Robert Poisson, est toujours intarissable sur Bucey-en-Othe, c’est pourquoi, il s’est étonné que mon site n’ait pas encore parlé du château de son cher pays. Maintenant, c’est chose faite !
Suite à sa visite au château de Bucey en 1942, notre talentueux graveur troyen Charles Favet en a tiré un plan, qui montre un vaste quadrilatère entouré d’un large fossé. Les traces de rainures du pont-levis, les meurtrières, dont les plus grandes pouvaient être destinées à recevoir des couleuvrines, témoignent d’une vocation défensive. Cependant, l’allure générale de la construction évoque le XVI° siècle.
Dans son carnet, Pierre-Louis-Célestin Douge, curé de Fontvannes, écrit vers 1865 :
« Le château présente une espèce de carré parfait, entouré de murs, flanqué d’une tour à chaque angle, dont deux sont rondes et deux sont carrées, avec des fossés creusés au pied extérieur des murs et remplis d’eaux vives. Une des portes principales d’entrée est voûtée en plein cintre, à plusieurs compartiments séparés de distance à distance par des arceaux non parallèles, de manière que l’un rentre d’un côté, tandis que l’autre est en saillie, le tout fait dans le goût de l’architecture du Moyen Âge. On voit la place où la herse descendait, et, en dehors, les deux tourillons en fer, où tournait le pont-levis jeté sur le fossé et que l’on relevait à l’aide de grosses chaînes. Des fenêtres faites « à la moderne », ont été pour donner du jour, ouvertes dans l’épaisseur des murs de défense et dans les tours, mais cela n’empêche pas de reconnaître la destination primitive de ces vieilles constructions féodales, aux meurtrières encore béantes, que l’on voit apparaître de place en place, surtout dans les murs des tours.
S’agissait-il d’un château, d’un manoir, d’une maison forte ?
Il avait sans doute une double destination : habitation seigneuriale et bâtiment à vocation agricole.
Les seigneurs de Bucey furent : Garnier, Manassès de Bucey en 1173, Lige de Villemaur en 1180, Milet en 1217, en 1230 Gui de Bucey, Lige du comte de Champagne, Ithier de Bucey, Isabelle de Mailly, Henri du Plessy, Jacquette de Bucey, Alise ou Adélaïde de Villemaur en 1242, Jean de Bucey en 1243, Jean-Abraham et Pierre-Abraham en 1378 et 1382, Marguerite d’Anglure, Dale de Chennegy en 1396. La famille des Fontenays, seigneurs de Saint-Liébaut au XV° siècle : Jean de Die, Louise de Madeil, mariée à Odard de Rossey puis à Adérale de la Rouere, dont on voit l’épitaphe avec celle de son épouse dans l’église de Bucey. Cette terre a passé ensuite dans la famille de le Courtois anoblie par Charles VI. En 1396, cette famille, originaire de Bourgogne, s’établit à Troyes, où elle a occupé les premières charges. Mademoiselle Le Courtois, fille de Pierre, conseiller au parlement, a porté la terre de Bucey dans la maison de Mesgrigny, par son mariage avec M. le comte de Villebertain, qui l’a remise à son gendre, M. le Marquis des Réault. Dernier seigneur de Bucey, il la céda en 1829, à M. Fleurigny du Yheil qui la revend à M. Costel, notaire à Estissac. Son fils, Président du Tribunal Civil de Troyes, la transmet à son cousin Charles Douyne, de Bucey qui en hérita et exploita le domaine. Aujourd’hui, il est la propriété de M. et Mme Vicquerie.
Le chapitre de Saint-Etienne peut être compté parmi les seigneurs de Bucey, car il y possédait des biens, et l’église paroissiale est sur un fonds qui lui appartenait.
Dans les années 1920, c’était une exploitation modèle que visitaient les élèves de l’école d’Agriculture d’Hiver
Deux anecdotes : au XIII° siècle, les hommes et les femmes étaient souvent vendus, échangés et donnés, à titre gratuit ou onéreux, par leurs seigneurs laïcs ou ecclésiastiques. Ainsi, en 1230, Gauthier de Bucey, écuyer, vend à Thibaud IV le chansonnier, une femme de Mérey, le fils et la fille de cette femme, leurs enfants et leurs biens, moyennant seize livres !
En 1616, un seigneur de Bucey et celui des Chaast, en contestation pour des droits honorifiques, se donnèrent un cartel au sortir de la messe. Il se présenta un ruisseau à passer sur une planche. Dispute de politesse. Celui qui passa le premier se sentit tout-à-coup blessé dans le dos, mais se retournant, il eut encore assez de force pour « enfiler son agresseur, et ils se tuèrent ainsi l’un l’autre ».
Le château figure sur le blason de la commune.
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