Avant l’actuel château existait un château féodal composé d’une enceinte et d’un donjon. Il avait été construit par les seigneurs de la première race qui, tous se prénommaient Gautier, Hugues ou Erard.
Ils vécurent du XI° au XIV° siècle, s’illustrant autant aux croisades que sur la terre de France.
Leur race s’éteignit par la mort de Gautier VI à la bataille de Poitiers où périt la fleur de la chevalerie française.
Leur succédèrent les Luxembourg, puis les d’Amboise et à partir de 1640 les Loménie, qui dès lors prirent le nom de cette terre et s’appelèrent Loménie de Brienne.
Lorsqu’un peu plus de 100 ans plus tard, en 1757, Louis Marie Athanase de Loménie, lieutenant général au Gouvernement de Guyenne hérite du château, celui-ci est dans un piètre état : la première nuit qu’il y coucha, les rats lui mangèrent un soulier !
Les Loménie étaient pauvres et réparer le château coûtait cher, aussi l’archevêque de Toulouse, puis cardinal, Etienne Charles de Loménie de Brienne, le frère aîné de Louis Marie Athanase, conseilla-t-il à son frère d’épouser une riche héritière. Celui-ci épousa donc Marie-Anne Etiennette Fizeaux de Clémon, protestante qu’il convertit pour la circonstance.
Les 500.000 livres de dot passèrent en majeure partie à démolir l’ancien château et à construire le nouveau.
Celui-ci fut commencé sur les plans de l’architecte Jean-Louis Fontaine en 1770. On l’inaugurait le 25 août 1778, le jour de la Saint-Louis pour faire coïncider avec cette fête celle du constructeur.
En fait, on travaillait encore à Brienne en 1789. La construction du château a donc duré 19 ans et n’a été achevée qu’à la veille de la Révolution française.
On sait qu’il fallut faire de très gros travaux de terrassement. On sait aussi que le nouveau château ne fut pas tout à fait construit sur les plans de l’ancien, car les Loménie continuèrent à vivre dans l’ancien tant que le nouveau ne fut pas achevé.
La vie dans le nouveau château était joyeuse et l’on ne s’ennuyait pas.
L’abbé Morellet, un mémorialiste de l’époque, qui fit plusieurs séjours à Brienne rapporte : « La magnificence se déployait surtout aux fêtes du comte et de la comtesse. Des concerts, des musiciens venus de Paris, des danses, des tables dressées dans les jardins, des vers et des chansons par l’abbé Vanmal ou par moi, la comédie accompagnée de petits ballets, où dansaient la jeune et jolie Madame d’Heudetot et Madame de Damas, et d’autres jeunes personnes, donnaient à Brienne l’éclat et la magnificence de la maison d’un prince ».
Il y avait un cabinet d’histoire naturelle, un cabinet de physique et un physicien démonstrateur « de quelque mérite » du nom de Deparcieux qui venait de Paris et passait 6 semaines ou 2 mois pour faire des cours aux dames.
Un autre mémorialiste, le comte Beugnot, nous dit que sur le théâtre de Brienne, situé sous le pavillon de gauche et auquel on accède par un souterrain qui débouche directement sur le flanc de la colline, Madame de Brienne, elle-même avait la hardiesse de jouer des rôles de soubrette « qu’avec son âge et sa figure elle eut été plus prudente de ne pas aborder ».
Survint la Révolution, survint la Terreur. Louis Marie Athanase périt sur l’échafaud.
On vendit son mobilier. Sa veuve fut autorisée à demeurer dans le château. A la chute de Robespierre on lui rendit ceux des meubles qui n’avaient pas encore été vendus et elle, qui par sa dot avait permis la construction du nouveau château, mourut à Brienne en 1812.
Par alliance, le château passa alors à la famille de Bauffremont qui le conserva jusqu’en 1933, date à laquelle elle le vendit à un marchand de biens, et c’est à ce marchand de biens que Monsieur le Préfet de l’Aube a décidé le Conseil Général à acheter le château pour y établir un hôpital psychiatrique et également pour sauver un monument historique.
En janvier 1814, au cours de la bataille, Blücher avait mis le feu à Brienne pour retarder l’attaque française. Emu, Napoléon avait promis de rebâtir la ville, d’acheter le château et d’y fonder une résidence impériale et une école militaire. A Sainte-Hélène, il disposa par testament qu’« un million serait prélevé sur son domaine privé pour la ville de Brienne, et que 200.000 francs seraient distribués aux habitants de Brienne-le-Château qui avaient le plus souffert ».
A la mort de Napoléon il fut impossible d’exécuter cette clause du testament, et c’est Napoléon III qui la fera exécuter, en partie en construisant l’hôtel-de-ville actuel.
On ne peut que savoir gré au Préfet de l’Aube et au Conseil Général d’avoir pris en main la sauvegarde de ce château qui fait partie de la grande histoire et était appelé à tomber en ruine.
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