque dans leur ville.
Il alla coucher à la Chapelle, château proche de Nogent, qui appartenait à M. Orry, contrôleur général des finances.
Malgré le prompt départ du roi, il y eut dans Troyes des illuminations dans toutes les rues et des feux de joie qui durèrent plusieurs nuits, et, au mois de décembre suivant, le professeur de rhétorique du collège prit ce passage du roi pour le sujet de sa harangue.
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