La métallurgie et la céramique sont 2 industries qui, autrefois, ne s’exerçaient que dans les lieux où se rencontraient les éléments indispensables à la fabrication de leurs produits : les argiles pour l’une, le minerai pour l’autre, et le bois pour toutes les 2. Ces 2 industries laissent, sur les lieux et après elles, des débris indestructibles, que le temps ni même les hommes ne peuvent faire disparaître. C’est par l’existence de ces débris qu’il est facile de suivre sur les lieux, dans le passé, l’importance de ces exploitations. Voyons les exploitations anciennes du minerai de fer dans le département de l’Aube.
Le nom d’Othe vient du celtique « odyn », « fourneau, fournaise, forge », d’où « pays des fourneaux, pays des forges ». Aucun pays, dans l’antiquité et même au moyen âge, ne mérita ce nom à plus juste titre. Dans les cantons d’Estissac et d’Aix-en-Othe, il n’y a pas de territoire de commune qui ne renferme un ou plusieurs dépôts de mâchefer ou scories, il n’y a pas de forêt où l’on ne trouve des traces d’exploitation. Les noms des localités ou des cantons ruraux prouvent la présence du minerai et la situation des anciennes et nombreuses forges qui, depuis les temps les plus reculés, animaient ces contrées : Rigny-le-Ferron (autrefois Villeferron), Ferreux, le Mineroy, les Minières, le Minerat, les Ferronnes, les Ferrières, le Ferrier, le Ferroy, les Forges, la rue des Forges, à Prugny et à Dierrey, la Foge à l’eay à Esissac, la Forge de Bolcon, le Forge de Cosdon, la Fondoire ou Fondoirie à Saint-Mards. Dans les temps anciens, ces exploitations étaient faites partout où se trouvait le minerai de fer, en raison de la facilité de son extraction, car il se trouvait (et se trouve encore) à la surface du sol. Des documents de 1328 nous donnent de précieux renseignements sur l’exploitation du minerai.
De 1380 à 1400, 2 maîtres de forges exploitent le minerai sur une grande échelle, tandis que de 1401 à 1440, ce travail est abandonné à des ouvriers qui travaillent isolément et pour leur compte personnel. Le minerai est traité par la méthode dite « catalane », qui remonte aux Gaulois, car c’est la méthode la plus simple, la plus primitive. L’emploi de ce procédé explique ces innombrables dépôts de scories, dont le plus grand nombre gît sur le minerai lui-même, c’est-à-dire sur les plateaux argilo-ferrugineux de la contrée. Leur situation démontre que l’exploitation de la matière minérale était traitée au lieu même de l’extraction. On a trouvé, dans les cantons d’Aix et d’Estissac, 4 forges à eau : - Cosdon, commune de Paisy, sur la Vanne (en activité en 1480), avec de nombreuses scories laissées sur place, en face la ferme de Cosdon. - Au moulin de Chéseau, commune de Saint-Mards, mentionnée en 1520, sous le nom de « fondoire » ou « fondoirie », sur le ruisseau de la Nosle. – Dans le canton d’Estissac, celle de Volcon, aujourd’hui ferme de Volcon, située sur le ruisseau de l’Ancre, entre Chennegy et Thuisy. – La seconde était au-dessous de l’église de Saint-Liébault (aujourd’hui Estissac). Cette contrée est encore nommée « la Forge à l’eau ». Ces 4 forges semblent avoir cessé d’exister dans le premier quart du XVI° siècle. Leur abandon est dû non à l’épuisement de la matière ferrugineuse et du combustible, mais à la pauvreté du minerai. Ces fonderies ou forges ne purent soutenir la concurrence contre les produits de centres plus favorisés, fournissant un minerai « riche au bocard, riche au creuset ». Les relations et la concurrence commerciales, se développant à la fin du XV° siècle et au commencement du XVI°, ruinèrent ces établissements situés dans les milieux moins favorisés. D’anciens dépôts de scories existent sur les territoires d’Aix-en-Othe, de Saint-Mards, de Villemoiron, de Paizy-Cosdon, de Nogent-en-Othe, de Maraye, d’Estissac, de Chennegy, de Bercenay, de Vauchassis, de Vosnon, de Chamoy, de Saint-Phal, de Montgueux, de Prugny, des Dierrey, de Pouy, de Marcilly-le-Hayer et des nombreux hameaux de ces communes. Ces dépôts remontent aux temps les plus reculés, et sont antérieurs à la construction des premières voies romaines de la contrée, puisque ces scories ont été employées à la construction de la voie romaine la plus ancienne qui ait sillonné la Gaule, celle de Lyon à Boulogne-sur-Mer, comme d’ailleurs on a continué de les employer encore au siècle dernier pour la construction des chemins vicinaux de la contrée.
