Le 11 avril 1657, mourait à Troyes François, comte d’Estaing, chef de la branche aînée de l’une de plus anciennes familles de France.
La généalogie de cette famille remontait au X° siècle. L’un de ses membres s’était distingué à Bouvines, de telle sorte que Philippe Auguste lui avait accordé le droit de porter les mêmes armes que lui : d’azur à 3 fleurs de lys d’or.
François, capitaine de 200 hommes d’armes, avait été fait chevalier des ordres du roi, pour avoir empêché la prise de 2 places d’armes.
Son mariage en 1626, avec Marie de Bussy l’avait attiré en Champagne. Marie de Bussy était petite nièce de Joachim de Dinteville, lieutenant-général au gouvernement de Champagne de 1580 à 1607, qui joua un rôle important à Troyes pendant les guerres de religion. Elle avait apporté en dot à son mari le château de Spoy, et c’est dans ce château, ainsi qu’à Troyes, que François d’Estaing a le plus souvent résidé.
Le château de Spoy était situé dans une vallée arrosée par le Landion (affluent de l’Aube), siège de l’une des 29 châtellenies du baillage de Troyes. Il avait été pris et repris par les partisans des Guise. La plupart des maisons des paysans qui l’entouraient avaient été détruites et brûlées.
Le château présentait à l’époque de la mort de François d’Estaing, un aspect d’aisance et même de luxe dans son mobilier qui montrait que s’il avait subi des ravages pendant les assauts des guerres de religion, ces ravages avaient été depuis longtemps réparés.
Au rez-de-chaussée se trouvait une salle basse, garnie de 8 pièces de tapisserie, et au milieu de laquelle était placé un billard. C’est là que l’on recevait ses hôtes. La chambre voisine, dite « salle Isabelle », était destinée aux plus distingués d’entre eux. Elle renfermait 2 lits, dont le premier était réservé pour un des seigneurs qui viennent visiter le comte d’Estaing, et le second pour l’écuyer qui l’accompagnait.
On pouvait recevoir de nombreux hôtes de qualité au château de Spoy : il y avait la chambre violette, tendue de 9 pièces de tapisserie d’Auvergne, avec 6 fauteuils et 6 pliants, la chambre verte, la chambre dite de Madame de Brion avec à coté du grand lit, un petit lit, la chambre rouge est celle du comte d’Estaing, à côté, celle de feue la comtesse d’Estaing. A côté se trouvait « la chambre des filles », sans doute des filles de chambre, et non loin, la chambre des « petits Messieurs », avec 2 fauteuils de cuir sur lesquels les « petits Messieurs » s’asseyaient pour recevoir les leçons de leur précepteur…
Ces petits Messieurs étaient les fils de Joachim d’Estaing, fils unique de François et de Marie Dinteville, qui habitait le château de Spoy en même temps que son père. Il s’était marié en premières noces avec Claude-Catherine Legoux de la Berchère, fille d’un président au Parlement de Bourgogne. L’aîné de ses enfants, François, se destinait à la carrière des armes, le second à l’Eglise, et fut connu plus tard sous le nom de prieur d’Estaing.
Une galerie, tendue de 12 pièces de tapisserie de Bergame, donnait accès aux chambres. La galerie conduisait à la chapelle, dont les murs étaient recouverts de cuir doré. « Huit carreaux à se mettre à genoux », avec 3 petits tapis pour servir d’appui, servaient à l’usage de la famille.
Les dépendances étaient considérables. Près de la cuisine se trouvait la boulangerie. Les caves renfermaient 30 muids (fût de grande capacité, de l’ordre de 600 litres) de vin de Spoy, tant blanc que clairet.
Lorsque le comte d’Estaing voyageait ou faisait des visites dans le voisinage, il montait dans un carrosse garni de velours rouge, avec des rideaux de taffetas de même couleur. Ce carrosse était traîné par 6 chevaux noirs. Les écuries abritaient en outre, 6 chevaux de selle et 4 chevaux de harnois.
François d’Estaing avait plusieurs châteaux, des terres, des vignes…
Il avait loué une maison à Troyes à un chanoine de la cathédrale, où il passa les derniers temps de sa vie, pour s’y faire mieux soigner. Il avait de nombreux domestiques : 1 secrétaire, 1 chirurgien, 1 valet de chambre, 1 sommelier, des laquais, 1 cocher, 1 femme de charge.
Ses obsèques furent célébrées avec pompe. Des services funèbres furent célébrés à Troyes, à Bar-sur-Aube et à Spoy. Les Pères Jacobins de Troyes dirent des messes à son intention, tandis que son corps, après avoir été embaumé, fut transporté, pour y être inhumé, en la ville d’Estaing en Rouergue.
Si la famille d’Estaing était illustre par son passé, elle devait l’être encore plus dans l’avenir. 100 ans plus tard, l’amiral d’Estaing devait répandre sur elle une gloire incontestable par les services qu’il rendit à la France aux Indes et dans la guerre d’Amérique.
Ce nom de d'Estaing qui a été choisi par la famille de VGE, est donc d'origine auboise. En dernier lieu, Valéry Giscard d’Estaing devient Président de la République, de 1974 à 1981.
Quelle prémonition, quelle coïncidence, ce chapitre préparé depuis un certain temps, paraît le 3 décembre 2020, lendemain du décès de Valéry Giscard d'Estaing ! ! !
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