Cette contrée doit son nom à d’antiques forêts de chênes, dont la majeure partie disparut sous la hache des religieux de Montiéramey, de Larrivour, de Beaulieu et de Basse-Fontaine (Brienne-la-Vieille), qui fondèrent leurs
établissements sur les confins de cette partie de la forêt, comprise entre la Seine et l’Aube, et sous celle des Templiers, qui, établis au centre même de cette forêt, en
défrichèrent à eux seuls, plusieurs milliers d’arpents. Dans les anciens domaines des Templiers situés sur les
territoires contigus d’Amance et de Vendeuvre, se trouve un dépôt de scories, souvenir des exploitations
métallurgiques de ces religieux au milieu des vastes domaines qu’ils avaient créés au XII° et au XIII° siècle, et qui se composaient de forêts, d’étangs, de fermes, de tuileries et de
fonderies. La méthode primitive ou catalane est la seule qui fut pratiquée dans les anciennes forêts du temple, nuls
restes de constructions qui fassent croire à une exploitation véritablement moderne, aucun cours d’eau propre à servir de force motrice, n’existaient dans le voisinage de cet amas de débris de
l’industrie métallurgique. Il n’en est pas ainsi sur les bords de la Barse, où étaient assis, dès 1461, des
établissements destinés à la réduction « en fonte » du minerai de fer. Ces établissements étaient des « forges à l’eau ». On en compta 3 : les « Grandes Forges », les
« Petites Forges » et la « Marque ». Dans les 2 premiers, on fondait le minerai et l’on y convertissait la fonte en fer. Dans le troisième, on a « marqué » les produits des 2 autres.
Ces 3 établissements s’échelonnaient sur la rivière de Barse, depuis Vendeuvre jusqu’au territoire de
Champ-sur-Barse, et se trouvaient au milieu de vastes forêts. Il sortait des usines de Vendeuvre des canons et des boulets,
des voguelaires et des bombardes, de la fonte, du fer et de l’acier. Ce n’est pas l’épuisement du minerai, le marasme, ou le défaut d’industrie, l’absence de besoins, qui firent cesser
l’exploitation des forges de Vendeuvre et éteindre leurs feux, mais bien l’épuisement et le défrichement des forêts, amenés, d’une part , par les abus des usagers, d’autre part, par la ruine de Louis de Luxembourg et d’Antoinette d’Amboise, alors seigneur et dame de Vendeuvre. Après des dépenses excessives,
ils aliénèrent une grande partie de leur seigneurie, notamment les forêts qui entouraient les forges de toutes parts, et ces forges s’éteignirent lorsqu’elles furent placées au milieu de la
plaine, par suite des défrichements qui s’opérèrent alors. L’aliénation des forêts ou de leur emplacement, eut lieu surtout au profit des habitants de Troyes, enrichis dans le commerce et qui se
créèrent, par ces acquisitions et les concessions dont elles étaient accompagnées, de nombreux fiefs, lesquels subsistèrent jusqu’à la fin du XVIII° siècle. En 1838, Vendeuvre a vu renaître son ancienne industrie, et avec La Villeneuve-au-Chêne, il y eut 3 hauts fourneaux, dont les produits, à l’état de fonte ou de
fer, furent très recherchés.
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